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Critiques de Raymond Bozier (9)
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Fenêtres sur le monde

Voici une série de courtes nouvelles trempées dans une prose poétique soignée. Le talent d'observation de l'auteur est indéniable. En gros cela alterne entre textes plutôt auto fictionnels (les chambres d'hôtels d'un auteur en tournée) et des fictions. La deuxième me parle davantage. Le premier texte parle de la télévision (c'est une fenêtre sur le monde) avec un délire du type Black miror avant l'heure. C'est horrible mais tout le monde regarde quand même. Le texte sur le 11 septembre est très juste. La télé surveillance surprend, ce n'est pas celle qu'on croit. Ce recueil a été écrit entre 1998 et 2003, le champs d'ouverture est donc précis et pourtant l'artiste parvient à faire transparaître de l'universalité dans son ouvrage. Belle découverte.
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L'homme-ravin (Divagation 1) suivi de Lieu-..

Ce livre contient deux récits denses, forts, dérangeants. La violence réunit ces deux textes. Elle est fondamentale, sourde, sournoise, encrée dans une réalité qui semble inaltérable, indéboulonnable. Ce n'est pas désespérant. L'espoir ne fait juste pas partie du propos de ces deux récits. Ces gens vivent ainsi, c'est comme ça. Dans l'homme-ravin, un homme vit de manière sauvage et anarchique suite à un accident de la route et ne trouve de repos que dans la nature. Dans lieu-dit, un paysan élevant des cochons survit dans ce cloaque avec des voisins (qu'il a accepté de faire venir...) grâce à ses escapades en nature, son isolement, son refus de l'autre. On ressort tourneboulé, on a envie de croire en l'humain et à la fois on sait que cela fait partie de l'humanité. Je lirais pas ce genre de livre tous les jours... Mais ça fait du bien de le faire de temps en temps.
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Murs

Livre né d'une d'une circonstance, la période de la campagne (et pré-campagne) présidentielle, d'une commande, celle d'un site créé pour l'occasion mais qui, grâce à la contrainte que s'est imposée Raymond Bozier («utiliser à des fins de création littéraire (à raison d’une production par semaine le mercredi et sans véritablement me soucier de la période électorale), les déclinaisons et usages du mot MUR publiés dans le volume IV du Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, les mots et les associations d’idées, éditions Le Robert, 1978. Les définitions ont été la plupart du temps écourtées et privées des citations littéraires, la typographie par contre a été respectée. Des textes et des illustrations de diverses natures ont agrémenté la construction.»), se présente comme un tout, une mosaïque sous-tendue par cette ligne qui court à travers tous les sens du mot, toutes les applications politiques, souvent polémiques, qui en sont faites.

Apparition aussi, au bout d'un certain nombre des textes illustratifs, d'un personnage, le voyageur, confronté aux différents murs, parfois de façon allusives.

Et au total un régal.
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L'homme-ravin (Divagation 1) suivi de Lieu-..

Les romans de Raymond Bozier mettent en scène des marginaux : un paysan muet, mais lettré, dans Lieu-dit, de jeunes SDF dans Rocade, des « soldats somnambules »…



Publié en même temps que "La maison des courants d’air, construction imaginaire », "L’homme-ravin"nous plonge cette fois dans l’autisme, la rupture, à travers le monologue d’un homme qui se croit né d’une automobile, et se confond plus ou moins avec le ravin dans lequel il a chuté. Interné suite à un mystérieux incident, totalement hors du monde, Rahling, tel le Poprichtchine de Gogol, tient le journal de sa psychose, évoque son insensibilité aux êtres et aux choses, au passé, obsédé par le besoin de fuir, retourner à la Nature auprès de « Mère-Voiture » :



"Ils font comme si j’avais jamais vécu dans un ravin, sous des arbres, au côté d’une mère ravagée (…) Ils ne veulent pas voir que je suis passé de l’autre côté du miroir dans lequel ils ont l’habitude de se reconnaître."



L’homme-ravin parviendra-t-il à quitter ce monde qui l’indiffère ? Rejoindra-t-il ce gouffre originel ? La trajectoire individuelle de Rahling, personnage allégorique, semble incarner le destin de la population entière, coupée d’elle-même, suite à une catastrophe. L’auteur évoque ainsi la manière, sans doute, dont l’Humanité finirait un jour par disparaître, soit cet accident provoqué ou involontaire, aux proportions aussi phénoménales qu’ingérables. Tragique, irréversible, cet « éloignement de la nature » dont parle R. Bozier dans les poèmes de "Bords de mer", et dont souffre notre héros, prend donc valeur de prophétie.



Superbe, la chute de "L’homme-ravin" nous rappelle que l’auteur est d’abord poète, comme l’indique la quatrième de couverture. Loin de la simple description clinique, l’écriture de R. Bozier renoue effectivement avec le style sobre et imagé de son premier recueil, récemment réédité en ligne par François Bon, sur le site Tiers-Livre.



"L’homme ravin" : un roman qui interroge…



(Un article d'Etienne Ruhaud)
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Murs

Écrivain reconnu, récompensé par le prix Poitou-Charentes et le Prix du Premier roman en 1997 pour "Lieu-dit" (éditions Calman-Lévy), Raymond Bozier s’est d’abord consacré à la poésie, développant une esthétique rare et exigeante à travers trois recueils : "Roseaux" (CCL éditions, 1986, réed. publie.net 2008), "Bords de mer" (Flammarion, 1998) et "Abattoirs 26" (Pauvert, 1999, rééd. publie.net 2010). Acceptant volontiers l’expression de « poésie matérialiste » dans un entretien accordé à "Diérèse" n°35 (automne 2006), R. Bozier déclare également ne pas en avoir fini de penser la question de l’urbain, de l’urbanité, de l’abord des villes. C’est dire si les textes de ce nouveau livre restent résolument orientés sur le présent, vers les espaces contemporains, évoquant cet éloignement de la Nature dont parlait l’auteur dans "Bords de mer" : "des mots entortillés/entre les façades/de l’espace urbain/hors les fenêtres/les planchers et les plafonds/agrippés à leur coin de bitume" (« fouille 3 – variation 1 »). Édité par les soins de François Bon sur le site publie.net, "L’être urbain" se différencie ainsi résolument du lyrisme traditionnel, et procède d’une démarche profondément novatrice, originale, proche de l’esthétique objectiviste et loin de tout conformisme. « Fragments de l’ère industrielle » pour reprendre ses propres termes, les poèmes de Raymond Bozier s’écartent effectivement de l’intériorité quelque peu narcissique d’une certaine production actuelle, ou de l’abstraction, pour se tourner vers l’extériorité. Loin de toute boursouflure, la plume acérée du poète saisit le réel avec une saisissante netteté, fixe des instantanés en termes brefs et concis, ce qu’Yves di Manno appelle une "objectivité sans froideur" : "les parterres de fleurs/la sonnerie d’un téléphone/le repos des choses". Il ne s’agit pas pour autant d’un simple relevé, d’une pure succession d’objets. Mue par un rythme puissant, la parole se déploie par blocs typographiques séparés, ce qui ouvre la voie à plusieurs lectures, à une lecture à plusieurs voix, comme on peut le voir dans le documentaire réalisé par le Conseil Régional : "appuie pose ils diront appuie ils diront pose j’appuierai je poserai une nouvelle fois mon front mes mains". Recevant des ordres, des injonctions émanant d’une mystérieuse autorité, une sorte de Big Brother immanent, le narrateur non identifié obéit docilement, travaille, produit, mange, dort, tremble. La société de consommation se cache ainsi derrière des slogans, les marques de cosmétiques énumérées dans « fouille 23-Galerie marchande » : "Rouge à lèvres fard mascara cils fonds de teint". N’éprouvant aucune fascination pour le décor, la réalité qu’il décrit, Raymond Bozier condamne avec subtilité un système froid, dépersonnalisé et dépersonnalisant, incarné par des logos, un espace mental et géographique appauvri, générant injustices, frustrations et violence : "je dégagerai les mots/je frapperai/à grands coups de hache/contre le mur de la réalité/ils diront hurle/ils diront meurs/je hurlerai/je mourrai/sans que nul ne s’en inquiète" (« fouille 18 – lit »). Raymond Bozier souhaite dire quelque chose du Monde sans qu’on puisse pour autant parler d’écriture engagée au sens sartrien.



Dénonçant la solitude, l’exclusion ("L’être urbain" est dédié « aux dormeurs de plein ciel de l’avenue Suffren »), le poète n’apporte pas de solutions toutes faites, de programme idéologique, mais se contente en quelque sorte de dépeindre, de constater, comme si la poésie sauvait, quelque peu, du désespoir : "Ce qui rend serein, c’est la certitude que son poème ne peut plus être touché, qu’il est tel qu’on l’attendait, posé là, comme un roc, et prêt à affronter son lecteur."



(Un article d'Etienne Ruhaud)
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Murs

« Aux cris, aux sifflets, il préférait le chant lointain et fortuit de la poésie. »



Si les murs avaient, non pas des oreilles, mais une langue, ce que nous entendrions en les longeant ressemblerait peut-être à ce que Raymond Bozier nous donne à lire dans ces pages où il explore leurs architectures réelles et imaginaires, à partir de définitions du dictionnaire. Dans les murs, il y a tout l’homme ; l’auteur feint de se contenter de leur donner la parole, seul attribut qui leur aurait manqué.



[...]
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Fenêtres sur le monde

Une série de textes, à partir de fenêtres, qui sont des histoires, des portions du monde, comme celui évoqué dans l'une des plus longues (certaines sont très brèves) : « jeune fille à la fenêtre », elle regardant interminablement - et il y a tout un monde à l'extérieur, et à l'intérieur la mère, sa télévision, et son désarroi, la fille qui aimerait être une mouette ou même un goéland, qui marche sans trêve et sa musique dans la nuit, qui ne supporte plus, qui va s'évader, et le père, son abandonnement, le regret de son travail aux chantiers navals maintenant fermés, et il y a les chantiers, et la détresse, et son corps défait.

Il y a des récits, des fenêtres de rencontre comme celles des hôtels (et l'espoir d'être dépaysé, étonné, d'une campagne, d'autre chose), des fables comme celle des images mortes à la télévision qui contaminent les spectateurs, des morceaux de notre histoire contemporaine telle que la montre encore la télévision, devenue spectacle, avec toujours un petit regard de côté, une distorsion pour faire sens.

Il y a des éclairs, des visions fugitives sur la vie des autres, visions limitées à cette portion de monde, de rue, d'immeubles que la fenêtre permet de voir. Et certaine sont des notations vécues, des lettres envoyées pour décrire (et elles sont datées et localisées). Des fenêtres de toutes sortes, et les rangées de fenêtres en face quand, comme souvent, c'est dans une ville, grande ou non, ou des usines, des parkings, des fonds de ville ou de port, la vie des gens dehors, les rêves que l'on fait.

Il y a les mots qui montrent, qui nous font être là, sentir les odeurs, ou le croire, brièvement, et puis on passe, en suivant la diversité du monde. (diversité grande aussi des textes réunis)

Il y a les fenêtres en mouvement des autos, des trains, fenêtres aussi des aéroports « Des employés en gilets jaune fluo s’affairent. Un Airbus roule vers son aire d’envol. Au loin, les collines bordent la plaine. Sept grues peintes en rouge et blanc manœuvrent. Qui sommes-nous dans cet étrange anonymat des lieux et des vies prêtes à l’envol. »

Il y a les fenêtres de la vie quotidienne, avec de belles pages sur la ville, sur ces espaces où elle se défait, sur les centres commerciaux, les rues mornes

- et le texte s'en éloigne, raconte la ville, le port, les gens.

Il y a les fenêtres en voyage, et les et fenêtres étrangères vues à travers l »étrange lucarne », celles par lesquels les corps se jettent, « par-delà l’océan, d’orgueilleuses citadelles dressées dans le ciel bleu. » jusqu'à ce que « 43 600 fenêtres disparaissent en quelques secondes sous nos yeux. »

Il y a la télévision - il y a les fenêtres sur la pensée, fenêtres et murs sur lesquels s'appuient une recherche, - les fenêtres et murs qui envahissent le monde, remplacent la nature, et les fenêtres représentées, comme celles de Hooper et les femmes qu'elles éclairent.. - il y a les fenêtres sur les songes, et ceux décrits sont des cauchemars.



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Abattoir 26

ce n'est pas encore un livre sur la guerre, comme trop il y en a, c'est à mes yeux un grand livre.

toutes les guerres, de tous les temps (et même, mais juste en allusion, nos petites tensions dans la vie ordinaire déshumanisante)

un abécédaire du pire : de A comme A.battoir à Z comme Z.eppelin (et le R. comme R.aser est vide, petite gaminerie dans l'horreur)

toutes les formes, des imprécations, de la scatologie, des élégies, des exposés froids (ou presque), et quelques citations incorporées au texte pour que soient présents les aztèques ou Agrippa d'Aubigné et la Saint Barthélémy

J'ai été emportée dans les 84 pages de notre enfer
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L'homme-ravin (Divagation 1) suivi de Lieu-..

“Raymond Bozier prend à bras-le-corps la décadence de notre modernité et en fait de la poésie. Son écriture, c’est du charnel, du bestial. De l’impitoyable. Le poète venu au romanesque excelle dans l’extravagance, le grotesque, et s’octroie une liberté radicale. Spectateur ahuri de vies en déliquescence, il imagine des livres qui se répondent, se fondent les uns dans les autres."
Lien : http://bibliopmo.free.fr/ind..
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