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Critiques de Régis Clinquart (7)
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Esthetique du Viol

"J'aime mieux raconter des histoires. J'en raconterai de telles qu'ils reviendront, exprès, pour me tuer , des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content"

("Mort à crédit" LF Céline)

Bien qu'ayant beaucoup aimé "Fiat Nox"(anthologie qui réunit vingt ans de nouvelles) et surtout "Apologie de la viande", immense texte traitant de la rupture amoureuse, je n'étais pourtant guère attiré par ce nouveau roman du turbulent Régis Clinquart. le sujet tel que présenté sur le site de l'éditeur, ce titre repoussant et le teaser vidéo d'une laideur et d'une ringardise à toute épreuve ( et de plus complètement à côté de la plaque après lecture du roman selon moi)...tout ça sentait un peu trop la provocation à deux euros. Et l'idée de passer 720 pages dans le cerveau d'un violeur ne me disant pas non plus plus que ça j'avais d'abord décidé de faire l'impasse. Mais, en souvenir des grands moments de lecture dus à l'auteur, je décidais finalement de passer outre et rassemblais mon courage, me réservant le droit d'arrêter ma lecture si jamais elle devenait trop éprouvante. Bien m'en a pris car "Esthétique du viol" est encore du grand Clinquart. le thème du viol est surtout un prétexte pour aborder ses thèmes de prédilection (L'amour, la rupture, les trahisons...et la littérature, beaucoup) d'une façon différente. Discutable bien sûr mais on sait gré à l'auteur de ne pas en avoir (trop) rajouté dans les scènes d'agressions sexuelles (finalement peu nombreuses) qui, pour pénibles qu'elles soient, parviennent à ne pas faire oublier ...tout le reste! Car "Esthétique ..." fourmille surtout de passages drôles, émouvants, furieux, agaçants, dérangeants, mégalos...le style Clinquart est un torrent qui emporte tout et surtout le lecteur. Lettre d'amour à la littérature, roman amer sur les relations-femmes, critique féroce du monde de l'édition ..."Esthétique..." est tout cela et bien plus mais le plus impressionnant est le désespoir absolu qui suinte de ces pages. Clinquart, hypersensible et désillusionné, secoue et bouleverse comme Céline (carrément!)et l'on sort lessivé de ce roman comme d'"Apologie de la viande". Ames et coeurs sensibles...ne surtout pas s'abstenir car la vraie littérature, celle qui palpite, qui remue les tripes et nous fait nous sentir vivants c'est celle ci.
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Apologie de la viande



Un bouquin qui s'empoussiérait depuis des années dans ma bibliothèque.

Je me souviens l'avoir feuilleté, ce devait être en 2012 ou 2013, et puis, non… ce n'était pas le moment...

Il y a quelques jours j'hésitais entre plusieurs bouquins pour savoir lequel serait mon prochain compagnon de lecture.

- Apologie de la viande - s'est imposé ; c'était le moment.

C'est l'histoire d'un mec… il se fait larguer, le mec...

Et là, l'écrivain prend la plume ou le clavier et balance des cris déchirants et beaux, désespérés et géniaux… et ça donne des trucs comme ça :

- On n'est rien qu'un trou de douleur et qui gueule à qui n'y peut rien faire. Rien que du bruit lâché dans l'impuissante consternation des autres.

- La condition humaine n'est qu'un vaste lendemain de cuite -

-Dans l'espace vert une gosse souffle des bulles de savon. J'ai posé mon cul dans l'herbe glacée et je la regarde faire. Je bats des mains quand elle en réussit une plus grosse, une plus colorée. Invariablement elle rit. Je lui ai dit mon prénom et elle n'a pas voulu me dire le sien. Les oiseaux abandonnent leurs petits quand par malheur un humain les touche.

- BEN VOYONS, JOINDRE UNE LETTRE DE MOTIVATION...

Pourquoi pas cent balles (écrit dans les années 90) et une photo de ma mère à poil ?

Motivation la thune, monsieur le Directeur des Ressources Humaines. Comme s'il fallait, pour travailler dans votre usine et enrichir vos salopes d'actionnaires, une vocation...

Régis Clinquart a accouché de cet "enfant" né d'une déchirure amoureuse entre l'âge de 19 et 23 ans… et pour déchirer, ça déchire !
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Fiat nox

Les recueils de nouvelles sont un format trop souvent méprisés par les lecteurs et les éditeurs, et pourtant, il y a des pépites comme ce recueil-là...
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Fiat nox

Même si je ne suis pas très axée nouvelles d'ordinaire, j'en lis avec plaisir dès que je peux, notamment à chaque parution de la revue Bordel, à laquelle contribue d'ailleurs Régis Clinquart, et dont on retrouve (avec plaisir!) quelques extraits dans ce recueil de nouvelles.



FIAT NOX, est, à l'origine, un poème de Leconte de Lisle, que voici:



L'universelle mort ressemble au flux marin

Tranquille ou furieux, n'ayant hâte ni trêve,

Qui s'enfle, gronde, roule et va de grève en grève,

Et sur les hauts rochers passe soir et matin.



Si la félicité de ce vain monde est brève,

Si le jour de l'angoisse est un siècle sans fin,

Quand notre pied trébuche à ce gouffre divin,

L'angoisse et le bonheur sont le rêve d'un rêve.



Ô coeur de l'homme, ô toi, misérable martyr,

Que dévore l'amour et que ronge la haine,

Toi qui veux être libre et qui baises ta chaîne !



Regarde ! Le flot monte et vient pour t'engloutir !

Ton enfer va s'éteindre, et la noire marée

Va le verser l'oubli de son ombre sacrée.



Ca pose le mec, non?...

On est clairement pas dans une comédie sentimentale.

Comme on dit "âmes-hyper-sensibles-s'abstenir"...

La suite:
Lien : http://blablablamia.canalblo..
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Fiat nox

Beau recueil de 20 ans de nouvelles de Régis Clinquart, (très) féroces et (néanmoins) tendres.



Cinquante-et-une nouvelles, écrites entre 1992 et 2011, pour la plupart parues dans des revues ou dans le cadre de projets artistiques spécifiques, comptant chacune de moins d'une page à une douzaine de pages, composent "Fiat Nox", ce beau recueil de Régis Clinquart qui paraîtra fin août chez Stéphane Million.



Dans ces fragments de presque vingt ans d'écriture par l'auteur de l' "Apologie de la viande", l'amour et la mort, le sexe et la tendresse, l'ironie mordante de la chute luciférienne et le sourire appréciateur de celui qui survit - cette fois - de justesse, se disputent l'attention du lecteur et la saveur de ces récits, certes souvent glaçants et déjantés, mais d'une ruse souvent hors du commun.



On se laissera aisément gagner par le plaisir trouble de voir détournés des mythes ancestraux lors d'un dîner au château ("La réception"), de voir des bonheurs, réels ou imaginaires, mais en tout cas en gestation, écrasés par la malchance ("Le facteur"), de voir le fantasme changer brutalement, en un clin d'œil final, sa nature pulsionnelle ("Une secrétaire"), de lire le vertige du paternalisme prenant conscience de lui-même ("Lutte de classes"), de saisir un instant fatal des horreurs de la guerre ("Souvenirs du front"), de découvrir une conclusion finalement extrêmement vraisemblable à la "Fensch Vallée" de Lavilliers ("Chrome"), de vivre les sauvages derniers instants d'un milliardaire grabataire ("Le profit"), de sentir la force monstrueusement physique, en action comme en imagination, de l'amour ("Romance"), de contempler, légèrement incrédules, les sombres bribes d'une certaine âme des États-Unis ("Le jour où les métèques ont finalement botté le cul de l'Amérique"), ou encore de tenter de décrypter, l'espace d'un instant, le besoin aussi impérieux qu'insidieux du psychopathe sexuel ("Récidive"), pour n'évoquer que quelques-unes des pièces de cet autre moteur effrayant...



L'un des talents presque miraculeux par moments de l'écriture de Régis Clinquart est celui de déjouer son lecteur, pouvant tour à tour, sur l'issue du récit, aussi bien devancer ses pires craintes, dans un grand rictus carnassier, qu'au contraire, les désamorcer par surprise, d'un petit sourire tendre et charmeur. Une très belle expérience de lecture, même si elle demande parfois un cœur bien accroché.

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Apologie de la viande

Beau... torturé... Bouleversant.
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Apologie de la viande

Le cri de rage du grand chagrin amoureux, beaucoup plus subtil qu'il ne veut l'avouer.



Publié en 1999 et réédité en 2012, le premier roman de Régis Clinquart, "écrivain enragé" que je découvris l'an dernier lors d'une homérique lecture de nouvelle chez Charybde ("Récidive" : http://www.laspirale.org/texte.php?id=351), sous le bienveillant patronage de La Spirale, fut écrit entre 19 et 23 ans, et s'attaquait à un thème à la fois ancien et fort couru dans la littérature : celui du "grand chagrin d'amour".



Des risques d'une navigation délicate sur pareil sujet, entre mièvrerie et excès trop facile, le jeune auteur d'alors a su se dépêtrer avec un étonnant brio. Son long cri de rage absolue, parcourant tour à tour, et en boucle si nécessaire, toutes les régions d'amour et de haine d'une impitoyable carte du Tendre, joue avec un profond humour noir, une décisive auto-dérision, une permanente mise en abîme, et un recours aux incises et aux adresses au lecteur qui, loin de n'être qu'un artifice maladroit comme chez beaucoup de "débutants", lui permet au contraire d'éviter à peu près tous les pièges d'une semblable confession.



Alors oui, de l'excès il y en a, de l'amour et de la haine aussi, énormément... Une bonne dose de cynisme encore, revendiqué comme une tentative de combattre en armure, nimbé d'une joie sombre... Mais ce long purgatoire post-amoureux (dont la durée totale, "avouée" à un moment où on ne l'attend plus, pourra surprendre le lecteur même endurci) est aussi - peut-être surtout - l'occasion d'une minutieuse description de la redoutable accumulation de tranches de quotidien, à la recherche d'un salut qui se dérobe, et de la construction devant témoins d'une figure romancée de l'Auteur, dont le mythe se met en place alors même que le narrateur semble vouloir l'abattre au fur et à mesure.



De beaux éléments de tour de force dans ce coup d'essai d'il y a 13 ans, qui donnent grande envie de poursuivre rapidement en compagnie de cet auteur.



"On est allé ensemble Rumsteck et moi chercher cette petite nana que je traîne depuis une huitaine, et qui pose dans les ateliers d'artistes. Nue, évidemment. D'ailleurs une fois elle m'a demandé si ça ne me gênait pas. Je lui ai répondu que je m'en foutais, je vois mal ce que j'aurais pu dire. C'était sûrement la réponse qu'elle attendait, elle a eu l'air satisfait. À croire que cette situation - l'absence de sentiment ? - rend moins con."



"Les trajets que je faisais dans les Yvelines, d'abord la route du collège. Chauffeurs de bus des lignes de banlieue, à qui on dit bonjour le matin, bonsoir le soir, qui vous disent bonne journée avant de partir se refaire le même trajet. Parfois, ils nous le remplaçaient, notre chauffeur - ILS : la CGEA, nous le remplaçaient par un autre, un qui ne dit pas bonjour, pas appris, un à qui on cesse après quelques essais infructueux, quelques amorces sans succès, de dire bonjour... Très vite il s'anonyme et nous aussi, par ce piteux jeu de miroirs, redevenons des anonymes. Des anonymes : des animaux."

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