Du 8 juin 2012 au 14 janvie 2013, le Palais des Beaux-Arts de Lille accueille une exposition exclusivement contemporaine sur le thème de la Tour de Babel. Découvrez l'interview de Régis Cotentin, Commissaire de l'exposition.
Rural ?
De fait !
Il est né dans une ferme de Gréville, commune proche de la Hague.
Paysan ?
Assurément !
Il fut berger et laboureur avant d'être peintre.
Mais les visiteurs vont également découvrir un Jean-François Millet poète et penseur ...
Rares sont les oeuvres à revêtir un statut d'icône comparable à L'Angélus de Millet, certainement plus admiré dans le monde entier qu'en sa propre patrie.
Sa célébrité dépasse de loin celle de son auteur, injustement mal aimé en dépit de sa stature de grand maître de la peinture française.
L'apparente simplicité de ses sujets de prédilection dissimule une profondeur qui intrigue au premier regard, mais ne se laisse pas toujours si aisément saisir ...
Le très normand Jules Barbey d'Aurevilly, lui-même hanté par la "grandeur de solitude et de tristesse désolée" du pays, ne s'y trompe pas lorsqu'il affirme reconnaître Millet "pour normand, du faîte à la base, au moindre trait de son pinceau ou de son crayon, à la moindre esquisse" ...
C'est le côté humain, franchement humain, qui me touche le plus en art ...
(extrait d'une lettre de Millet à Alfred Sansier, le 1er février 1851)
Jean François Millet est le peintre de l'angelus et des glaneuses, ses tableaux sont devenus des icônes populaires. Son oeuvre est installée dans la mémoire collective. Profondément originale, sa peinture a inspiré l'avant garde européenne, Gauguin, Van Gogh, Dali mais incroyable postérité de son art est aussi importante aux Etats unis où elle ne faiblit pas depuis le XIXème siècle. Sin influence touche tous les domaines de la peinture au cinéma.
"Il cherchait l'essentiel", affirme Paul Mantz, et il l'a trouvé". Il l'a trouvé par le dessin, par le traitement des ombres et de la lumière, par celui de l'estompe et du silhouettage, par ces traits qui, sans rature et sans remords, disent un homme, une femme, un paysage, une meule... Il l'a trouvé en renonçant à l'individualité, aux visages, à l'anecdote, au profit de types quasi allégories intemporelles de figures au travail.
Chaque geste a été étudié, précisé, à coup de d'ébauches et de croquis, mais au delà du geste, Millet, peintre minutieux du corps humain au travail, du corps tout entier, sait voir et restituer sur la toile les correspondance inévitables qui lient entre elles les taches effectuées et les expressions du visage, si déformées ou si laide soient elles parfois parce que emprunte de souffrance
Loin de l’anecdote ou de la critique sociale, l’œuvre du peintre fascine et émeut, parce que le message qu'il porte en germe est universel. c'est un message d'amour et de foi - un amour inconditionnel pour la nature, pour les gommes et les femmes qu'il peint, pour les animaux à qui il voue une tendresse infinie. la peinture de Jean François Millet ne se regarde pas,elle se sent.
Ces observations silencieuses peuvent être mémorisées, sous formes de simple notations, de quelques traits courant sur le papier, d'une écriture rapide, elliptique, quasi sténographique, de croquis saisis sur le vif, lesquels sont parfois retravaillés, à plusieurs reprises pour, plus tard, tenir lieu d'outils de travail.
des 1848, bien que redoutant toute appartenance idéologique au socialisme Millet s'applique à réaliser une oeuvre dédiée au monde paysan., un monde gorgé de valeur historique et humaine, controversé, tantôt adulé, tantôt haï, parce que porteur de valeurs jugées en voie de disparition, parce que potentiellement subversif.