La mort de Clotilde fut un immense malheur pour moi. Là était mon avenir, ma vie, toute mon existence, tout mon bonheur. Dans cette âme pure, tout était selon mon cœur. Hélas ! je l'ai perdue !... sans retour !... et cinquante années n'ont pas effacé mes regrets !
Où fuir ?... Où porter ma honte et mes remords ? Errant depuis le matin dans ces montagnes, je cherche en vain un asile, qui puisse dérober ma tête au supplice... Je n'ai point trouvé d'antre assez obscur, de caverne assez profonde pour ensevelir mes crimes.
Voyageur sensible, soit que votre cœur ouvert à la tendresse batte sous le charme d'un nouvel amour, soit qu'une passion ancienne et profonde vous retienne encore sous son empire, ne manquez pas de visiter l'ermitage de sainte Vérène. [...] Quel recueillement profond il porte à l'âme, quand on le visite seul, et combien l'éloquence du cœur y doit être touchante et persuasive, quand on le parcourt avec la femme que l'on aime !
Malgré les doux noms qu'il atteste
J'ai vu fuir le bonheur hélas.
Et c'est la douleur qui me reste.
A quoi me résoudre ?... Faut-il condamner l'innocent, ou rester ici pour me voir confondu, démasqué, couvert d'infamie et rangé dans la classe des scélérats ? Si du moins je pouvais conserver l'apparence de l'honneur !...
Laisse... Laisse, tes soins sont inutiles... Il est temps que je meure... Ma mère... Vous l'avez entendu ... (Il se lève.) C'en est fait, la paix n'entrera plus dans mon cœur. Je ne la trouverai que dans le tombeau... Ciel ! Tu sais pour qui je t'implore ! Bérissa ne vit-elle plus ou l'aurais-tu dérobée au fer de ses assassins ? Les douleurs les plus cruelles ne sont rien pour moi... (Avec la plus forte énergie.) Mais celle-là... daigne... oh daigne me l'épargner !...
Oh ! Mon Dieu, je m'en irai ; mais ce ne sera pas du moins sans vous avoir dit tout ce que je pense... sans vous avoir répété que vous êtes un homme dur, méchant, que vous serez abandonné de tout le monde, que vous traînerez une vie languissante et malheureuse, et que personne ne vous plaindra, parce que vous l'aurez mérité... Oui, monsieur, je vous dirai tout cela... Je vous le répéterai cent fois, et puis je m'en irai.
Oh ! Mon Dieu, je m'en irai ; mais ce ne sera pas du moins sans vous avoir dit tout ce que je pense... sans vous avoir répété que vous êtes un homme dur, méchant, que vous serez abandonné de tout le monde, que vous traînerez une vie languissante et malheureuse, et que personne ne vous plaindra, parce que vous l'aurez mérité... Oui, monsieur, je vous dirai tout cela... Je vous le répéterai cent fois, et puis je m'en irai.
Où fuir ?... Où porter ma honte et mes remords ? Errant depuis le matin dans ces montagnes, je cherche en vain un asile, qui puisse dérober ma tête au supplice... Je n'ai point trouvé d'antre assez obscur, de caverne assez profonde pour ensevelir mes crimes.
Un homme puissant et vicieux ne respecte jamais rien.