René Ghil

Une vie, une œuvre : René Ghil, un bel oublié (1862-1925)

ar Mathieu Bénézet et Claude Giovannetti.
Émission diffusée sur France Culture le 06.04.1995.
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Intervenants :
- Pierre Lartigue.
- Bernard Noël.
- Henri Chopin.
- Michel Décaudin.
- Bernard Delvaille.
- Jean-Michel Maulpoix.
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Cette émission tente de répondre à de nombreuses questions : Ghil a-t-il payé les conséquences de sa fâcherie avec Mallarmé ? A-t-on le loisir de s'éloigner d'un maître et de se vouloir chef d'école ? Le rêve, qui fut celui de Ghil, d'une poésie scientifique, choque-t-il encore les individualités poétiques ? René Ghil pourrait prendre rang parmi ceux qu'Albert Thibaudet a appelés les "militants du symbolisme", c'est-à-dire les symbolistes de la première heure. "Décadent ou symboliste, peu importe", affirme Verlaine qui qualifie René Ghil d' "artiste prodigieux". Il publiera en 1886 (réédité en 1987 et 1988) son fameux "Traité du verbe" (préfacé par Mallarmé) où il expose sa théorie de l'instrumentation verbale. Ses thèses instrumentistes trouveront un très large écho dans toute la presse européenne et seront reprises et développées dans "De la poésie scientifique" en 1909.
Musique, couleurs ayant à ses yeux une parité, Ghil bâtira une oeuvre abondante, procédant en "musicien verbal", cherchant à donner au verbe une signification orchestrale, dans ce qu'il intitulera lui-même "L'Oeuvre" divisée en trois parties (Dire du mieux, Dire des sangs, Dire de la loi) cherchant à créer "l'Homme depuis ses origines, une synthèse à la fois biologique, historique et philosophique", désirant, en somme, faire entrer dans le poème la vie totale !
René Ghil reste un visionnaire de ce qu'il qualifiait lui-même une "métaphysique émue" ("ma pensée est le monde en émoi de soi-même"). Demeurent nombre de pages fascinantes (et elles éveillèrent l'attention de Breton, Aragon, Eluard ...) dans leur recherche d'une synthèse ("Le Pantoun des pantouns") entre la sagesse d'Orient (il ira jusqu'à écrire directement en javanais !) et le savoir d'Occident. Si l'influence historique de Ghil semble aujourd'hui avérée, son oeuvre reste à redécouvrir, mais, pour cela, comme le dit Bernard Noël dans l'émission : "il faut pratiquer la lecture de René Ghil comme le tonnerre". Alors, la "modernité" de celui qu'Aragon appela "mon bel oublié" éclate ! La thèse de l'émission serait : Ghil est redevenu moderne à notre insu !

Avec les voix d'André Breton et de René Ghil.