"Le masculin l'emporte mais où?"
Du peintre de douze ans au dessinateur de l'image de l'homme
Tout petit, la peinture r'a rendu ses pinceaux.À la maison peu de bouquins, tu peignais un peu naïvement les paysages de ton village.Tu ne pouvais prévoir que deux numéros de Paris- Match de 1954 t'ouvriraient grand les yeux devant le géant Picasso avec son portrait de Sylvette et l'explosion de Guernica.
Dès lors, tu ressentis l'absolue nécessité d'inscrire dans ton travail l'actualité, l'empreinte de l'histoire vive des Hommes, ce qui les touche au plus profond...
Dès 16 ans, tu quittes les chemins de l'école et intègres un cabinet d'architectes pour dessiner des perspectives agrémentées de quelques cyprès et décors marins . D'école d'ailleurs, tu n'en connaîtras d'autre que celle des maîtres.À 18 ans, tu découvres Le Gréco à Tolède (...)
À Florence , tu vas à la rencontre des peintres du Quattracento et pour payer ton séjour et quelques gelatti, sur la place Michelangelo, tu dessines des pierres à la craie.C'est le métier qui rentre, tu prends la mesure de l'espace et du lieu, tu t'exposes au regard du passant, l'ampleur du geste trouve l'échelle de la rue, le dessin se heurte aux aspérités du trottoir, la craie connaît l'ombre douce des soirs, la pluie et l'éblouissement du soleil.
Rimbaud- La Bohème de 1978
(...)Après 1968, j'avais vu fleurir les affichettes et leurs cortèges de slogans et de caricatures.Mais là rien de tel.Une simple image du poète qui ne revendiquait rien d'autre que sa seule et solitaire présence, un dessin mêlé de force et de douce. D'un noir profond. Sans trame, comme une encre d'écriture. Quelque chose d'inédit.
Je ne savais pas à cette époque, Ernest,que tu en étais l'auteur et que tu avais semé son effigie entre Charleville et Paris, sur des palissades de chantiers, sur des murs délabrés couverts de graffitis, sur des transformateurs et ses piles de béton, dans des lieux sauvages et interdits.L'image et le lieu se fondent alors pour restituer le seul portrait possible de Rimbaud fait de liberté, d'errance, de révolte et de fragilité.Il fallait sans doute pour cela que tu traces toi- même la route et que ton œuvre s'y inscrive comme l'empreinte des " souliers blessés".
Les artistes sont des " petits poucets rêveurs" qui égrènent dans leur course des rimes.
"Passe moi le sel de la vie"
Je n'impose pas à l'espace une esthétique, mais c'est l'espace qui me dicte ce que je dois faire de lui. (Jadikan)
Nous ne faisons aucune publicité.
Nous préférons la persuasion, la manipulation, le charme, le chantage et l'intimidation.
La façon dont j'envisage le lieu est indissociable d'un rapport au temps.Je l'appréhende bien sûr en plasticien,en tentant d'en saisir l'espace , les couleurs , la texture des murs , la lumière, la façon dont on le découvre...doc je vise à comprendre tout ce qui s'y voit, mais aussi simultanément , j'étudie tout ce qui ne s'y voit pas , ne s'y voit plus:la mémoire enfouie, l'histoire, le potentiel symbolique.
"Assurez-vous contre le hasard
Un regard est si vite arrivé"
Si tu me quittes, je continuerai à vivre, si ce n'est plus pour toi, ce sera pour quelqu'un d’autre, et si personne ne me trouve, ce sera pour moi. Rassurant non ?