Riccardo Cassin

C'est une erreur de croire qu'un grimpeur, engagé dans des difficultés supérieures, ne sait pas apprécier la majesté de la montagne, la pureté primordiale de l'aube, le charme profond d'une nuit étoilée. De fait, absorbé par la description des détails techniques et la manière dont il a franchi un passage, l'alpiniste oublie souvent de mettre des mots sur les sentiments éprouvés dans un moment de repos ou d'attente, de dire ses émotions et de célébrer la beauté de l'instant.
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Notre façon d'escalader, c'est-à-dire la recherche des passages les plus difficiles sur une voie déjà ouverte, avec tout l'équipement de pitons rajoutés qui ne servent pas seulement à s'assurer, mais aussi à progresser, n'est pas du goût de tout le monde. On affirme que nos pitons blessent et profanent le corps sacré de la montagne. Quant à nous, nous sommes définis comme « les malpropres », ignorants de « l'éthique de l'alpinisme ».
Puis, les critiques s'intensifieront, on annoncera même la « fin de l'alpinisme ». Quant à nous, nous préférons faire évoluer les techniques que de rester désespérément accrochés au passé. Nous ne méprisons pas l’œuvre de ceux qui nous ont précédés, d'autant plus qu'à nos débuts nous avons pris la même route et connu le même enthousiasme. Mais, par la suite, nous avons préféré progresser aidés de pitons, plutôt que de faire du sur place, figés dans une attitude romantique et contemplative.
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