AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Asterios


Cette nuit là, tandis qu'il était allongé dans le grenier, il aperçut le liseré de la lune entre les lattes de la grange. Elle était suspendue dans l'indigo et projetait un rayon de lumière bleuâtre en travers du lit. Il y avait l'odeur du bétail. L'odeur riche et franche de l'avoine, de la paille et le foin séchant après la coupe. Le trottinement des souris dans les coins. Il y eut un bruit sur l'échelle. Il releva la tête de l'oreiller rudimentaire et la vit grimper les derniers échelons et arriver dans le grenier. Elle portait une chemise de nuit blanche. Elle marcha en silence jusqu'à lui, si bien qu'on aurait dit qu'elle planait, il retint son souffle.
Elle arriva au bord du lit de camp et il ferma les yeux. Il sentait qu'elle le regardait. Il ouvrit les yeux d'un coup, s'assit sur le bord du fin matelas et trouva sa main qu'elle prit entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne parla. Elle tint sa main, puis ouvrit les siennes et la garda au creux d'une paume en caressant le dos du bout des doigts. Il ne parvenait pas à respirer à fond, il se sentait lourd, incapable de bouger. Elle porta sa main libre à sa bouche à elle, puis elle puis elle la posa contre sa joue à lui. Il ferma à nouveau les yeux, tentant d'en faire entrer en lui la sensation satinée et il la sentit bouger. Lorsqu'il ouvrit les yeux, elle était allongée tout près de lui, son souffle caressait son visage. Il avança une main dans sa direction, mais elle la repoussa et garda sa position. Son souffle était sec: un soupçon de cannelle sur un arrière-fond de vin. Il était allongé les bras sur les côtés, pénétrant du regard le chatoiement de ses yeux. Ils ne parlèrent pas. A la place, elle continua de garder une main sur son visage à lui. Il posa ses mains sur ses hanches et elle le laissa faire. Il cherchait ses mots mais il n'en avait pas en lui. La masse de ses cheveux les encadrait comme un rideau. Son odeur féminine, toute de musc, de savon et de fumée. Le bruit des bêtes s'agitant dans leurs salles et quelque part au loin, le glapissement d'un coyote pourchassant des campagnols dans l'herbe des champs. Elle se leva doucement, ses mains tombant de son corps, comme une peau qui mue, elle resta debout à le regarder et quand il tenta de parler, elle se baissa et posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Il lui saisit le poignet. Ils s'observèrent et quand il l'attira à lui, elle ne résista pas, et laissa son corps s'installer contre le sien, il l'embrassa et elle l'embrassa, il avait posé ses mains sur ses épaules, elle tenait sa taille entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne bougeait. Quand elle se releva, il sentit dans ses paumes le vide de l'espace qui les séparait.
- Ne brise pas le cercle, murmura t-elle. Elle retourne à l'échelle, descendit les échelons et le laissa suspendu dans le ciel qu'elle avait créé dans sa tête.
Commenter  J’apprécie          300





Ont apprécié cette citation (24)voir plus




{* *}