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Citations de Richard Wagamese (438)


- Quand t'as pas quelque chose, le chercher en vain, c'est perdre son temps, c'est ce que je pense.
- Ça fait du bien de pas avoir certaines choses.
- Ah ouais. Pourquoi ça en particulier?
- Ben, ça te fait prendre conscience que t'es vivant. Que t'as touché quelque chose. Que quelque chose t'a touché.
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Seul. Il n'avait jamais su ce qu'était la solitude. Même s'il y réfléchissait bien, il n'arrivait pas à donner une définition du mot. Il était en lui, indéfini et inutile comme l'algèbre – la terre, la lune et l'eau établissaient la seule équation qui donnait de la perspective à son monde et il le traversait à cheval revigoré et rassuré de sentir ces terres autour de lui comme le refrain d'un hymne ancien.
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Richard Wagamese
Leurs patrouilles sortaient en même temps et le no man's land n'était plus que ruées et reptations de forces résolues à contrôler cette mince bande de vide. A la tombée du crépuscule, ils se glissaient les uns vers les autres. Puis les tirs de barrage démarraient. Des fusées éclairantes transformaient le paysage squelettique en un déchaînement de rouge étourdissant, un gigantesque éblouissement blanc, un épanouissement jaune qui retombaient sur eux comme un parachute dont l'ombre s'enfonçait dans des recoins imperceptibles, les laissant cloués là.
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Je me tenais sur les rochers aux toutes premières lueurs du jour, avant que quiconque ne se soit réveillé et je sentais la nature entrer en moi comme la lumière. Je fermais les yeux et la sentais. La nature était une présence. Elle avait des yeux et j’étais surveillé. Mais jamais je n’eus l’impression d’y être un intrus.
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Il avait quitté l'école dès qu'il avait atteint l'âge légal. Il ne s'intéressait pas aux livres et là où il passait le plus clair de son temps libre, nul besoin de grandes idées... Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlis et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l'oeil impassible de la lune. Il était indien.
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Je ne pouvais pas courir le risque que quelqu’un me connaisse, parce que je ne pouvais pas courir le risque de me connaître moi-même.
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Les gens attribuent bien trop d'importance aux mots. Parfois, c'est mieux de rester assis, sans plus. Pour à nouveau s'habituer les uns aux autres, en quelque sorte.
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L'eau était un filet d'argent dans la lumière silencieuse.
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Le garçon rejoignit la nature. C'était tout ce qu'il lui fallait. Le fusil le retenait là. C'est ainsi qu'il en vint à comprendre la valeur des êtres vivants, par sa faculté à les faire disparaitre. Prendre la vie était une chose solennelle. La vie était le coeur du mystère. Le fusil son moyen de l'évaluer.
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Ils marchaient avec les raquettes pendant deux heures, faisaient un feu et buvaient du thé fort, et dans ce monde froid et stérile, le garçon en venait à voir Noël comme un moment où la nature et sa vacuité étaient parfaites. De temps à autre, le vieil homme lui racontait une histoire. Mais c'était l'émotion du silence au milieu duquel ils marchaient qu'il préférait. La nature endormie. L'atmosphère ouatée dans laquelle même les sons étaient absorbés et se matérialisaient dans l'immense blancheur inviolable de l'hiver. Dans sa tête, c'était sa Noël.
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Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlys et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l'œil impassible de la lune. Il était indien. Le vieil homme lui avait dit que c'était sa nature et il l'avait toujours cru. Sa vie c'était d'être seul à cheval, de tailler des cabanes dans des épicéas, de faire des feux dans la nuit , de respirer l'air des montagnes, suave et pur comme l'eau de source et d'emprunter des pistes trop obscures pour y voir, qu'il avait appris à remonter jusqu'à des lieux que seuls les couguars, les marmottes et les aigles connaissaient.
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Le vieil homme lui apprit qu'une chasse était une technique. Elle s'organisait selon un ordre et un tempo que le terrain et l'animal déterminaient. Un homme, ou un garçon, pouvait s'adapter à ce rythme et le suivre. Quand il le faisait, le temps ne comptait pas. Ce qui comptait, c'était la manière de procéder. Il apprit à prier avant de partir et il apprit à prier au retour avec le gibier. Dans ces circonstances, une chasse devenait une cérémonie. C'était ce que disait le vieil homme.

- Faut que tu arrives à t'assurer que les choses sont faites comme y faut, Frank, disait-il. Moi, je crois pas que j'ai jamais été à l'aise avec le mot "Dieu" mais je crois pas que ça veut dire quelque chose tout ça. Faut que l'homme y sache ça d'une façon ou d'une autre. Donc, j'me dis, qu'est-ce que j'en ai à faire ? Même si j'ai tort, y a pire dans la vie que de prendre le temps de remercier le mystère pour le mystère.
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Cette nuit là, tandis qu'il était allongé dans le grenier, il aperçut le liseré de la lune entre les lattes de la grange. Elle était suspendue dans l'indigo et projetait un rayon de lumière bleuâtre en travers du lit. Il y avait l'odeur du bétail. L'odeur riche et franche de l'avoine, de la paille et le foin séchant après la coupe. Le trottinement des souris dans les coins. Il y eut un bruit sur l'échelle. Il releva la tête de l'oreiller rudimentaire et la vit grimper les derniers échelons et arriver dans le grenier. Elle portait une chemise de nuit blanche. Elle marcha en silence jusqu'à lui, si bien qu'on aurait dit qu'elle planait, il retint son souffle.
Elle arriva au bord du lit de camp et il ferma les yeux. Il sentait qu'elle le regardait. Il ouvrit les yeux d'un coup, s'assit sur le bord du fin matelas et trouva sa main qu'elle prit entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne parla. Elle tint sa main, puis ouvrit les siennes et la garda au creux d'une paume en caressant le dos du bout des doigts. Il ne parvenait pas à respirer à fond, il se sentait lourd, incapable de bouger. Elle porta sa main libre à sa bouche à elle, puis elle puis elle la posa contre sa joue à lui. Il ferma à nouveau les yeux, tentant d'en faire entrer en lui la sensation satinée et il la sentit bouger. Lorsqu'il ouvrit les yeux, elle était allongée tout près de lui, son souffle caressait son visage. Il avança une main dans sa direction, mais elle la repoussa et garda sa position. Son souffle était sec: un soupçon de cannelle sur un arrière-fond de vin. Il était allongé les bras sur les côtés, pénétrant du regard le chatoiement de ses yeux. Ils ne parlèrent pas. A la place, elle continua de garder une main sur son visage à lui. Il posa ses mains sur ses hanches et elle le laissa faire. Il cherchait ses mots mais il n'en avait pas en lui. La masse de ses cheveux les encadrait comme un rideau. Son odeur féminine, toute de musc, de savon et de fumée. Le bruit des bêtes s'agitant dans leurs salles et quelque part au loin, le glapissement d'un coyote pourchassant des campagnols dans l'herbe des champs. Elle se leva doucement, ses mains tombant de son corps, comme une peau qui mue, elle resta debout à le regarder et quand il tenta de parler, elle se baissa et posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Il lui saisit le poignet. Ils s'observèrent et quand il l'attira à lui, elle ne résista pas, et laissa son corps s'installer contre le sien, il l'embrassa et elle l'embrassa, il avait posé ses mains sur ses épaules, elle tenait sa taille entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne bougeait. Quand elle se releva, il sentit dans ses paumes le vide de l'espace qui les séparait.
- Ne brise pas le cercle, murmura t-elle. Elle retourne à l'échelle, descendit les échelons et le laissa suspendu dans le ciel qu'elle avait créé dans sa tête.
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Pour le garçon, le vrai monde c’était un espace de liberté calme et ouvert, avant qu’il apprenne à l’appeler prévisible et reconnaissable. Pour lui, c’était oublier écoles, règles, distractions et être capable de se concentrer, d’apprendre et de voir. Dire qu’il l’aimait, c’était alors un mot qui le dépassait, mais il finit par en éprouver la sensation. C’était ouvrir les yeux sur un petit matin brumeux d’été pour voir le soleil comme une tâche orange pâle au-dessus de la dentelure des arbres et avoir le goût d’une pluie imminente dans la bouche, sentir l’odeur du Camp Coffee, des cordes, de la poudre et des chevaux. C’était sentir la terre sous son dos quand il dormait et cette chaleureuse promesse humide qui s’élevait de tout. C’était sentir tes poils se hérisser lentement à l’arrière de ton cou quand un ours se trouvait à quelques mètres dans les bois et avoir un noeud dans la gorge quand un aigle fusait soudain d’un arbre. C’était aussi la sensation de l’eau qui jaillit d’une source de montagne. Aspergée sur ton visage comme un éclair glacé.
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On est rien d'autre finalement. Que nos histoires.
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Qui peut évaluer ce qu'on est ? dit Becky. J'ai l'impression que notre vérité, elle est là où on peut pas la voir. Pour ce qui est de mourir, j'pense qu'on a tous le droit de croire ce qu'on veut.
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C’est là que je compris que quand une chose nous manque, elle laisse un trou que seule cette chose qui nous manque peut combler.
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"Les bosses des rochers sur le rivage portaient des manteaux blancs.Les arbres, sous le poids de la neige fraîche dans leurs branches, ressemblaient à des soldats épuisés , rentrant à la maison à la fin de la guerre. Le froid était une bête redoutable. Tandis que j'avançais péniblement , dans la neige jusqu'aux genoux, en quête de bois pour le feu, je la sentais me traquer cette bête , attendre que l'épuisement m'abatte de façon à se repaître de ma chair gelée".....
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Nous étions comme du bétail. C'est ainsi que nous étions traités. Nourris, abreuvés, contraints de porter notre fardeau quotidien et rentrés à l'abri pour la nuit. Quiconque s'esquivait ou se plaignait était battu devant tous les autres. C'était peut-être cela le plus grand crime : nous rendre complices en faisant de nous des témoins silencieux et impuissants.
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Quand on t'arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d'où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés comme arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C'est l'enfer sur terre, cette impression d'être indigne. C'était ce qu'ils nous infligeaient.
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