LA RIVIÈRE AUX NÉNUPHARS
La rivière aux nénuphars
Sous les ombres douces des grands peupliers
coule entre deux ponts
où les cris des canotiers retentissent plus sonores
La grenouille en robe à traîne
Dont le nom est Pulchérie
y retrouve Népomucène
L'amant goujon qu'elle a choisi
Son coassement d'amour s'épuise
devant l'éperdu silence du poisson
Et l'eau de la rivière les grise
Quand des buveurs versent leurs verres du haut du pont
Le pêcheur à la ligne près du coude
Depuis trente ans n'a pas bougé
On dit qu'il est mort à la tâche et d'oubli
Nul n'est allé le réveiller
Le flotteur rouge de sa ligne
Est un peu décoloré
C'est une vieille carotte que la lune
à minuit comme un veau semble brouter
Les étoiles sont gigantesques
La nuit dans le ciel de la ville
Et les chansons des buveurs
Semblent ne pouvoir franchir les remparts
Cette ville n'est pas rassurante du tout
on dit que de la source
une forme sort parfois au crépuscule
Comme une jeune fille nue d'un miroir
C'est peut-être bien Ophélie
C'est peut-être bien Pulchérie
C'est peut-être Népomucène
Goujon grenouille ou la jolie
Ophucène Népomélie
Pulcherouille ou grenoujon
au bord de la rivière aux nénuphars
qui coule coule entre deux ponts
p.102-103