Citations de Robert Flinker (42)
— Non. Je ne suis qu’un messager.
— Et l’appelant ne viendra-t-il pas en personne ?
— Je viens pour l’annonce, dit l’étranger.
Stefan était satisfait de cette réponse, depuis sa visite à la police il savait qu’il ne devait attendre aucune aide extérieure.
La police ne pouvait ou ne voulait pas l’aider, et il en irait probablement de même de toute autorité, qu’il pourrait encore saisir.
— Croyez-vous que je souffre d’hallucinations auditives ?
— Soit, bien, supposons-le provisoirement. Mais quel est, selon vous, l’objet de ces appels ?
— C’est justement cela : je ne le sais pas et je ne parviens pas à trouver quoi que ce soit. Je me trouve devant une énigme.
Il m’aurait sans doute également pesé, comme à tout un chacun, d’entendre mon propre nom appelé dans une émission de radio, mais je ne comprends pas pourquoi je ne devrais pas en parler avec mes collègues.
Quelqu’un le couvrait de ridicule en criant son nom lors d’émissions de radio : la police avait le devoir d’ouvrir une procédure à sa demande.
Cette incertitude sera désormais toujours présente, l’appel de la voix peut donc l’atteindre partout, au bureau, en mangeant au restaurant, à la maison, chez des amis, il ne sera plus en paix et en sécurité nulle part.
Si la voix toutefois n’était pas assignée à l’appareil, alors on était à sa merci, impuissant.
Que cette voix était donc affreuse et inéluctable ! Elle s’abattait comme un orage.
Juste avant, il y a une poignée de secondes, cet horrible appel était survenu, cet appel, ordre et accusation à la fois, inévitable et impitoyable et les collègues continuaient de manger leurs casse-croûtes, et le poste de radio faisait toujours entendre sa musique au rabais.
Maintenant c’était arrivé, l’appel était sonore, si bien que tous pouvaient l’entendre.
Avec un léger retard il parvint à son bureau — ses collègues étaient déjà tous assis à leurs places — et se mit tout de suite à sa table de travail. Bientôt il fut plongé dans son travail et eut oublié tous les tracas.
Il est vrai que juste avant il s’était réveillé d’un profond sommeil, en outre il avait été effrayé par le singulier appel, et énervé, moyennant quoi une erreur était possible, ce qui constituait toujours une explication raisonnable et absolument compréhensible. Elle le tranquillisa en effet et il s’endormit.
Un danger inconnu le menaçait-il ?
Que cela signifiait-il ? Qui l’appelait au milieu de la nuit ? Il n’avait pas reconnu la voix. Elle avait résonné familièrement en quelque sorte, mais il n’aurait pu en dire plus sur elle, il ne savait même pas si elle appartenait à un homme ou à une femme.
La voix sonnait remarquablement angoissée, comme si elle appelait dans la crainte la plus extrême. Mais d’un autre côté elle sonnait brève et tranchante, comme si elle voulait avertir.
Il aurait ainsi été à la maison dans la soirée et aurait repris le lendemain son activité habituelle : acheter, vendre, gagner de l’argent et partir à nouveau, entre temps manger, dormir, lire le journal.
Seules les puissances surnaturelles, au service desquelles je suis, peuvent tout.