Ces passions constantes et ces harmonies couniiunes, ou peut alors les exprimer ; les unes par la voix d'un personnage inventé ; les autres par ragencement des couleurs et des formes. Elles diront les pensées, les désirs et les craintes les plus cachés, les plus fidèles et tous les hommes reconnaîtront soudain le plus secret d'eux-mêmes sur la scène, dans le livre ou sur la toile.
Il est naturel qu'un art atteignant le plan de cette universalité soit le plus prestigieux de tous. Il est naturel aussi que des écoles se fondent en vue de trouver les moyens grâce auxquels tel peintre ou tel poète a pu élever un instant les hommes au-dessus d'eux-mêmes et les forcer, soit à se constater, soit à constater une « nature » plus secrète que celle qui se livre aux examens banaux, hâtifs ou fragmentés.
L'art pictural au XIXe siècle, surtout à partir des environs de 1860, semble justifier l'amère constatation de Baudelaire disant : « L'état actuel de la peinture est le résultat d'une liberté anarchique qui glorifie l'individu, quelque faible qu'il soit. »
Par une pente inévitable, cette glorification de l'individu, du tempérament, en un mot de l'élément accidentel, en arrive très vite à une glorification de la seule nature et conduit au réalisme à outrance.
Cette évolution a des causes profondes que nous tenterons de déterminer. Elle fut favorisée par la disparition, entre 1860 et 1870, des trois grands génies qui, dans le XIXe siècle, avaient porté si haut le sentiment classique : Corot, Ingres, Delacroix.