Au demeurant, la plupart des musiciens, voire des gens qui tripotaient un instrument, vivaient dans l'idée qu'eux seuls étaient à même de faire advenir la musique. Ce qui, bien entendu, était, premièrement, l'expression d'une insigne présomption, et deuxièmement, une absurdité caractérisée, la musique dépassant d'emblée, de par sa nature même, tout ce qu'on pouvait imaginer. La musique avait toujours laissé loin derrière elle tout être humain et n'avait, en fin de compte, pas plus besoin de musiciens que d'auditeurs. La musique n'avait besoin de rien ni de personne, elle était là tout simplement. (p. 70-71)