Fille des passions et des ténèbres, l'idolâtrie, vieille de tant de siècles, semble se jouer encore dans un dédale, et, s'abritant au sein de la nuit, jeter le sarcasme et le défi à la face des plus opiniâtres investigateurs. Cependant le raisonnement, guidé par les jalons de l'histoire, la poursuit jusqu'aux pieds du berceau où elle s'est enveloppée de ses premiers mystères.
Croire à ce merveilleux et incessant travail de notre monde, en voie de formation pour son éternité, c'est-à-dire admettre, entre les êtres visibles et invisibles de la création le double courant de ces rapports que, dans le langage vulgaire et lorsqu'ils tombent sous nos sens, nous appelons le Surnaturel, et qui déterminent notre aboutissement soit à l'Esprit de lumière et de vie qui nous créa, soit aux Esprits de mort qui nous attirent vers leurs ténèbres c'est donc croire, en définitive, à la loi de nature, à la loi de science et de raison la plus constante et la plus simple, sur laquelle l'observation puisse arrêter les yeux de l'homme.
L'histoire des premiers empereurs est un monument destiné à nous prouver, par d'incontestables témoignages, l'instabilité naturelle et la brutalité de l'arbitraire, lorsque les principes, anéantis, lui cèdent le trône et le laissent se substituer à la raison du droit.
Ce fut surtout au dix-huitième siècle que la syphilis morale du rationalisme, qui depuis de si longues années couvait ou serpentait dans les veines du corps social, éclata. Les médecins de l'âme se mirent-ils en devoir de porter à ce fléau quelque remède? Oui, certes, mais ce fut assez faiblement dans notre patrie; et plusieurs, et beaucoup, il faut bien l'avouer, se trouvèrent eux-mêmes atteints de ce mal. Ainsi les vit-on, autant que le mouvement de recul leur était possible sans se laisser choir dans l'abîme, disculper le diable des faits et gestes qui, jusqu'alors, étaient légitimement restés à sa charge.
Ce que je sais, c'est qu'à peine revenu de la première stupeur dont son apparente réapparition frappa les esprits, mille gens sérieux recommencèrent à se poser cette grave question :
Le Merveilleux ! Est-ce que le grand jour de la science humaine n'a point dissipé ce miroitant brouillard ? Est-ce que le soleil de notre siècle ne l'a point anéanti sans retour ? Est-ce que l'élite sans retour ? Est-ce que l'élite des savants de l'Europe ne l'a point nié, conspué ?
Cependant, tandis que, dans le monde religieux, ce progrès était en voie de s'accomplir, on voyait dans le monde profane survenir flot sur flot et se dessiner fortement à l'horizon les illuminés, les théosophes..., mille sortes de sectes ou d'écoles dont les noms quelquefois périssaient en naissant, et parmi lesquelles surgirent, entre les rejetons vivaces, ceux que l'on nommait, hier encore, les magnétisles, ces frères aînés de nos spirites !
Mais qu'est-ce donc après tout un médium, et que signifie ce mot ?
Je vais brièvement le dire, et d'après mes recherches poussées en remontant le cours des siècles, et d'après mes fouilles au travers de masses et de pyramides d'ouvrages, écrits depuis une vingtaine d'années en diverses langues. Mes paroles auront d'ailleurs pour garant mon expérience toute personnelle, et mieux encore, celle de savants et très-consciencieux amis.
Ayant suivi d'un oeil tenace ces hauts phénomènes; les ayant observés dans leur cause, dans leur marche et leur but, j'ai laissé ma plume les isoler et les grouper dans des pages que le public me permettra, je l'espère, de placer entre ses mains dès qu'il aura pris congé du dernier chapitre de ce volume. Je me figure y avoir assez fortement préparé l'esprit du lecteur.
L'art sacré d'infuser des esprits dans la matière, c'est-à dire l'art de faire des dieux, ou la théopée, fut de bonne heure et ne cesse d'être en honneur chez les idolâtres; car les yeux et les oreilles prouvaient aux peuples qu'un principe spirituel habitait la pierre ou le bois, dont la forme était si souvent devenue celle de l'homme.
La tradition, la doctrine et notre propre expérience nous conduisirent donc au travers de mille récits de larves et d'apparitions, d'étrangetés et de merveilles, en face de la force, fluidique ou non, mais latente, dont les explosions venaient
de réveiller le monde.