Les jouets les plus fascinants vont sortir de cet atelier au fil des semaines qui suivent. L'ingénieux adolescent construira notamment des bateaux et des locomotives qui font la joie de ses cousins et cousines et l'admiration des villageois, grands et petits. Car, à la surprise générale, tous ces jouets fonctionnent réellement. Sur la terre ou sur l'eau, les petits véhicules aux couleurs vives avancent sous l'oeil fier de l'ingénieur en herbe.
C'est en 1943 que l'inventeur se rend compte des réticences d'Ottawa à lui verser les montants dus sur la fabrication des 129 modèles B1 et B2 qu'il a mis au point et dont il a coordonné la production. Son incrédulité fait place à la complète stupéfaction quand, au début 1944 et de façon plus ou moins officielle, il apprend l'intention d'Ottawa de ne rien payer pour l'utilisation de tous ses brevets dans la production des Pingouins.
- Viens ici, toi, lui lance le garagiste. Tu veux travailler ? Tu vas travailler. Mes meilleurs hommes ont passé des journées complètes à essayer de réparer cette auto et ils n'ont pas réussi. Toi, ça ne t'a pris qu'une demi-journée. C'est extraordinaire ! Bon ... J'aimerais bien te nommer contermaître, mais c'est impossible: j'ai un homme qui est ici depuis sept ans. Si tu veux te taire, je te donnerais autaut qu'à lui.
Sa réputation déborde les limites de Valcourt pour atteindre tous les cantons. À 80 kilomètres à la ronde, il n'y a pas de meilleur mécanicien, dit-on. Ces succès ne lui montent pas à la tête... On vient le voir d'aussi loin que Granby, Drummondville et Sherbrooke, et, chaque fois, l'accueil est semblable. Après une brève salutation, il se précipite sous le capot de l'engin.
Au début de 1942, Ottawa propose à Joseph-Armand d'étudier un prototype reprenant les concepts de base du B12, mais plus spécifiquement orienté vers des fins militaires. Le gouvernement canadien souhaite que l'engin soit plus puissant afin de servir au transport de troupe et d'équipement en hiver, dans des conditions de sol difficiles.