« Symbolistes, saluez votre maître », s’exclame M. E. Melchior de Vogüé, et il désigne M. Puvis de Chavannes. On ne saurait découvrir avec plus de certitude une ascendance, ni plus logiquement rattacher au passé une évolution née d’un besoin imprescriptible d’affranchissement et de la fidélité à des aspirations traditionnelles. Ni le fond de la doctrine, d’une primitive simplicité, ni le terme même de symbolisme ne doivent embarrasser l’esprit ou le surprendre.
Bien qu'étranger, il est Parisien, et il n'est que cela. Si l'on en croit le fameux auteur des Fleurs du Mal, il aurait, comme La Fontaine, comme Jean-Jacques, commencé à produire à quarante ans, poussé par une vocation impérieuse qui lui fait tout délaisser. Il est prophète, l'hostilité lui donne un point d'appui. Les méconnus trouvent dans leur orgueil une force suffisante pour créer. Elle leur sert de tremplin. Il n'était pas riche: ce qui est nécessaire pour dédaigner les couronnes de papier doré. Il croyait à son art, et c'est la plus belle mystique, et la meilleure. Il fut Parisien, parce qu'il aimait cette atmosphère unique. Peut-être paya-t-il cher le plaisir de comprendre et de traduire Paris en images.
Plusieurs, je le devine, tireront vanité de leur audace, comme les gens débraillés qui croient faire preuve d'indépendance. Que des hommes d'un talent mûr et profond fassent au public confidence de leurs esquisses et de leurs croquis gravés, c'est fort bien, ils en ont le droit. Mais la foule des imitateurs peut devenir trop nombreuse. En somme, il ne faut pas oublier que l'eau-forte est un art profond et dangereux, plein de traîtrises, et qui dévoile les défauts d'un esprit aussi clairement que ses qualités. Et, comme tout grand art, très compliqué sous sa simplicité apparente, il a besoin d'un long dévouement pour être mené à la perfection.
Baudelaire, à propos de l'eau-forte
Constantin Guys, Hollandais élevé à Londres, attiré vers Paris, qui le prendra, l'absorbera et en fera son confident, est un vrai Parisien. Il est inséparable du Paris du Second Empire, où la République était si belle. Le temps est plus ancien pour nous que l'Égypte, la Grèce et Rome, la Renaissance et la Réforme, Louis XIV, Louis XV et même Louis XVI. Il nous paraît être un compromis. Il l'est en effet. Amas de médiocrités dans tous les domaines, le Second Empire est à peu près inexplicable. Il est si loin de la Régence, de l'Encyclopédie et du Romantisme qu'on ne saurait le faire valoir avantageusement.
Un culte constant de la forme.