Citations de Roja Chamankar (22)
Tu bourgeonnes dans mon corps
Je donne vie aux mots
Je deviens printemps
Comme un poème
extrait 2
J’écris un poème qui te ressemble
Qui respire en moi la nuit
Boude quand il prend froid
Me rend amoureuse quand je le caresse
Je le relis quand je ferme les yeux
Et à chaque fois il rit une ligne sur deux
J’écris
Jusqu'à ce que tu tombes en pluie des lignes de mon corps
Et tu deviens poème, mon commencement.
La terre et l’eau
Nous vivons au bord de la mer
Nous nous noyons sur la terre sèche
L’eau…
Le premier mot du premier livre d’école
Breuvage précieux, agréable
Liquide pur dans lequel se mire
Une lune lasse
Nous goûtons cette pauvre boisson
Nous vivons dans le parfum du pétrole
Nous prenons feu
Nous tournoyons dans le tourbillon
Et le ciel plus terreux que la terre
Se dépose dans nos gorges
C’est sous la pluie lourde des composants du monde
Dans un enclos du néant
Au centre des informations
Dans un recoin de la Terre
Que nous vivons
/traduit par Farideh Rava
Le croassement des corneilles griffe ma solitude
Ses mains et ses pieds liés par le mur,
Un rideau jeté sur sa beauté
Il suffirait qu'elle fasse un geste, la fenêtre
Le neuvième jour de la mer
Extrait 1
C’était le neuvième jour de la mer
Recroquevillée sur moi-même
Accompagnée du cri de la mère
J’ai glissé
Dans un bassin de cendres
Avec deux ailes blanches aux épaules
Comme un oiseau à la gorge coincée
La poche d’eau m’a mouillé les yeux
La mer était salée et grande
Le matelot frappait en cadence
Le tambour
Gitane solitaire
Une danseuse sans anneaux aux chevilles
Ni grain de beauté au coin des lèvres
…
À présent
Je suis au minuit de l'hiver
Dis à la neige de tomber en silence
Je n'ai plus
Qu'une contrée pillée
Une tasse brisée
Et j'attends que tu sois à mes cotés.
INVITATION
Tous les chemins me sont fermés
J'escalade tes paupières
Ne ferme pas tes yeux !
Deux tulipes rouges
Je frotte deux tulipes rouges
Sur la blancheur de mes cheveux
Le parfum d'un baiser
Remonte dans ma gorge
Et jaillit de mes lèvres
Sanglots et larmes sans fin
Mon cœur
Mon cœur
Mon cour
Exode
Les arbres sont pleins de trous
Les piverts sont partis
Une ligne rouge de leur bec
Restée dans leur nid silencieux
Un os brisé chaque jour
M’écorche la gorge
Un claquement sourd et continu
La pourriture
Sur les branches fleurit en caillot
Le fléau
Dans les veinules de feuilles bourgeonne
Lentement les arbres deviennent creux
Les trous fleurissent
Les veinules éclatent
Et lentement
Coule une ligne rouge
Tu avais raison
Jamais les piverts
Ne reviendront
/traduit par Farideh Rava
Deux tulipes rouges
Je frotte deux tulipes rouges
Sur la blancheur de mes cheveux
Le parfum d’un baiser
Remonte dans ma gorge
Et jaillit de mes lèvres
Sanglots et larmes sans fin
Mon cœur
Mon cœur
Mon cœur
/traduit par Farideh Rava
Comme un poème
extrait 1
J’écris un poème qui te ressemble
Marcher sur la feuille blanche
Rire entre les lignes
Mouiller mon visage
Je passe ma main sur ses gouttes, ses courbes et ses points
J’écris un poème qui te ressemble
Je le lis à haute voix
L’imprime partout
On l’applaudit
Et il rit une ligne sur deux
…
Le neuvième jour de la mer
Extrait 2
Mes poupées
Ont grandi
Aux seins arides et au lait noir
Et un ruisseau de sang a brûlé leurs cuisses
Le neuvième jour de la mer
Aucun bruit d’applaudissements
Ni de you-yous
Quatre gouttes de sang tombent de ma gorge
Je m’offre...
La mer était salée et grande
Pour la gitane solitaire
C’est pour tes yeux que je suis devenue poète.
PROBABILITÉ
[...]
À présent
Toute chose
S'écroule par la possibilité de ton absence
La chaise
La table
La chambre
Moi.
RÉCONCILIATION
À son profit quelqu'un
A modifié mes poèmes
À mon profit
Moi j'ai modifié sa vie
Nous avons fait jeu égal.
L'essence de mes poèmes
Fleurit dans ta chevelure
C'est pour tes yeux que je suis devenue poète.
JE PLEURE DES POÈMES
Je pleure des poèmes
Chaque mot est une larme
Sur les joues douces de la feuille
Quand
Le croassement des corneilles
Griffe ma solitude
Et ma mère me répète
Tu pleurniches encore !
Laissez-moi pleurer
Pleurer
Mon silence.
Toutes les lignes du monde
Je les ai cachées dans mes yeux
Pour goûter le plaisir de voir
Le regard stupéfait des diseuses de bonne aventure.
Dis à la neige de tomber en silence
Je n'ai plus
Qu'une contrée pillée
Une tasse brisée
Et j'attends que tu sois à mes côtés.