Romane K.

Roxane et Naël s'aiment, au-delà des préjugés. Elle est française, catholique et travaille en Suisse dans un hôtel de luxe. Il est syrien, musulman et a fui la guerre qui ravage son pays. C'est en Chine qu'ils se sont rencontrés, c'est en Suisse qu'ils veulent construire leur famille. Ils devront faire face à beaucoup d'obstacles sur le chemin du bonheur.



Je suis partagée dans mon ressenti à propos de ce roman.

D'un côté, j'ai bien aimé le sujet traité, assez rare finalement. D'un autre côté, je ne suis pas parvenue à entrer en empathie avec les protagonistes alors que le propos aurait du appeler en priorités les émotions.



J'ai trouvé que les problématiques étaient trop compartimentées. On pourrait presque tracer des lignes et découper proprement le roman en trois parties. D'abord la guerre en Syrie, ses conséquences et les enjeux politiques qui la sous-tendent; ensuite la maltraitance infantile subie par Roxane et enfin toute la problématique de la foi, de la religion, de ses rites et des difficultés liées à la coexistence de plusieurs points de vue. Bien entendu, ce sont les préjugés des uns et des autres qui feront le lien entre ces parties.

Cette découpe presque "administrative" empêche de se faire une bonne vue de l'ensemble de la complexité de la multiculturalité dans le couple et la famille.



De plus, j'ai peu compris comment on passe de traumatismes liés à la maltraitance dans l'enfance au besoin farouche d'obtenir l'assentiment de ses parents par rapport à ses choix de vie, tout en ne faisant finalement très peu d'effort pour y parvenir. Comme il semble qu'il s'agisse d'un récit autobiographique, je suppose que c'est vraiment comme cela que le vit l'autrice. Il apparaît donc qu'il me manque des clés pour comprendre et adhérer.



Il faut avouer que la psychologie des personnages n'est dès lors pas suffisamment construite. De Roxane, on saura qu'on a affaire à une femme forte, avec des idées bien tranchées, des principes tout en étant fragilisée par une enfance difficile et des relations familiales compliquées. Nael apparaît plutôt comme un homme bienveillant, très conciliant, meurtri dans son âme par le fait d'avoir du laisser sa famille se débrouiller en Syrie. Et l'on s'arrêtera là. Ce qui n'est pas assez pour se mettre à leur place ou pour ressentir les émotions qui permettraient au lecteur d'entrer en communion avec eux.

D'ailleurs, j'ai trouvé que Nael jouait presque un rôle de figurant. Sans doute normal dans un format autobiographie que ce soit l'auteur qui soit le plus mis en avant. Sauf que le roman n'est pas présenté comme tel, et donc, on a l'impression de passer à côté de tout un aspect qui doit être important dans la construction de leur couple.



Si j'ai bien aimé la plume de l'autrice, j'ai donc comme un goût de trop peu en tournant la dernière page.

Le commentaire de Carole :

Un parcours de vie qui est intéressant à lire. Roxane et Naël se sont connus en Chine pendant leurs études. Elle, originaire de France et lui, de la Syrie, ils auront des obstacles à relever, mais l’amour vient à bout de tout. Naël poursuit ses études pendant que Roxane travaille en Suisse avec acharnement dans le domaine de l’hôtellerie. Les deux ont souffert et leurs âmes sont blessées, pour un, c’est la guerre qui a détruit son village, tandis que pour l’autre, ce sont des souvenirs de jeunesse marqués par la violence, la démence et les coups. Deux guerres différentes qui laissent des traces. Le récit démontre, d’une façon exceptionnelle, les préjugés que les gens ont envers les Musulmans, sans connaître Naël, on le soupçonne d’être un voleur, un manipulateur, et même de vouloir se faire entretenir par sa future femme. Roxane, quant à elle, vis le rejet de sa famille parce qu’elle fréquente un musulman et se voit même refuser un emploi pour cette même raison. Ils ont dû faire face à toute une panoplie de difficultés pour les visas, les permis et l’immigration. J’ai trouvé l’histoire attrayante et bravo à Roxane pour sa persévérance, quand elle désire quelque chose, elle fait tout en son pouvoir pour l’obtenir, un exemple qui en dit long, elle veut se marier catholique dans une église protestante avec un musulman, elle n’a pas peur des défis. Tandis que Naël, on ne peut faire autrement que de l’aimer tellement il a l’air sympathique et bon gars. Un récit que je vous recommande, aucune longueur juste un parcours de vie intéressant pour Roxane et Naël.
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J’ai encore du mal à poser mes émotions et mes mots sur cette autobiographie. Car oui, disons-le tout de suite, c’est une autobiographie. Certes, ce n’est écrit nulle part, mais lorsqu’on lit la biographie de l’auteur et le roman, nous pouvons faire immédiatement le rapprochement. C’est cette dimension autobiographique qui rend le roman d’autant plus poignant, émouvant. Nous allons apprendre à connaître Nael et Roxane dans leur couple mais aussi leur passé, leurs blessures, leurs difficultés. Pour moi, le roman se découpe en deux parties. Une première partie plus axée sur Nael et l’horreur de la guerre qu’il a vécu puis une deuxième partie plus axée sur Roxane et ses traumatismes d’enfance. Le fil conducteur du roman reste le couple et les préjugés auxquels ils font face, au rejet de leur entourage concernant la nationalité de Nael.



Le récit aborde plusieurs points sociétaux problématiques. Nous avons principalement le racisme, la maltraitance infantile et la guerre (de Syrie principalement). C’est un roman sensibilisateur. En plus de raconter la vie difficile du couple, il pointe du doigt tout ce dont nous ne voudrions pas avoir connaissance. Ce que nous, nous prenons pour des « théories » sur le rôle des Etats-Uniens dans la guerre Syrienne est ici relaté par Roxane, qui l’a elle-même entendu de son mari. Honnêtement, je n’ai aucune connaissance dans ces faits dramatiques, mais j’ai été très choquée d’y apprendre tout un tas de choses aussi horribles les unes que les autres. Ce roman ouvre les yeux sur la réalité de la guerre, sur la difficulté de l’immigration, sur la vérité que les médias tentent d’étouffer et sur le racisme vécu au quotidien. Et ce n’est pas tout, il sensibilise aussi à la maltraitance infantile, à la difficulté de gérer ces traumatismes dans la vie d’adulte.



« J’ai vécu une guerre faite de bombes et d’armes tenues par des terroristes. Tu as vécu une guerre faite de coups et d’humiliation donnés par tes propres parents. Tu as vécu la guerre. Ce n’est simplement pas la même. » (paroles de Nael, page 110)



Les descriptions des souvenirs, surtout de ceux de Nael, sont particulièrement jolies. On se croirait dans son petit village calme de Syrie, auprès de lui et sa famille. C’est d’autant plus destructeur lorsque ces mêmes descriptions changent brusquement pour se tourner vers la guerre, le petit paradis campagnard détruit, les familles endeuillées. J’en ai pleuré des torrents. L’auteure a une plume qui retranscrit à merveille les émotions, ses émotions, leurs émotions. C’est poignant, émouvant, révoltant. Ça vous claque la réalité en face.



« Tu sais, dans mon village à Foua, on avait une grande maison avec une cour intérieure où je jouais avec mes cousins toute la journée. En partant du portail, il y avait une longue galerie dont le toit était recouvert de grappes de raisin. En été, il suffisait de tendre le bras au-dessus de nos têtes pour en cueillir quelques grains. J’adorais ça. » (paroles de Nael, pages 25 et 26)



C’était un gros coup de cœur. Un titre poétique et un roman transpirant d’émotions et de vérité. Je ne peux que le conseiller à n’importe quel lecteur.
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