Ce qui permettait de supporter la perte de quelqu’un qu’on aimait, ce n’était pas ce qu’on se rappelait, mais ce qu’on oubliait. Au début elle avait oublié les petits détails, l’odeur du savon qu’avait utilisé sa mère, la couleur de la robe qu’elle mettait pour aller à l’église, puis, au bout de quelque temps, elle avait oublié le son de sa voix, la couleur de ses cheveux. Rachel était stupéfaite de voir tout ce qu’on pouvait oublier, et tout ce qu’on oubliait ainsi rendait la personne en question moins vivante au-dedans de vous, jusqu’au moment où on pouvait enfin supporter son absence.