Le soleil s'en va, prêt à disparaître derrière la montagne. Comment s'appelait-elle cette montagne qui chaque soir l'engloutissait presque d'un seul coup, je ne m'en souviens plus. Je vois l'ombre qui descend telle une langue retirer de la pelouse les dames avec leur tricot tandis que les enfants aux voix aiguës et stridentes s'égaillent comme des chèvres pour redescendre par le sentier. Aiguilles à tricoter et pelotes colorées de laine rangées dans les sacs, les mères avant de les suivre appellent le Nacarun pour qu'il rentre les chaises de toile dans le petit appentis. Là-haut survivent des îlots de crépuscule vert et or sur les prés merveilleusement déserts, abandonnés à leur tour par les vaches revenues dans l'obscurité des étables.