Citations de Sabine Péglion (51)
Les chaises au jardin portent encore sur elles
le bruissement léger des corps aux voix mêlées
Ce sont vos regards nos rires qui s''interpellent
se brisent aux cordes d'une guitare oubliée
Retrouver la musique de ces instants fragiles
et ces parfums de fête au vent éparpillés
Sur le rouet des souvenirs tourne file
tisse la trame vive de ces jours rassemblés
( " Australie, notes croisées")
Sans toi
il nous faut désormais
poursuivre la traversée
Ce que tu fus demeure
chante encore en moi
Ne meurt que l'apparence
(" Cet au-delà de l'ombre")
Le vent le vent courait ce matin
éclaboussant d'espace nos désirs
il a lavé nos fenêtres obscures
nous a laissé l'âpre morsure
et la fragilité du dire
Le vent le vent courait
écartant sur les troncs l'écorce sombre
de nos regrets il bousculait nos songes
et nous rendait libres d'aimer
creusant au loin sur la mer des sillons
sonores bouleversant l'horizon
de nos mots à la page dispersés
Le vent le vent courait
Extrait de " Par-dessus l'épaule du temps"
Avec tes mains
nouées aux siennes
apprends-lui
à s'élancer joyeux
sur la balançoire du temps
(" Métamorphoses et autres résonnances ")
Sur le miroir de l'entrée
le temps s'est arrêté
résonnent encore
sur le clavier tes mains
les doigts levés
ce chant que l'on fredonne
les notes envolées
vers le jardin
la porte s'est ouverte
j'entends tes pas
sur le gravier
s'éloigne ta silhouette
et les traits du passé
A tes yeux de surprise matinale
Je veux m'étonner le premier
A tes lèvres de verveine
Je veux boire encore ce rire ailé de gazelle
A tes cheveux de poivre blond
Je veux renouveler ma soif
A ton ventre de jeune pêche
Je veux attendre l'été mûrissant
Oreille contre coeur
Merveille pour merveille.
Jean Orizet
Malhabile… *
Malhabile avec la terre des mots
― ocre fine poussière du chemin
patiemment rassemblée
sans souci des ornières ―
tu façonnes
non pas vases de libation
mais humble écuelle
sans autres ornements
que le poli des jours
Mains en coupe
tu recueilles quelque éclat entrevu
dans l’humilité et le silence
* Poème inédit extrait de Par-dessus l’épaule du temps
On partira c'est sûr
appuyés l'un à l'autre
parmi le cri des mouettes
délivrant la mer
les lueurs de l'aube
inclinant l'horizon
et ce sillage au loin
qu'il nous faudra franchir
On partira c'est sûr
appuyés l'un à l'autre
Mais que ta main encore
sur la mienne se pose
passerelle de vent
occultant l'abîme
en cette course
à l'infini des jours
qu'elle inscrive sur la berge
la caresse de l'instant
la profondeur des choses
la trace de nos pas
ce sillage fragile
minutes partagées
à la saveur du vivre
Sabine Plégion.
Je suis ton aube
Je suis ta nuit
Je suis une poussée de fièvre
Je suis un battement d'aile
Je suis une ardeur lycéenne
Je suis un cri sans fin
Je suis cette main tendue au coin d'une rue
Je suis cette faim qui rend toute pensée frêle
Je suis le sommeil d'un peuple millénaire
Je suis une angoisse inexpliquée
Je suis cette femme qui vient d'être aimée
Une langueur qui tâtonne
et guette l'aurore au fond d'une falaise
Un désir, un souvenir de ce que tu fus,
Longtemps,
Longtemps,
Avant d'être ce que tu es.
Je suis un songe de liberté
Et cette nuit,
C'est de toi,
Terre d'émeraude ,
Que j'ai rêvé.
Poème de Ketty Nivyabandi, journaliste et femme poète exilée, originaire du Burundi.
Sous les branches du figuier
S'aimer sans hâte
Nudite célébrée
Un goût de raisin dans la bouche.
Mireille Fargier-Caruso
"Je respire par tes mains
Je me couvre de tes veines
Je te bois
Je deviens
Soleil rouges
Tu es mon paysage mon tempo ma cadence
Mon naufrage et ma rime ma vague et mon volcan
Mon ilot de lumière ma bouteille à la mer
Mon homme argile"
Imasango
Dans écrire,
Il y a rire,
Il y a cri.
Écrire est un bonheur.
Sabine Péglion
Seule la violente douceur de l'amour allume à l'horizon une lumière tenace.
Jocelyne François
Écrire pour inventer la vie
J’écris pour réinventer
ces marchés de mots lancés
éclaboussés du rire des enfants
nos tables en miroirs
où se croisaient nos rêves
nos voix et nos poèmes
J’écris pour rappeler
l’évocation d’Apollinaire
leurs regards vers toi tournés
cette confiance accordée
Messagère lointaine
C’était tu t’en souviens à la fin de l’été
J’écris pour ce silence
accueillant le poème
Soleil cou coupé
Les mots sont des totems
Sous toutes latitudes
Comme une barque haut
lancée
proue d'écorces de lumière
entrelacées
tendue face aux bourrasques
sans lien avec la terre
balancée
Inscrire ce qui donne poids
NAXOS
Extrait 2
Obstinément
tête baissée
enfouissant ses yeux
elle cherche
quelques galets troués
où le vent du silence
trouverait un chemin
où les mots murmurés
s’élèveraient en chant
agates en volutes
coquillages froissés
marbre éclaté
fouillant la berge
obstinément
tête baissée
elle rassemble
au plus près de la dune
dans la sauge
et le bleu des chardons
les traces d’un ciel épars
L’horizon s’est enfui
au-delà des rochers
fil où son corps se pend
On ne défie pas les dieux Arachné
La toile à présent se referme
sur les mots du poème
Que ma première certitude soit de toi
A la chaude clarté du matin
Et ma première crainte, que l'inconnu
Dans la nuit ne t'engloutisse.
Emily Dickinson
Quand s'entrouve la nuit
elle inscrit les lambeaux
de rêves déchirés
d'espoirs désertés
puis sur la toile fine
lentement imagine
ritournelles rengaines
berceuses mélodies elle laisse derrière elle
un rideau d'étincelles
pour éclaircir le ciel
(" Faire un trou à la nuit")
En toi
gît à présent ce nid
suspendu
matrice indéfectible
nid vide
inflexible au centre
de toutes tourmentes
Je respire par tes mains
Je me couvre de ta peau
Je te bois
Je deviens
Soleils rouges
Tu es mon paysage mon tempo ma cadence
Mon naufrage et ma rime ma vague et mon volcan
Mon îlot de lumière ma bouteille à la mer
Mon homme argile
Imasango