Sandrine Meilland-Rey

Les deux êtres qui l'avaient mise au monde n'existaient plus. Cette réalité lui semblait inconcevable, pourtant chaque seconde qui s'écoulait confirmait cet état de fait. Elle portait en elle un chagrin immense, qui pesait sur son cœur, remontait dans sa gorge, emplissait sa tête. il faudrait apprendre à vivre comme ça.

Rose et Fernande ne purent s’empêcher de pousser un cri lorsqu’elles se trouvèrent au milieu des rayons. [...] Rose n’avait jamais vu un magasin de la sorte. Tout était à portée de main. Les plus belles matières, chatoyantes et soyeuses, attiraient son attention. Elle aurait eu envie de tout toucher.

Je gagne un bon salaire, sans avoir besoin d’un homme, et je compte bien inculquer cette philosophie à Fernande. J’aimerais qu’elle fasse des études, qu’elle obtienne un travail qui lui plaise. Ce n’est pas parce qu’elle est une fille qu’elle doit dépendre de son mari.

Autour d’elle, des robes, des chemisiers, des manteaux de toutes les couleurs étaient exposés. Elle se déplaça au hasard, palpa les matières, apprécia le toucher du chantoung, d’un brocart de damas, se surprit à s’imaginer posséder de si beaux vêtements.

La magie de l’électricité qui prenait vie dans cette ampoule au plafond apportait un confort appréciable puisque désormais elles pouvaient veiller un peu plus tard.

Devenir mère ne se décrétait pas, il lui faudrait apprivoiser cet enfant qui s’était construit grâce à l’amour d’une autre.

Surtout pour celui qui ne vit que dans le rapport de force pour combler un manque d’assurance en lui, une faille narcissique en quelque sorte. Ce type de harceleur là est dénué de tout affect. Il a besoin de détruire sa victime pour se sentir exister. C’est le plus dangereux, car il agit masqué. En société, il apparaît comme affable, souriant, séduisant. En privé, il dénigre, il insulte, il démolit. » (de « Le Chant de la grenouille: un roman bouleversant pour aider les victimes d'emprise psychologique conjugale.

Malgré la peine et le chagrin, ils devaient continuer à aller de l’avant et vivre pour ceux qu’ils aimaient.

Elle avait eu un sommeil agité, elle aussi. Certainement parce que sa surprise avait été gâchée et qu’elle était déçue qu’ils n’aient pas fait ce repas en amoureux. Elle devra comprendre qu’elle n’est pas le centre de tout, et le bébé non plus d’ailleurs. Ce qui lui arrive est bien plus grave. Hier, Nicolas n’a eu aucune envie de lui raconter pourquoi il était rentré si tard. Quand il a passé le pas de la porte, il l’a vue rayonnante avec sa robe rouge, et cette vision l’a agacé au plus haut point. Le bonheur qu’elle affichait et sa mine réjouie l’horripilaient, après ce qu’il venait de vivre. Il avait besoin de calme, de solitude et surtout de ne pas recommencer avec elle une conversation inutile. Mais il sait qu’il ne peut pas cacher sa convocation à la gendarmerie à sa femme.

Le bonheur est un papillon qui, lorsqu’il est poursuivi, est toujours au-dessus de votre portée, mais qui, si vous vous asseyez tranquillement, peut se poser sur vous.
Nathaniel Hawthorne