Sarah Constantin

Parce qu'il y en a, du taff, niveau égalité des sexes sur les bancs de l'école : entre les programmes d'histoire ne comptant quasiment pas de femmes, les corpus de textes qui semblent nous faire croire que nous n'avons pas eu d'écrivaines suffisamment remarquables pour faire de leur oeuvre un sujet d'étude, les réflexions sexistes des profs, celles des élèves, le harcèlement, le cyberharcèlement, les shorts autorisés aux garçons mais pas aux filles... On continue la liste, ou vous voyez de quoi on parle ?

Aujourd'hui, on est émerveillées de voir que de plus en plus de lycéen.ne.s et de collégien.ne.s s'engagent contre les discriminations sexistes au sein de leur établissement. On est encore plus en amour quand on se rend compte que ça marche : les mobilisations arrivent à faire bouger les lignes dans les écoles.

Grâce à Femen, nous avons pris conscience de l'importance que les femmes investissent l'espace public. Avec leurs corps, leurs slogans et leurs idées politiques. Nous parlions dans le chapitre "recouvrir les murs" de la nécessité de s'approprier les murs des villes. Il est tout aussi important de s'accaparer les trottoirs, les routes, le bitume, que les institutions, les assemblées, et l'espace médiatique. De faire vivre nos revendications en dehors de nos appartements et de nos maisons. Qui veut faire la vaisselle ? Nous on fait la révolution !

Rappelons-le une bonne fois pour toutes : le féminisme n'a jamais tué personne (contrairement à la misogynie qui tue toutes les 48 heures en France).

Aidez les autres femmes, valorisez-les, ne les jugez pas selon leur physique, leur attitude ou leur sexualité. Il est très courant d'entendre des femmes en slutshamer d'autres, c'est à dire porter un jugement négatif en raison de leur activité sexuelle qui serait jugée excessive. Cette attitude nuit doublement aux femmes : elle les divise et les affaiblit. Elle perpétue aussi l'idée selon laquelle les femmes qui assument leur sexualité devraient être stigmatisées. Pourquoi ne pas se réapproprier cette insulte et en faire une fierté ? Si être une salope signifie avoir une sexualité libre et épanouie, alors OK : on est toutes des grosses salopes. Soyons-en fières ! Montons des gangs de salopes partout où nous passons ! Il n'y a aucun mal à avoir une sexualité débordante et à l'exprimer, au contraire !

La France est seul pays au monde à poursuive les activistes Femen pour exbition sexuelle, niant le caractère politique des actions menés.

Le clean tag tue clairement le game du marquage écologique (mais nécessite un peu plus de matériel). L'idée est de marquer une surface sale en la décapant à l'aide d'un nettoyeur haute pression. En gros, vous faites un pochoir, mais au lieu d'ajouter de la peinture, vous retirez de la poussière et de la crasse. Avantage non négligeable de cette méthode : vous n'encourez aucun risque légal (on a le droit de nettoyer l'espace public).

"It's not a bretzel", "It's not a ghost", "It's not an alien". Julia Pietri a découvert très tard à quoi ressemblait un clitoris et est bien déterminée à faire connaître cette anatomie. En mars 2019, elle met en ligne en open source des affiches pop et intrigantes, représentant des clitoris afin que chacun.e puisse en imprimer et en coller sur les murs de son quartier et que l'on sache enfin à quoi ressemble l'organe du plaisir de la moitié de l'humanité. Les affiches sont imprimées et collées dans la France entière (et même au delà !) par des centaines d'activistes. En lançant cette campagne d'affichage sauvage, Julia Pietri a lancé un appel au gouvernement, demandant que le clitoris soit enfin représenté dans les manuels scolaires francais. Et vous savez quoi ? Ça a marché !

En France, le sexisme semble avoir un statut juridique tout particulier : on appelle ça la liberté d'expression.

S'affirmer dans sa vie sexuelle permet de mieux s'affirmer dans sa vie de tous les jours. Comment changer le monde sans se changer jusque dans son intimité ?

Connaitre son corps, c'est aussi connaître les capacité. A la fin de leur puberté,41% des Françaises abandonnent leur pratique sportive, notalement parce qu'elles considèrent le sport n'est pas fait pour elles. Il n'est pas question ici de dire que celles qui ne pratiquent pas le sport seraient moins capable que les autres. Mais il dommage que tant de filles arrêtent toute activité physique de peur d'être moquées, ou parce qu'elles se disent que "ce n'est pas fait pur elles".

Nous avons presque toutes grandi avec l'idée que notre corps ne nous appartient pas vraiment. Qu'il n'avait que deux fonctionnalités : susciter le désir de l'autre et faire des enfants.

Notre pouvoir ne tient qu'à nous et nous sommes bien décidées à nous faire entendre. […] Nous sommes la moitié de l’humanité. Nous refusons de regarder l’Histoire se faire sans nous et contre nous.

Rappelons-le une bonne fois pour toutes : le féminisme n'a jamais tué personne (contrairement à la misogynie qui tue toutes les 48 heures en France).

Nous nous rappelons également avoir rencontré une militante qui nous a dit : "Vous allez voir, le féminisme, c'est comme des lunettes, une fois que vous les mettez, vous ne pourrez plus voir les choses autrement, le moindre détail vous sautera aux yeux."

Nos institutions mettent dans la tête des filles que leur corps est obscène et qu'il faudrait le cacher... mais pas trop non plus. L'idée se glisse insidieusement dans l'esprit des garçons que c'est aux filles de faire un effort pour ne pas être désirables. Comme si le corps féminin ne pouvait être autre chose que sexuel et indécent. Heureusement, de plus en plus de filles et de garçons se rebellent face à ces situations insensées qui leur foutent la rage. (p. 18)

Nous sommes la moitié de l'humanité. Nous refusons de regarder l'Histoire se faire sans nous et contre nous. (p. 199)