Sébastien Normand

Nous savons aujourd’hui que le langage oral date de quelques centaines de milliers d’années. Le simple fait d’exposer un bébé à une langue fera généralement en sorte qu’il l’apprendra spontanément sans qu’un enseignement formel soit donné. Pour plusieurs personnes, on dirait que le même phénomène se produit avec la lecture῀: lire semble pour elles aussi simple que de respirer, de voir, d’entendre et de parler. Cependant, malgré les apparences, la lecture n’est pas naturelle. Elle résulte plutôt d’apprentissages successifs qui doivent être faits pour maîtriser le code écrit.

Il existe un fossé entre les connaissances scientifiques les plus récentes et les pratiques entourant la dyslexie dans nos écoles, nos maisons et nos communautés. Le défi, pour un domaine scientifique qui a évolué aussi rapidement que celui de la dyslexie, réside dans l’application de ces connaissances. Transférer les connaissances scientifiques sur le terrain est toutefois un enjeu primordial pour mieux accompagner les parents d’enfants dyslexiques et pour mieux former et soutenir les enseignants dans leur formation.

La lecture ne devrait pas être synonyme de torture pédagogique. Lire devrait permettre à l’enfant d’apprendre en s’amusant. Par ailleurs, les parents ou les enseignants ne sont pas à blâmer pour cette réalité. De nos jours, la lecture est en compétition avec d’autres activités῀: les ordinateurs, la télévision, les jeux vidéo, etc. De plus, la motivation à lire tend à se détériorer au fil du temps. Comme la motivation prédit souvent le comportement, les jeunes qui sont démotivés lisent moins.

Partager des bouts de lecture, lire des histoires drôles, intéressantes ou interactives avec l’enfant aide aussi parfois. Bien que le parent (et même l’enseignant) puisse vouloir transmettre des connaissances et des compétences en lecture à l’enfant, le plus important, la clé, est de transmettre la passion et des attitudes positives envers la lecture. C’est l’un des plus précieux cadeaux que l’on puisse offrir à un enfant. Les connaissances et les compétences suivent plus facilement par la suite.

Selon les spécialistes, la dyslexie développementale est un trouble spécifique d’apprentissage d’origine neurologique. Elle est caractérisée par des difficultés spécifiques sur les plans de la lecture et de l’écriture des mots individuels. Plus particulièrement, les dyslexiques éprouvent des difficultés importantes à trois niveaux principaux῀: le décodage des sons écrits, la vitesse et l’exactitude de la reconnaissance des mots, ainsi que l’orthographe des mots.

Certains lecteurs dyslexiques pourront même arriver à devenir de bons lecteurs dans leur champ d’intérêt (comme la chimie) avec la pratique, mais ils continueront d’avoir des difficultés dans la rapidité et l’exactitude de décodage des mots moins familiers. De plus, les difficultés de décodage restent bien visibles à l’adolescence et à l’âge adulte.

En fait, la lecture n’est pas naturelle du tout et il s’agit d’un mythe toujours présent de nos jours. En effet, même si on entoure un enfant de plusieurs livres, il n’apprendra à lire que si on lui enseigne spécifiquement comment faire. Lire est une habileté qui doit être apprise comme jouer au tennis, faire de l’équitation ou jouer au piano.

Les enfants sont des êtres uniques et précieux qui n’ont qu’une vie à vivre. Il est donc important pour les parents et les enseignants de détecter chez eux le plus tôt possible les signes de dyslexie.