Et les recherches sur le pourquoi du chant des oiseaux sont d’une perversion tout à fait particulière en France. Rien d’idyllique, disent vos auteurs, dans le chant des oiseaux, au contraire même. Et je pense comme eux. Les « beautés » du chant chez les oiseaux ne sont qu’une aberration, une dégénérescence du sifflement primordial du serpent dont l’oiseau descend directement. Il n’y a pas d’art dans le chant de l’oiseau, ni art ni plaisir, mais cri uniquement, cri physiologique.
Si nous entendions vraiment le chant des oiseaux, nous serions terrifiés. Seul Kafka a su entendre le chant du rossignol : il l’a trouvé terrifiant. Quelle oreille écoute le chant de l’oiseau ? La stupide sentimentalité humaine a transformé ce cri physiologique en prétendue « beauté ». Il n’y a pas de « beauté » naturelle. La nature est sans aucune « beauté ». Seuls l’œil, l’oreille humaine ont désiré à toute force accorder de la « beauté » là où il n’y a qu’abjecte manifestation d’un phénomène par rapport à un autre phénomène.
Nous sommes des présences répulsives. Je vous répugne, vous me répugnez, tout nous répugne si nous ne l’interprétons. C’est en interprétant le chant du rossignol que nous réussissons à nous rassurer.
Ces cris dans la nuit sont cris de petite viande en travail de répulsion. Petite viande ailée qui palpite et crie, accrochée à une branche, pendant qu’une autre petite viande ailée couve une sécrétion destinée à reproduire l’absurde espèce… et ainsi de suite. Toute manifestation du vivant n’est que répulsive. Par tous les moyens on écarte, on écarte, on répulse ! On délimite une zone personnelle autour de soi avec la même obstination que nous mettons à rejeter hors de nous ce que nos cellules ne tolèrent pas. Et en même temps nous voulons furieusement nous emparer de l’autre. Le dévorer pour le déjecter…