Tour à tour peintre, chansonnier, écrivain et dramaturge, Serge Rezvani a marqué la vie artistique et culturelle française depuis l'après-guerre. Un album de reprises de ses chansons inédites, "Chansons pour Lula", est paru en mars 2023 chez le label "Productions Jacques Canetti". Il nous en parle.
#SergeRezvani #musique #chanson
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Je suis pris d'effroi en pensant que mon amour pourrait tomber entre les pattes de ces terrifiants névrosés que sont -tous- les neuropsychiatres, neuropsychologues, neurogériatres, neurocapos !...oui, j'ai peur, très peur pour elle ! Et soudain la crainte de mourir en la laissant seule, sans moi, me hante à en mourir ! (p.60)
...je t'ai expliqué que "l'autre", celui qui assiste, est peut-être encore plus gravement atteint que le malade lui-même car il voit, il relativise, il subit les symptômes, il se désespère- seul-, oui-seul- ! il ne sait comment réagir, il ne sait comment agir, il souffre de la relative indifférence...et surtout de l'ignorance involontaire de l'être qu'il aime et avec lequel il ne peut partager à égalité...(p.31)
J'avoue sans aucune gêne le mépris des "durs de durs", la condescendance de ces hommes qui prétendent laisser aux femmes l'amour souvent trop excessif à leur goût, et qui considèrent ces sortes d'attendrissements indignes de la "race de ceux qui pissent debout" (p.126)
Ce fantasme d'une famille littéraire qui sans le savoir écrit un seul livre a un relent borgésien très déplaisant. Et quel est ce prétendu livre unique ?
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J'assume avoir été contaminé par le désir de douceur, de tendresse et d'amour que bien des femmes regrettent de ne pas obtenir des hommes. J'accepte et revendique même mon appartenance aux deux sexes qui nous fondent et, bien qu'exclusivement masculin par goût et par nature, je sais en moi la part de féminité qui rend "l'artiste" si curieux envers La Femme et l'infranchissable mystère qu'elle représente.
Ce matin, réveillé très tôt par l'excès des chants des oiseaux autour de la maison. Délicieux petit creux dans l'estomac, Enthousiasme d'être plongé dans le clair matin. Euphorie qui me rappelle l'adolescence quand à chaque réveil je m'élançais plein de foi, vers cette nouvelle journée qui s'ouvrait. Angoisse ce matin devant la beauté du vallon. Sur la terrasse, dans l'aube gris et rose, une foule de lys blancs debout. Parfums sucré de ces fleurs qui semblent elles -mêmes en sucre transparent
Et me voilà (...) plus que jamais enivré d'énigme ! Mourir sans avoir compris ! Quelle ivresse ! Moi, je dirai plutôt : mourir en ayant compris qu'il n'y a rien à comprendre si ce n'est que l'humain a inscrit à même le ciel le plus beau d'entre tous les signes, le point d'interrogation. Ce signe (...) crée une rencontre délectable ! Rien que pour cela, l'Humanité mériterait d'exister, aussi fugitive soit-elle ! Et rien que pour signifier ces signes par la pratique à la fois inutile et nécessaire de la peinture, ma vie de peintre méritait d'être vécue. Depuis mes dix-sept ans (...), je revois ces dizaines et dizaines d'années d'interrogations par la peinture et par l'écriture, comme une grisante raison d'avoir été !
Pour la première fois je ressentais au contact d'une femme qu'il n'y aurait ni camaraderie ni amitié mais quelque chose de fiévreux de ténébreux d'irrésistible et de fatal. Je sus qu'il n'y avait pas de hasard. Ce qui venait de se rencontrer à travers nous nous dépassait. Tu étais cette autre part du monde qu'il me fallait rejoindre. Tu me souriais et me tendais les mains depuis l'autre rive.
Quel grand artiste, au moment d'entrer dans la mort, ne s'est vu soudain tellement loin de ce sublime que toute sa vie il avait chercher à rejoindre ! Quel grand artiste ne meurt déçu de lui-même ? Arrivé à l'instant ultime, Virgile n'avait-il pas demandé que l'on détruise ses écrits ? De même Kafka...
Comment pourrais-je être vivant encore si elle n'est plus là? (...)
Que même le peu qui lui reste encore de la sensation d'être elle, de me savoir moi près d'elle, tant qu'elle reconnaît ce qui l'entoure, tant que se prolonge la sensation d'être en vie, tout plutôt que de disparaître tout à fait !...Qu'il y ait vie ! Vie !...Bien que me revienne obsessionnellement la phrase d'une violence insoutenable de la neurolo-psychiatre parisienne me prévenant qu'un jour mon amour serait "une morte sans cadavre"...(p.59)