J’appris que le rêve a aussi un prix… une bonne partie de mon action restant secrète – les achats d’armes, l’alliance avec la France, l’opération Suez -, je n’avais d’autre choix que celui de vivre dans l’ombre. Ceux qui me critiquaient ne connaissaient souvent – et ne connaîtraient jamais rien de plus – que la moitié de l’histoire. J’en vins à appréhender le choix crucial à tout leadership : poursuivre des rêves d’envergure et en subir les conséquences ou bien restreindre ses ambitions pour préserver une bonne cohabitation… Je ne connaissais aucun autre moyen de devenir quelqu’un d’autre, si bien que j’acceptai la seule option à ma portée : être moi-même et ainsi faisant, servir une cause qui dépassait de loin ma personne.
pp. 99-100
"Que vous soyez optimiste ou pessimiste, vous mourrez le même jour. Mais l'optimiste vit beaucoup mieux."
Je crois à " l'inévitabilité " de la paix , car j'en comprends la nécessité qui est peut-être le concept le plus puissant de tous . c'est elle qui a conduit les pionniers à s'établir dans notre mère patrie ( sic ) . C'est elle qui les a poussés à faire preuve de créativité , à transformer des étendues salées en terres fertiles , un désert en jachères , en une collectivité qui pourrait en récolter les fruits ....... le coût de l'hostilité est simplement trop élevé .
Sa vie fut aussi improbable et extraordinaire que son pays bien-aimé. Il croyait qu'établir la paix et faire d'Israël un endroit meilleur participaient à la création d'un monde plus harmonieux, plus prospère et plus généreux, et que personne ne pouvait avoir d'aspiration plus élevée.
L'écart entre les responsabilités de Ben Gourion et les miennes était immense à tout égard ...... mais les liens forgés en temps de crise sont d'une force peu coutumière . Au début , notre collaboration évolua avec une certaine décontraction . Ben Gourion paraissait apprécier que je sois dur à la tâche , n'ayant le désir ou le besoin que d'un minimum de sommeil . ( J'ai même conservé l'une de ses notes manuscrites sur mon bureau , qui disait simplement : " Shimon , n'oublie pas d'éteindre la lumière ! " Avec le temps , il a appris à me faire confiance et à s'en remettre à moi , d'une façon qui surprenait ceux qui avaient plus d'expérience et de bouteille que moi .
" Pourquoi , vous fiez-vous à ce garçon ? " , les entendais-je lui demander .
Sa réponse était toujours la même :
" Pour trois raisons , il ne ment jamais , il ne dit du mal de personne et quand il frappe à ma porte , c'est que d'habitude une nouvelle idée lui est venue " .
Ensemble israéliens et Arabes, avec l'aide du monde entier, nous devons expurger le sel de l'eau, le désert de la terre et la haine de l'homme. C'est seulement ainsi que nous créerons, pour nos enfants et les générations à venir, un nouveau Proche-Orient. Les prophètes y sont nés. Il ne faut pas que leurs prophéties tombent dans l'oubli. Le message des prophètes était un message de paix et de justice sociale, d'une foi enthousiaste envers les êtres humains, car chacun de nous est créé à l'image de Dieu. C'est le message de la création d'une société plus juste où il n'y a ni oppresseurs, ni opprimés, ni privilégiés, ni défavorisés. Nos ancêtres avaient une vision de l'homme. Il nous appartient de la réaliser.
C'est ce que je crois.
En discutant, l'homme n'est jamais aussi ouvert que lorsqu'il lit un livre.
Quand nous parlons, nous avons certaines réserves.
Parler est un dialogue avec autrui, quand lire est un dialogue avec soi-même.
- C'était en 1954. J'étais venu à Paris remettre au général Pierre Koenig une lettre que Ben Gourion lui avait adressé personnellement. Le général Koenig était le nouveau ministre de la Défense du gouvernement Mendès France. Je pris contact avec lui un vendredi soir. Il s'apprêtait à quitter Paris et il me proposa un rendez-vous pour le dimanche. J'étais extrêmement flatté car il est rare qu'un ministre français ait des audiences le dimanche.
.../...
Le général Koenig est resté jusqu'à la fin de sa vie l'un des plus grands amis d'Israël. Il m’écrivait régulièrement des lettres d'encouragement, et j'ai tenu à assister personnellement à ses funérailles.
Quand j'ai regardé autour de moi et n'ai trouvé personne à qui je puisse poser une question. J'ai alors compris que je devais moi-même fournir des réponses.
Avec le temps, sans forcément qu'un camp se sente supérieur à l'autre, les conflits transforment les relations.