Combien de millions de Tchèques, de Roumains, de Bulgares, d'Albanais, de Serbes, de Russes, d'Italiens, d'Autrichiens, d'Espagnols, de Suédois, de Norvégiens et de Hongrois, en route pour Paris, avaient-ils ressenti, quelques heures avant leur arrivée, cette même perplexité et, installés dans leur compartiment, en regardant le paysage, avaient-ils tous éprouvé la même angoisse et la même incertitude, tous étrangers et tous membres d'une seule famille, compliquée et désunie : les Européens... Eh bien, quoi qu'il en soit, une famille malgré tout : même lointain et provincial, je suis de la famille, songea-t-il à présent.