Citations de Solange Raby (21)
Tom n’en revenait pas. Il la tenait dans ses bras, la jolie brune à la peau claire. Sa hanche qui frôlait la sienne régulièrement faisait naître une chaleur sourde dans ses entrailles. Surtout, ne commets pas d’impair.
Cette fille-là n’est pas n’importe qui. Il lui sembla que quelque chose appuyait fortement sur son plexus solaire. Il devait retrouver son sang-froid. Souviens-toi pourquoi tu es en France. S’il n’était pas devant elle, il se giflerait.
Il avait bien entendu dire qu’un mariage était le lieu idéal pour une rencontre. Il ne croyait toutefois plus au coup de foudre depuis longtemps.
Tout ce qu’elle savait, c’était que Jean était un homme de conviction qui ne transigeait pas avec ses principes. Il avait dû désapprouver des décisions qui mettaient en péril ses recherches ou lui causaient trop de difficultés. Mais plus probablement, le décès de sa tante Pauline avait-il joué un rôle dans son départ précipité. Elle supposait qu’il avait eu besoin de changer d’air.
« Ce n’est pas parce qu’un imbécile t’a déçue que tous les hommes sont des imbéciles ! L’amour, ça existe Loïs. J’y ai eu droit avec ta tante. Laisse-lui une chance ! » Elle secoua ses idées noires.
Qu’est-ce qui lui était passé par la tête d’acheter des escarpins de ce gabarit, elle qui n’était habituée qu’aux souliers presque plats ou aux baskets ? Il faut dire qu’en choisissant sa toilette, elle ne pensait pas qu’elle se retrouverait auprès d’un prince charmant, à gigoter sur un sol très lisse.
Vous savez ce que disait Victor Hugo, un de nos plus célèbres écrivains ? « Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde. » Nous autres, Français, souffrons d’un complexe de supériorité inné.
Elle savait maintenant qu’elle ne fabulait pas. Elle prit une profonde inspiration et pressa le pas vers les toilettes.
Elle admira son profil, son nez droit, l’arc de Cupidon de sa lèvre supérieure, ses longues mains masculines qui tapotaient sur l’écran. Il avait quelque chose de familier, une sensation d’irréalité, d’étrangeté, un air de déjà-vu qui l’interpella.
Elle s’était jugée idiote de se tourmenter autant à l’éventualité de ne jamais revoir ce parfait étranger. Elle se sentait à présent tout aussi idiote de se réjouir autant de la certitude de revoir ce parfait étranger.
Elle était risible. Elle s’emballait pour un gars auquel elle n’avait pas même adressé un mot et dont elle ne connaissait pas grand-chose. Enfin, à vrai dire, dont elle ne savait strictement rien.
« L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne meurt jamais. »
Il n’était plus un adolescent et avait déjà expérimenté l’attirance physique. Il n’avait cependant encore jamais eu l’impression que ses membres étaient trop grands pour son corps et que sa langue subitement enflée à l’intérieur de sa bouche ne débiterait que des inepties s’il se risquait à en faire l’usage.
Les mariages sont des endroits privilégiés pour draguer et je compte bien tirer le meilleur parti de cette journée. Tu devrais en faire autant !
Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Loïs. Quelque chose de sinistre émanait de ce type dont elle ne parvenait à apercevoir les pupilles déformées par des verres épais.
En cas de catastrophe naturelle ou d’incident nucléaire, elle serait chargée de couper l’eau, le gaz et l’électricité tandis que ses collègues seraient affectés à d’autres tâches bien définies. L’évènement avait constitué une source inépuisable de plaisanteries au sein de l’équipe enseignante et Loïs s’était vu attribuer le titre officiel de « péteuse de plombs ».
Elle aimait ces gamins pour la plupart réfractaires, provocateurs et séditieux, mais également attachants, astucieux et inventifs, devant lesquels il était tout à fait impossible de rester indifférent. Elle escomptait être mutée vers un poste plus paisible dès que son barème le lui permettrait. En attendant, elle s’efforçait d’affronter au mieux son quotidien.
On se serrait les coudes. La solidarité, l’entraide spontanée constituaient, comme souvent dans ce genre de contexte tendu, le pendant positif d’une rude adversité.
Et personne ne savait pourquoi cette mère, célibataire et sans emploi, passait tout son temps à Marseille et, surtout, pourquoi elle ne revenait jamais voir son fils, pas même pendant les vacances scolaires. Certains prétendaient détenir la clé du mystère. Selon eux, la jeune femme exerçait le plus vieux métier du monde dans la capitale provençale d’où la gêne et le silence familiaux.
Les enfants ? Ils ont trop de mauvais exemples sous les yeux : les trafics de drogue en bas de l’immeuble, les vols, les p’tits cons qui se prennent pour les rois du monde juste parce qu’ils roulent en BMW et je parle pas des barbus qui veulent nous commander !
J’ai toujours pensé qu’il n’était pas souhaitable de déranger la police dès qu’un enfant faisait une bêtise ! Si les adultes qui l’entourent font tout leur possible, proches, enseignants ou amis ou voisins, on peut corriger beaucoup de choses. C’est ça l’éducation. Et puis vous m’aviez dit, à la rentrée, de ne pas hésiter à vous prévenir si Rayan se comportait mal. Je suis toujours heureuse de collaborer avec les parents.