Stan Rougier. Conférence sur les Béatitudes.
Mon plus grand désir était d’échapper à la routine, à la monotonie. Quel prêtre n’a jamais ressenti, certains soirs, une lassitude à la récitation des deux ou trois derniers psaumes de son bréviaire ? Rien n’est plus émouvant que de voir un prêtre endormi avec son bréviaire qui lui est tombé des mains. Mais on peut penser que la joie n’est pas interdite dans la prière. Elle est évoquée plus de deux cents fois, dans les psaumes eux-mêmes.
Lorsqu'ils entendent de grandes voix qui s'adressent à leur part divine et qui savent les entraîner vers de grandes causes, alors on assiste à la plus superbe des métamorphoses.
Nous sommes des analphabètes du coeur. Cette blessure n'est pas faite pour nous désespérer : elle est, en creux, la place de Dieu en nous.
Chaque être vivant est un atelier où Dieu, caché, travaille la boue et la transforme.
« L’adulte est quelqu’un qui a traversé un certain nombre de tempêtes et qui n’est pas mort. Il peut témoigner auprès de son fils ou de sa fille du fait que la vie n’est pas un tapis rouge qu’on déroule sous ses pas. Mais il peut témoigner aussi de ce que, loin de l’abattre, les épreuves l’ont mûri ! »
« Lorsqu’on a l’âme inhabitée, on se trouve à la merci du chant des sirènes. »
La prière n'est pas là pour exercer une influence sur le coeur de Dieu. Dieu n'a pas pour mission de nous exaucer. Il nous priverait alors de nos responsabilités, de nos tâches, des missions qu'il nous a confiées. Par la prière, nous pouvons être "exhaussés", soulevés au-dessus de nous-mêmes. Nous voyons de plus haut. Nous pouvons trouver le sens de ce qui nous arrive.
La fréquentation des grands priants est aussi vitale que pour un apprenti poète la lecture de ceux qui l'ont précédé.
« Tout l’art de l’existence est de transformer nos fêlures en chances. N’est-ce pas à partir d’un grain de sable que l’huître compose la plus belle perle ? »
« Si un jeune n’est pas valorisé, regardé avec amour et perçu comme important par des gens solides, une carence se développe en lui qui va laisser des traces ; déprime, manque de confiance en soi : « Je ne vaux rien, je suis nul » ou bien agressivité tous azimuts contre le monde extérieur : « Le monde est dégueulasse, je vais tout détruire et tout casser pour me venger. » »
Lorsqu’on se représente Dieu comme Quelqu’un qui est tenu de mettre de l’ordre et de la justice dans le monde, on ne peut que perdre Sa trace. Trop de désordres défigurent cette planète et discréditent le projet du Créateur. « Mais que fais-Tu, Dieu ? » hurlait un homme devant le massacre de Nice, il y a quelques mois. Et il entendit : « Je t’ai fait, toi ! » Dieu ne nous donne pas des fruits. Il nous confie des graines. Était-ce à Dieu de réconcilier la France et l’Allemagne pour éviter les carnages des deux guerres mondiales ? Était-ce à Dieu d’empêcher les multiples formes de haine partout sur la planète ? Non, c’était du ressort des hommes ! Cela n’évacue pas le rôle de Dieu, mais Il a choisi d’agir avec notre contribution, en partenariat avec nous. Si Dieu agissait seul, sans cette collaboration, Il retirerait à l’homme sa dignité et sa mission. Il le mettrait au chômage.