ô enfance, étroite prison !
Que de fois j'ai pleuré derrière tes barreaux
Quand dehors, tout pailleté d'azur et d'or,
Passait l'oiseau inconnu.
ô nuits d'impatience, où je me déchirais les mains
Aux verrous, — quand je sentais bouillonner
Dans mon sang les désirs trop précoces —
Puis, rompant mes fers, je trouvai libre , l'espace devant moi !
A peine l'eus-je aperçu, que je pris mon essor :
Le monde était à moi ! Mon coeur se répandit,
Se consuma dans mille frissons ardents.
Et pourtant avec le souvenir vient souvent le regret :
ô délicieuse angoisse des premières aubes !
Si je pouvais y retourner ! Comme j'étais pur et frais !
[ p 39 ] ( traduction révisée )