Stéphane A. Dudoignon

Pas la moindre statistique officielle, en Iran, sur ces appartenances confessionnelles. Le sujet est complètement tabou car la République islamique, hormis les juifs, chrétiens et zoroastriens, très peu nombreux du reste, quasi résiduels, ne reconnaît que des « musulmans ». Elle donne parfois l’impression de poursuivre le vieux projet des Safavides de convertir tout le monde au chiisme. Songez : Téhéran compte plusieurs églises chrétiennes de toutes les confessions, des synagogues et des temples du feu zoroastriens, pour ne rien dire des écoles qui leur sont accolées, mais pas la moindre mosquée sunnite ! Les Kurdes, Baloutches, Turkmènes, Persans sunnites du Khorasan qui sont de passage dans la capitale n’ont d’autre choix, pour la prière collective et leurs cérémonies religieuses, qu’entre une mosquée chiite ou celles de l’ambassade du Pakistan et de l’Arabie Saoudite : un peu limité comme alternative, il faut bien en convenir. Les chiffres poussés par les sunnites eux-mêmes oscillent entre huit et vingt pour cent de la population totale. (pp. 18-19)