Sylvain Laveissière

Ce beau livre de grande qualité, très agréable à feuilleter avec ses belles pages épaisses -et à lire bien sûr- m'a permis de redécouvrir les dessins à l'encre, au crayon ou à la plume sur papier bleu de ce grand artiste. A chaque page, un dessin remarquablement reproduit et les explications y attenant. On y retrouve de superbes nus dont "Femme nue debout de dos", un très joli portrait de Constance Mayer en buste, ou celui de Catharina Schimmelpenninck, un pastel sur velin de 1801 ou encore ce délicat et lumineux paysage "Paysage dit de Malmaison".

Le musée Condé à Chantilly expose jusqu'au 26 juin son fonds de dessins de Pierre-Paul Prud'hon. A cette occasion les éditions Faton publient un catalogue raisonné des dessins de la collection exceptionnelle constituée par le duc d'Aumale (26 dessins), fameux mécène descendant des Condé et fils du roi Louis-Philippe.



Ce catalogue, plutôt technique, nous renseigne sur la manière dont fut constituée la collection de Prud'hon pour le compte du duc, ainsi que sur les travaux d'entretien minutieux de dessins particulièrement fragiles - la religion de l'art a ses reliques, elle aussi.



Cette collection et cette conservation ont beaucoup fait pour la gloire posthume de Prud'hon, artiste discret en comparaison de personnalités saillantes comme Jacques-Louis David ou Théodore Géricault.



Les effets de lumière crayeux de Prud'hon confèrent à ses dessins un aspect d'outre-tombe, qui a sans doute pas mal contribué à entretenir la réputation de pionnier du romantisme de l'artiste bourguignon (natif de Cluny). Sylvain Laveissière, spécialiste de Prud'hon, mentionne surtout les critiques élogieuses de Delacroix, Baudelaire, Stendhal, comme motif principal pour classer Prud'hon parmi les romantiques; étiquette fragile, démentie par l'admiration de Prud'hon lui-même, qui admirait surtout l'art de Léonard. La tendance de Stendhal était d'ailleurs à revendiquer "romantique" tout ce qui lui plaisait, jusqu'au théâtre de Shakespeare, en un temps où "romantique" voulait dire "neuf".



L'art de Prud'hon ramène à la question plus sérieuse de l'influence de l'Antiquité sur l'art moderne, voire plus largement la civilisation, question controversée -rupture ou continuité?- que ce catalogue raisonné n'aborde pas directement. Cette question est pourtant l'un des enjeux de l'art, motivant le mécénat ou "l'investissement culturel" comme on dit aujourd'hui.



Laugel, négociateur pour le compte du duc d'Aumale, pour consoler son maître de l'importante dépense qu'il faisait, lui écrit : "(...) Prud'hon est Prud'hon - je crois que c'est un des maîtres de notre époque qui peuvent le mieux braver l'avenir." On mesure ici que c'est un mélange d'intérêt pour l'art et de placement financier plus trivial, qui préside au destin de l'art moderne. le duc n'avait pour l'art de Prud'hon qu'un intérêt limité.



- La collection de Chantilly est faite d'un mélange d'académies d'hommes et de femmes, plus ou moins achevées, illustrant la maîtrise du dessinateur ; d'esquisses préparatoires pour des tableaux sur des thèmes mythologiques ou allégoriques antiques, ou encore de scènes plus explicitement érotiques. Ne figure malheureusement pas dans la collection de Chantilly le saisissant portrait de la maîtresse de Prud'hon, Constance Mayer (ci-contre, le portrait conservé au Louvre) ; celle-ci fit carrière dans l'ombre de son amant, son statut ambigu l'empêchant d'accéder à la notoriété.
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Peintre de grand renom à son époque, Stella fait malheureusement partie de ces artistes du XVIIe siècle tombé dans l'oubli du grand public pour qui le courant "classique" de ce siècle se résume à Poussin.

Une exposition au musée des Beaux-Arts de Lyon, sa ville natale, ces dernières années, réunissant environ 200 de ses oeuvres, a permis de le redécouvrir.

Peintre prolifique, il n'en est pas moins un des artistes les plus captivants et les plus originaux du XVIIe siècle.

Nombreux sont les grands musées de province à exposer de très beaux tableaux de peintres français du XVIIe : Poussin, Vouet, La Hyre, Le Sueur, Bourdon, Le Brun ou Jouvenet, et bien sûr Stella. Ils permettent de suivre l'évolution de la peinture française de l'époque de Louis XIII à l'aube du XVIIIe siècle.

Ce catalogue d’exposition permet de découvrir un artiste peu connu du XIXe siècle, aux dessins délicats.

La mise en page élégante donne à voir les œuvres de Prud’hon détenues par le musée Condé.

Une première partie évoque le parcours et la postérité de l'artiste (tributaire pour beaucoup du duc d'Aumale), tandis que le catalogue détaille l'historique et la réalisation des dessins constituant la collection du musée Condé. La dernière partie sur la restauration explique les méthodes mises en œuvre, les difficultés rencontrées et la manière dont elles ont été surmontées.

C’est un ouvrage agréable à lire et passionnant que je recommande.

Bon livre sur les dessins de Prud'hon au Musée de Chantilly. Quel plaisir d'admirer cette trentaine d'œuvres rassemblées par le duc d'Aumale. les dessins sont véritablement exquis. Le modelé des formes est magnifique. Quel talent! Mes deux regrets: qu'il n'y ai pas plus de dessins et que le commentaire de chaque feuille soit à la fin du livre et non à côté du dessin auquel il se rattache. C'est un choix que j'ai toujours du mal à comprendre. Peut être aurais je aussi préféré que l'on parle un peu moins de Prud'hon au Musée de Chantilly et plus de Prud'hon lui même. Ainsi par exemple une petite biographie sommaire de l'artiste manque au livre. Mais je me répète quel bonheur de voir ses œuvres dessinées à la fois fortes et poétiques.

Pierre Paul Prud'hon est un peintre important de la fin du XVIII° siècle. Mais c'est surtout pour son oeuvre dessinée qu'il restera dans les mémoires.



Ce très joli livre de Sylvain Laveissière préparé alors qu'il était conservateur en chef au département des peintures du Musée du Louvre, permet de retrouver plus d'une cinquantaine de dessins, tout plus merveilleux les uns que les autres.



Ce sont, pour la plupart, des études au crayon noir rehaussées de blancs, réalisées sur fond gris, ocre ou bleuté. La délicatesse du trait est incroyable, la sensualité des mouvements troublante (beaucoup de nus).



Suite de ma critique sur le site Le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..

Un ouvrage complet au design épuré qui vous plongera dans l'univers artistique (dessins et esquisses) de Pierre-Paul Prud'hon.

Tout d’abord un grand merci à Babelio et à l’éditeur pour m’avoir permis de découvrir à travers ce livre un formidable dessinateur du début du 19 éme siécle à savoir Pierre-Paul Prud’hon.

En fait cet album reproduit l’intégralité des dessins conservés au musée Condé de Chantilly et est publié à l’occasion de l’exposition qui s’y tient actuellement. Il s’agit du type de livre que l’on achète au sortir de l’exposition pour s’y replonger (ou pas !) après le retour à la maison.

Je ne vais pas faire le panégyrique des qualités incroyables de dessinateur de Prud’hon, de la finesse ou de la légèreté de son trait ouvrant la voie aux grands du dessin du 19 ème siècle.

En revanche, j’ai été très intéressé par l’histoire de la constitution de la collection par le Duc d’Aumale .

Un petit reproche , je trouve que le format du livre (un peu trop petit) ne permet pas de proposer des reproductions de qualité suffisante.

C’est néanmoins l’occasion d’une très belle découverte d’un dessinateur hors pair.