Le Judo du Kodokan (c'est-à-dire Le Judo "de l'Institut du Grand Principe" ou " de l'endroit où étudier la Voie") est créé en février 1882, dans l'inattention, bien entendu, générale. La première salle d'entraînement fut installée dans l'enceinte du temple Eishoji à Tokyo et Kano avait alors neuf élèves, évoluant sur les douze premiers Tatami.
L'art du Judo commence par la maîtrise des très petites choses, les plus insignifiantes en apparence. Rien d'important ne peut être commencé sans que vous gardiez cela présent à l'esprit. Et le temps vous le prouvera toujours davantage.
1868 fut une année terrible pour les arts martiaux (Restauration de l'empereur Meiji) car le Japon s'ouvrait à toutes les influences étrangères et rejetait ses propres traditions. Les arts du Budo perdirent tout prestige dans leur propre pays, supplanté par la vague de modernisme et beaucoup d'écoles de Ju-jutsu disparurent. Les derniers maîtres survecurent difficilement, totalement abandonnés. Ce fut en ces temps difficiles que grandit Jigoro Kano. Son rôle ne se borna pas seulement à réaliser une synthèse cohérente des vieilles techniques oubliées de Ju-jutsu ; il posa définitivement l'idée que les possibilités de l'art martial dépassaient largement le plan physique et que ce qu'il appelait alors "judo (le suffixe "do" la "voie" remplaçant définitivement celui de "jutsu" la "technique") pouvait être un fantastique moyen de développement moral pour l'individu d'abord, pour la société toute entière ensuite. C'est cet idéal élevé qui sauvera le vieil art martial de l'oubli...