AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Tangui Perron (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
L'écran rouge

L'écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo a agi sur moi comme une madeleine de Proust façon casse-dalle à Boulogne Billancourt. L'écran rouge, je suis tombée dans son chaudron quand j'étais petite via ma grand-mère communiste, fidèle lectrice de L'Humanité, de la Vie Ouvrière et d'Antoinette, qui en dehors du Parti, avait une autre passion, le cinéma. En plus de devoir taper sur une vieille machine à écrire les compte-rendus de ses réunions syndicales, il fallait que je l'accompagne dans les festivals et les soirées Ciné-Club où l'on projetait avant débat ses films favoris, des vieux films français engagés qui mettaient en scène la vie des gens modestes et des ouvriers, et des films soviétiques, bien sûr. J'ai du voir son idole absolue Gérard Philippe, qui lui avait dédicacé une photo au cours d'un congrès du Parti dans TOUS ses films, pareil pour Simone (Signoret, mais plus Montand, le traître), sans compter Quand passent les cigognes ou Soy Cuba en russe sous-titré alors que j'aurais préféré aller voir Le grand bleu comme tout le monde…Enfin bref, avec le recul, je la remercie de m'avoir donné cette éducation très personnelle qui m'aura permis de passer mes dimanche soir à ses côtés devant l'émission Cinéma de minuit au lieu d'aller au lit comme les autres mioches, de lire Soljénitsyne et Koestler pour l'emmerder et de savoir en lui faisant la lecture de L'Huma que l'histoire sociale était aussi passée par le Grand Ecran.



C'est donc avec nostalgie que j'ai lu les textes consacrés à La bataille du rail, à La bête humaine, à Toni et bien d'autres.

Dans L'écran rouge préfacé par Costa-Gavras, le lecteur parcourt vingt années d'une histoire du cinéma méconnue ou oubliée. Le cinéma français, ce ne sont pas juste des festivals au rayonnement international, un système de financement unique, des écoles prestigieuses, mais ce sont aussi des combats, des sacrifices, des postures militantes courageuses dans des périodes où défendre ses droits vous valait le peloton d'exécution ou un aller simple vers les camps de l'Est. Impossible de résumer ici la quarantaine de textes qui, du Front Populaire aux mouvements des années 50 pour la défense du cinéma hexagonal, retracent les combats contre les injustices sociales, la xénophobie, le nazisme, et la censure. L'exception culturelle française a aussi été syndicale. Combats des techniciens du cinéma pour obtenir des conventions collectives, films d'auteur pour montrer au public la vie dans les usines, pédagogie militante, documentaires sur les ouvriers grévistes, résistance des petites mains et des grands noms du Septième Art pendant la guerre, projets financés par une souscription de la C.G.T. (La Marseillaise de Renoir), valorisation des acquis de la Libération … L'écran rouge vous dit tout sur les combats syndicaux jusqu'à l'année 1959, au cours de laquelle Malraux rattache le CNC au nouveau Ministère de la culture.



Je remercie les Editions de l'Atelier pour l'envoi de ce beau livre illustré reçu dans le cadre de l'Opération Masse critique, qui m'a donné une furieuse envie de mettre la main sur un film de Jean Epstein intitulé Les bâtisseurs, et qui nous pousse à nous interroger sur la représentation du monde ouvrier dans le cinéma d'aujourd'hui. Où sont-ils?



N.B: Je mets en ligne un petit quiz intitulé Ouvriers au cinéma, d'après les films mentionnés par l'ouvrage, pour les joueurs. (sur ma page, rubrique "quiz")
Commenter  J’apprécie          6422
L'écran rouge

Formidable ouvrage sur le cinéma depuis les années du Front populaire jusqu'à l'avènement de la Nouvelle vague.





Comme son titre l'indique, il s'agit ici d'évoquer le cinéma populaire et social d'avant 1939, résistant pendant l'occupation et son renouveau après la guerre.



Nous rencontrons tous les grands réalisateurs tel Renoir, Carné, Prévert, Le Chanois entre autres mais aussi les acteurs dont le plus emblématique est Jean Gabin mais nous ferons surtout connaissance d'une multitude de personnages de l'ombre qui se sont battus et ont permis que ce cinéma existe dans cette période noire de notre Histoire.



A chaque page ou presque, arrive une anecdote, une information sur les tournages, la lutte pour arriver à faire aboutir une idée , un projet et c'est ce qui rend ce livre absolument passionnant.



Si vous êtes féru de cinéma et que cette époque vous intéresse, alors ce livre vous ravira.



Merci à Pecosa de me l'avoir fait découvrir grâce à sa fabuleuse critique.
Commenter  J’apprécie          341
Rose Zehner et Willy Ronis, naissance d'une..

Je remercie le site Babelio et son opération masse critique, ainsi que Les éditions de l’Atelier pour la réception de ce beau livre, que je n’aurais peut-être pas découvert sans cela, s’ouvrant sur un étonnant poème de Jacques Prévert intitulé « Citroën ».



Au printemps 1938, Willy Ronis vient de se débarrasser du magasin de photographie hérité de son père récemment décédé. Il détestait rester enfermé dans le laboratoire et trouve sa voie dans la prise de vue de témoignage, sur le vif. C’est ainsi qu’il « réalise des photos pour des entreprises industrielles, de la photo de catalogue et des reportages ruraux qu’il place dans des revues de demi-luxe comme Plaisirs de France. » Il collabore avec le périodique communiste Regards et fréquente les photographes en vue de l’époque, David Seymour (Chim) et Capa.



Le 25 mars 1938, il franchit les portes de Citroën, à Javel dans le 15e arrondissement. Vous savez, là où le calme cossu du « parc André-Citroën » a remplacé les usines fermées depuis 1974, ayant déménagé entre 1975 et 1982, transférant la plupart des activités vers Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), effaçant les dernières traces du labeur des dizaines de milliers de travailleurs pendant soixante ans.



A Javel, en ce début d’année 1938, l’usine est occupée pendant un mois, une grève importante dont on parle rarement dans les livres d’histoire. Les photos de Willy Ronis présentent le monde ouvrier d’une manière singulière, témoignent des prises de parole dans les ateliers, des piquets de grève, de l’organisation de tout ce temps dans l’usine. Les dimanches se muent en jour de bal, attirant la population du quartier, les haut-parleurs diffusent des airs de jazz, des démonstrations de boxe sont organisées et Fréhel ou le Théâtre du Peuple se produisent dans l’usine.



Rose Zehner est sur tous les fronts. La célèbre photo, celle de la couverture du livre, où elle apparaît haranguant toutes ces femmes autour d’elle, est passée à la postérité. Tout à la fois symbole de lutte ouvrière et début de libération de la parole des femmes avec qui il faudra compter dorénavant. Tanguy Perron raconte la naissance de cette image, les négatifs du photographe confiés à des amis pendant la guerre, récupérés à la libération, la photo de Rose retrouvée par Willy Ronis des décennies plus tard, publiée dans une monographie du photographe en 1980, puis dans l’Humanité et exposée à Beaubourg avant de faire le tour du monde. A l’occasion du tournage d’un documentaire elle rencontrera son photographe...



Loin des grèves victorieuses de 1936, celles de 38 se terminent par une répression féroce à partir de novembre. Rose et plus de six cents syndicalistes sont licenciés. Elle et son mari, lui aussi licencié par Citroën, ouvrent un bistrot à proximité des usines, nommé curieusement : Où-va-t-on ? La réponse, terrible, ne pas tarder... La police fermera définitivement l’établissement au début de la guerre en janvier 1940. Le couple survivra après bien des péripéties à la guerre. Rose connaîtra même une belle longévité, décédant 50 ans après les grèves de 1938. Reste une icône à la formidable énergie militante, symbole des espoirs de l’époque.



Tangui Perron est historien, spécialiste des rapports entre mouvement ouvrier et cinéma, chercheur associé au Centre d’histoire sociale et correspondant du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social « Le Maitron ». Chargé du patrimoine audiovisuel au sein de l’association Périphérie, il poursuit un travail d’éducation populaire et de programmation en région parisienne.



Pour le centenaire de la naissance de Willy Ronis en 2010, de nombreux évènements artistiques ont célébré cet immense photographe. Le Musée du Jeu de Paume Paris, consacré à l'image et à la photographie, a organisé à cette occasion une superbe exposition rétrospective de toute son œuvre. J’ai eu la chance de voir celle-ci alors qu’elle était présentée ensuite au château de Tours (37).

******

Chronique complète avec illustrations (quelques unes des photos présentées dans le livre) sur le site Bibliofeel ou sur Facebook et Instagram à clesbibliofeel.


Lien : https://clesbibliofeel.blog
Commenter  J’apprécie          261
Rose Zehner et Willy Ronis, naissance d'une..

Cette photo de Willy Ronis et qui montre Rose Zehner, syndicaliste militante, debout sur une table, haranguant ces ouvrières de l’usine Citroën est devenue célèbre dans le monde entier. Pourtant, elle avait été oubliée pendant près de quarante ans et avec elle, un pan de la lutte ouvrière de ces années-là.

Historien, Tangui Perron fait revivre ces journées de grève de 1938 et nous explique le contexte où, à la même époque se joue la guerre d’Espagne.

Très tôt, Willy Ronis s’est passionné pour la photo reportage des mouvements sociaux. C’est ainsi que pour la revue Regards il arrive « le 25 mars 1938 au matin devant l’usine Citroën, à Javel dans le 15e arrondissement de Paris. » Il prendra ce jour-là une quarantaine de clichés dont celui montrant Rose Zehner. Ce cliché, il ne le propose pas au journal, « ne disposant pas de papier assez contrasté pour le tirage d’une photo qu’il craignait sous-exposée. » Voilà comment cette photo a joué la belle au bois dormant durant 40 ans !

Willy Ronis, qui a réussi à passer le piquet de grève et à se faufiler dans l’usine, découvre un autre monde. Il « photographie un espace peuplé d’ouvrières et d’ouvriers, une organisation, les moments d’une grève avec occupation, une série de scènes et de tableaux »

L’occupation des lieux laisse du temps qu’on meuble comme on peut et le photographe a su saisir la spontanéité de ces joueurs de cartes ou de dames, des parties de foot. Les femmes, elles, tricotent, c’est ce qu’on voit sur la photo de Rose Zehner. Les clichés de Willy Ronis font office de témoignage sur le travail de ces ouvrières car la chaîne de Javel avait grand besoin de cette main-d’œuvre féminine.

En 1981, cette image de Rose va être publiée dans l’Huma, elle sera aussi exposée à Beaubourg, image où, c’est l’auteur qui le dit, « la lumière et la scénographie ne sont pas sans rappeler Le serment du jeu de paume de David ou La liberté guidant le peuple de Delacroix. Voilà comment un cliché oublié est passé à la postérité.

Illustré des photos de Willy Ronis mais aussi d’affiches de cinéma et de couvertures de la revue Regards, cet essai nous fait découvrir une période de luttes sociales.

Je remercie Les éditions de l’Atelier et Masse critique de Babelio pour la découverte et la lecture de cet ouvrage fort bien documenté de Tangui Perron.

Commenter  J’apprécie          180
Nous avons tant à voir ensemble : Cinéma et mou..

Nous avons tant à voir ensemble est un essai à plusieurs voix (critiques de cinéma, cinéastes, comédiens,syndicalistes, membres de la CGT...) mettant en parallèle et croisant tour à tour les objectifs, thèmes,messages, influences du cinéma avec le syndicalisme.

Le cinéma effectivement a relaté l'aventure ouvrière (usines occupées en 1936, cinéma social), a dénoncé l'exploitation (ex:Les temps modernes), l'asservissement au travail ( "A nous la liberté"), a relaté des faits historiques (ex: La sentinelle: du nazisme à la guerre froide), a fait de la propagande (ex: Les bâtisseurs: "un hymne à la modernité), a filmé des faits de société (ex: Sans toit ni loi: sur une SDF morte de froid), a filmé les travailleurs (ex:L'Atalante sur la vie des mariniers)

Diverses discussions s'ensuivent sur le "cinéma militant".

Mais le cinéma aujourd'hui est-il toujours un "théâtre du peuple"?

Un théâtre sur le peuple, sans doute parfois, mais les films les plus engagés ne s'adressent-ils pas à une minorité d'intellectuels?

Voilà un essai intéressant et très politisé!
Commenter  J’apprécie          70
Rose Zehner et Willy Ronis, naissance d'une..

Je me souviens très bien quand cette photo est "ressortie" des cartons le temps d'un expo inédite . je devais avoir une vingtaine d'années et j'étais fascinée par la force qui s'en dégageait.

L'auteur est historien et s'attache à retracer l'histoire de cette photo, de son auteur dans le fil de sa carrière et évidement contextualise dans une France qui traverse à la fois une crise économique et politique : nous sommes en 1938, la Front Populaire se meurt, la guerre d'Espagne est le sujet principal des conversations ouvrières tandis que Hitler commence à faire resonner les bottes. Willy Ronis est alors un jeune photographe qui a hérité de l'affaire de son père mais photographier les familles ou les photos d'identité ne le font pas frémir . C'est la photo sociale qui l'intéresse et c'est pour le magasine Regards qu'il effectue une série de photos (que c'est émouvant de découvrir le parcours de Willy dans l'usine au fil de la pellicule) à l'usine Citroën Javel .Très intéressant de donner un nom, découvrir cette militante et toute une histoire sociale à travers cette photo.
Commenter  J’apprécie          30
L'écran rouge

Qui se souvient aujourd’hui que Jean-Paul Belmondo fut dirigeant syndical CGT, que La Marseillaise de Jean Renoir fut réalisée grâce au soutien financier et militant de la CGT ? L’historien Tangui Perron a réuni dans l’ouvrage L’Ecran rouge, une vingtaine de contributeurs sur l’histoire des rapports entre syndicalisme et cinéma, du Front populaire aux années de la Libération. Divisé en une petite cinquantaine de chapitres, autant de petites pépites à découvrir au gré des envies, ce livre n’omet pas les métallurgistes, au travers des films Les Métallos et Les Copains du dimanche. Le tout est préfacé par Costa-Gavras.
Commenter  J’apprécie          20
Rose Zehner et Willy Ronis, naissance d'une..

Cette photo est présentée dans les manuels d'histoire et je l'ai découverte sur un sujet de bac pro il y a quelques années consacré à la mise en scène de la parole.



Cette photo représente une femme, une ouvrière aux cheveux coupés courts, haranguant une foule composée uniquement d'ouvrières. Elle a le bras gauche pointé en avant, déterminé, et ses auditrices boivent ses paroles.



Qui est-elle, cette femme immortalisée en 1938 lors d'une grève par Willy Ronis?

Elle s'appelle Rose Zehner, et Tangui Perron retrace le contexte de la photo, présentant en même temps le parcours du photographe et de son sujet.
Commenter  J’apprécie          10
L'écran rouge

A travers cet ouvrage reçu dans le cadre d'une Masse critique non fiction c'est tout un pan du cinéma français qui est décortiqué et qui nous emmène dans les pas de Gérard Philippe, Jean Renoir, Simone Signoret ou encore Jean Paul Belmondo mais aussi tant d'autres chevilles ouvrières indispensables dans l'industrie cinématographique pendant toutes les décennies décrites dans ce livre.



L'auteur remonte le temps, nous parlant des différentes luttes menées par la CGT essentiellement dans cet univers pas toujours aussi idyllique qu'il pourrait le sembler.

Entre les différentes périodes nous découvrons les portraits des hommes et des femmes qui ont porté complétement les œuvres telles que la bataille du rail, la bête humaine, la Marseillaise et tant d'autres.

Les batailles, les manifestations, et les luttes pour défendre le cinéma français et sa richesse tout est évoqué par l'auteur mais aussi les délations ou les trahisons de certains.



C'est une approche vraiment passionnante, sincère et vraie. A côté des acteurs, des monteurs, des metteurs en scène etc…on y retrouve des hommes politiques, notamment communistes qui ont apporté énormément à toute l'évolution du cinéma français.

On n'oublie pas que c'est grâce à la CGT que le festival de Cannes a vu le jour.

On n'oublie pas non plus que certains films ont été financés par la même CGT ou par le parti Communiste.

C'est tout un pan de l'histoire du cinéma français que nous découvrons avec intérêt, passion et même stupéfaction souvent (je pense notamment que nous ne sommes surement pas aussi nombreux que cela à savoir que Jean Paul Belmondo fut un Secrétaire Général cégétiste)



La préface de Costa Gavras et la postface de Philippe Martinez contribuent à donner le ton de ce livre et rappellent que le cinéma français n'est pas mort grâce à tous ceux et celles qui se sont battus pour sa survie face au géant américain.
Lien : http://delcyfaro.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Tangui Perron (17)Voir plus

Quiz Voir plus

Cannes dans les romans

Maigret passe ses vacances dans un palace cannois mais il va devoir enquêter sur le meurtre d'un jeune homme noyé dans la baignoire d'une des chambres de l'hôtel. Vous lisez (Indice: Suédois):

Le Charretier de la providence
L'Improbable Monsieur Owen
La Tête d'un homme

8 questions
38 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cannes (Alpes-Maritimes) , Alpes-Maritimes (France) , villes , france , cinema , littérature , polar noir , adapté au cinéma , culture générale , festival de cannesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}