Conférence de Thierry Pardo: Qui a peur de la liberté éducative?
L’école prive l’enfant de sa liberté. Un enfant a besoin de temps. Par quels miracle l’école va donner des êtres de choix et de valeurs citoyennes. Le rapport à la connaissance est pervers. Plaisir d’apprendre. A l’école on éteint ses émotions. On est pas dans un domaine de certitudes, tous les jours on avance. On peut apprendre à tous âges !
Le retour vers soi-même emprunte plusieurs sentiers, souvent pris dans les ronces, difficiles d’accès et dont les cartes parlent peu. Ils tracent une géographie imprécise et amoureuse. Chemin faisant, on y rencontre quelques fuyards dont on dessinera les portraits impressionnistes, davantage attentif aux jeux de lumière qu’à la précision des contours.
Les personnages présentés dans ces lignes font peut-être résonner en chacun de nous les désirs d’absolu, et en creux ils pourraient mettre au jour quelques-uns de nos coincements, de nos grincements, de nos gonds rouillés à force d’immobilisme. Les fuyards n’ont pas vocation d’exemple. Ils montrent l’opacité des murs, la droiture des règles et des chemins auxquels il est bon d’échapper, le temps d’un souffle, d’un vagabondage ou d’une vie.
Les professeurs ont appris à développer un langage de double-pensée qu'ils manipulent avec virtuosité au point de rendre invisibles les paradoxes quotidiens. Ils savent utiliser du vocabulaire moderne adapté et, pour eux, la discipline est devenue du vivre ensemble, les punitions du rattrapage.
Tout professeur sait, par exemple, qu'il fait partie d'un ensemble hiérarchique, qu'il a des supérieurs qui édictent circulaires, normes, règles auxquelles il doit obéir. Pourtant s'il reconnaît aisément avoir des supérieurs hiérarchiques, il ne concèdera jamais être un « inférieur hiérarchique», le mot lui est étranger. Par là même, il ne s'apercevra pas que l'enfant lui est hiérarchiquement inférieur. Il dira plus volontiers que l'enfant est au cour du dispositif éducatif, employant en cela dans la même formule «cœur » et « éducatif». Mais comment et par quel miracle, l'enfant pourrait-il s'échapper de cette échelle de commandement dont il occupe le barreau le plus bas?
J'ai eu à affronter les stratégies de ceux qui, effrayés par notre liberté, cherchaient une incohérence à nous renvoyer au visage, afin de discréditer nos choix et se rassurer sur les leurs. J'ai compris que la marginalité avait des comptes à rendre alors que la normalité se suffisait à elle-même.
Frapper tout le monde d'impôts pour payer des études quasi gratuites aux enfants des riches n'est-ce pas socialement injuste?
Aucun vagabondage n'est inutile, aucune poésie n'est superflue.