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Citations de Thoubten Yeshe (99)


Le “gourou” extérieur est donc d'une extrême importance. Car nous avons besoin de l'exemple de quelqu'un qui, bien qu'humain comme nous, se soit développé au-delà des limites que nous pensions actuellement possibles. Voir une femme ou un homme qui a dépassé toute forme d'égoïsme, qui a transcendé les tracas de ce monde tout en vivant dans le monde, qui parle et agit par sagesse intuitive, et se dévoue totalement au service d'autrui, nous donne la foi et la conviction que nous aussi sommes capables d'y arriver. Par contre, si nos seuls modèles expriment la convoitise et l'agression, la vision de ce que nous sommes et pouvons devenir en sera tristement limitée.
De plus, ce bon modèle n'est pas seulement utile à ceux qu'intéressent un chemin spirituel. A notre époque, le besoin le plus urgent est celui de paix et d'harmonie; nous l'éprouvons tous, que nous nous reconnaissions ou non comme des êtres religieux. Or la paix ne résultera pas de simples mots et certainement pas de la force. L'exemple de ceux qui ont fait de la paix et de l'harmonie le centre de leur vie est capital : seul l'attitude exemplaire de ces personnes qui mènent des vies fortes et pures peut convaincre un monde désenchanté que la paix, tant intérieure qu'extérieure, est une réalité possible, ici et maintenant.
p. 120
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GUIDE SPIRITUEL ET MODÈLE
Pour que nous parviennent les enseignements d'êtres éveillés et que leurs réalisations fassent impression sur notre esprit, il faut qu'une lignée continue de gourous et de disciples successifs ait transmis vivants ces accomplissements jusqu'à nos jours. C'est en tant que membre de cette lignée que le guide spirituel permet aux nobles vérités de parvenir vivantes jusqu'à vous, grâce au pouvoir de son inspiration, ou de ses bénédictions. Connaissant votre caractère et vos aptitudes, ce guide peut vous présenter les nobles vérités avec une telle clarté, une telle netteté que votre esprit devient lui-même le chemin de la réalisation. Voilà le sens attribué aux termes inspiration et bénédiction, rien de plus. Et le yoga du gourou, ou dévotion au gourou, ne consiste en rien d'autre qu'à s'ouvrir à cette inspiration.
Nous avons besoin, en outre, d'un guide expérimenté qui sache nous montrer avec précision comment mettre en pratique les enseignements reçus. Nous n'aboutirons à rien si nous tentons d'apprendre d'un livre, espérant y arriver tout seul. Nous aurons probablement toutes les informations, mais la majorité des textes tantriques sont sibyllins et ne révèlent leur sens que si nous les étudions conjointement aux explications de pratiquants avisés ...
p. 118/19
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Le Gourou et l'Inspiration
... bien connaître les deux niveaux de signification accordés au mot “gourou”. Le gourou relatif, objectif, est le maître qui, en communiquant avec nous de différentes façons, nous montre comment agir pour découvrir efficacement notre propre totalité. Mais à un niveau plus profond et plus subjectif, il n'est autre que notre propre sagesse intérieure, la clarté fondamentale de notre esprit.
Regardez avec quelle diversité les gens réagissent à un même enseignement spirituel, donné par un même maître. L'un ne comprendra rien intellectuellement aux concepts abordés lors de l'enseignement. Un autre en saisira peut-être le sens intellectuel mais sera incapable d'en pénétrer le sens profond. D'autres iront d'emblée par-delà mots et concepts pour s'unifier totalement à la sagesse et à la compassion du maître. Ces réactions tiennent au seul fait que ces individus divers ont atteint des niveaux différents d'évolution intellectuelle et spirituelle. Plus ils sont en contact avec leur propre gourou intérieur, plus profonde sera leur compréhension des enseignements.
En pratique, le gourou relatif extérieur a une capacité limitée à notre égard. Il (ou elle) ne peut nous garantir la réalisation de la vue pénétrante et d'autres accomplissements. Mais notre gourou intérieur, à savoir notre sagesse claire et lumineuse, peut tout accomplir. Aussi le yoga du gourou est-il d'abord une méthode pour apprendre à écouter ce gourou intérieur.
Mais, d'ordinaire, quand cette voix intérieure de sagesse s'exprime, nous ne l'écoutons généralement pas. Nous ne l'entendons même pas, trop occupés que nous sommes à écouter le bavardage de nos esprits dualistes grossiers ! Nous y sommes si accoutumés que, la plupart du temps, nous rejetons la sagesse quand elle s'éveille en tant que vue pénétrante intuitive. En pratiquant le yoga du gourou, nous acquérons progressivement la capacité de rompre avec nos modes superficiels de relation au monde, et d'entrer en contact avec la sagesse innée qui réside au cœur de notre être.
p. 117
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L’ÉTENDUE CLAIRE DE L'ESPRIT
Comme nous l'avons expliqué, le renoncement, bodhicitta et la vue correcte de la vacuité constituent les trois préalables à la pratique du tantra. Ce qui ne signifie pas que nous devrions en avoir la réalisation complète et parfaite avant de nous engager sur le chemin tantrique. Nous pouvons nous contenter, au départ, d'une compréhension approximative.
Prenons, par exemple, la réalisation de la vacuité. Comprendre parfaitement la nature ultime de tous les phénomènes représente un accomplissement profond. S'il nous fallait y parvenir avant d'accéder à la pratique du tantra, aurions-nous un jour la chance de la commencer ? Peut-être pas ! Heureusement, les conditions requises ne sont pas si strictes. Pour nous préparer aux diverses transformations du tantra, nous apprenons d'abord à relâcher quelque peu notre identification habituelle à “l'ego”. Il nous est demandé, non pas une réalisation parfaite de notre absence d'existence en soi, mais la capacité de prendre un peu de recul face à notre psychodrame obsessionnel habituel.
p. 99
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Nagarjouna, l'affirmation que toute chose manque d'existence en soi, véritable et indépendante, n'encourt aucune exception. Ni l'esprit, ni Bouddha ne dérogent à la règle. Nous ne pouvons prétendre qu'un objet sans valeur comme une poubelle soit vide et non-existante en soi, alors qu'un objet hautement respecté, comme le Bouddha Shakyamouni en personne, jouirait d'une existence en soi absolue et authentique. Il ne peut en être ainsi. Pour ce qui est de leur existence vide et non duelle, le Bouddha et la poubelle ont une réalité ultime identique.
Une conclusion pratique est à tirer de tout ceci : abstenons-nous d'accepter trop vite toutes les apparences dualistes (ceci, cela ; bon, mauvais etc.) comme étant ultimement vraies. Gardons-nous également de les nier complètement. Restons plutôt un peu en retrait, un peu critiques. Soyons conscients que' dans la mesure où les objets nous apparaissent maintenant avec tant de solidité, si concrètement, ils ont tout pouvoir de nous mener dans le conflit et la confusion. En être clairement conscient empêche de tomber trop facilement sous leur charme. De plus, si nous nous entraînons à contempler la clarté fondamentale de notre esprit d'où naissent toutes les apparences, nous pourrons découvrir l'expérience de non-dualité dans laquelle tous les conflits et toutes les confusions se taisent ultimement.
p. 96/97
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Comme nous l'avons déjà dit, nous passons notre temps à projeter des images fausses sur tout ce à quoi nous avons affaire avant de prendre cette représentation contrefaite pour l'objet lui-même. Acquérir quelque éclairage sur la fausseté habituelle de notre vision dualiste de la réalité peut nous pousser à trop réagir et à refuser l'existence de toute chose. Or cet extrémisme nihiliste est aussi erroné que dangereux. Comprenons bien que, certes, les choses existent, mais pas de la manière concrète dont nous le supposons habituellement. Pour cultiver la vue correcte de la vacuité, le défi consiste à réfuter complètement toute notion d'existence en soi indépendante, sans pour autant nier la validité de l'existence interdépendante.
p. 95
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DESSERRER L’ÉTREINTE DES CONCEPTIONS FAUSSES
Notre problème de base n'est pas intellectuel. Il est très possible de commencer par souscrire à une analyse particulière de qui et de ce que nous sommes, puis de changer ultérieurement d'opinion pour en adopter une autre diamétralement opposée. A supposer que ce changement nous satisfasse intellectuellement, il ne résoudra en rien le problème organique et fondamental qu'est “l'ego”. Bien que nous puissions nous glorifier d'une nouvelle compréhension intellectuelle, nous nous sommes seulement contentés de remplacer un ensemble de superstitions par un autre. Au lieu d'affaiblir notre saisie de “l'ego”, nous lui avons simplement offert un nouvel objet auquel s'agripper.
Nous devons accepter de ne pouvoir immédiatement chasser notre perception concrète et habituelle de “l'ego”. Il faut du temps pour que cette apparence solide se dissolve totalement. Mais, dès maintenant, nous sommes en mesure d'attaquer les conceptions fausses dans leurs aspects les plus grossiers en relâchant notre étreinte crispée sur ce que nous pensons être la réalité. Alors, même si les phénomènes gardent encore leur apparence concrète, nous ne les laisserons pas nous dévoyer aussi facilement.
p. 92
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Dissoudre les Limites que Nous Avons Créées
Nous devons obtenir l'image la plus claire possible de la manière dont nous nous conceptualisons habituellement et de la façon dont nous nous accrochons à une idée fausse de “l'ego” ; car nous n'avons aucune chance d'engendrer une vue correcte de la réalité des phénomènes tant que nous n'avons pas la compréhension limpide de l'aspect trompeur qui affecte nos vues ordinaires.
Les grands maîtres de méditation du passé ont insisté sur l'importance d'identifier aussi précisément que possible les absurdités conceptuelles de notre esprit. En effet, utiliser les puissantes techniques de méditation pénétrante ne présente aucun intérêt si nous n'avons de la vision erronée du soi à combattre qu'une idée vague ou purement théorique. Elles ne nous seraient d'aucune aide. Nous devons identifier nos difficultés à la racine, en recherchant profondément dans notre esprit ce qui caractérise ses opinions fausses. C'est alors seulement que nous pourrons nous attaquer à la cause fondamentale de nos problèmes. Sinon, cela reviendrait à pointer nos armes vers l'Ouest, tandis que nos ennemis arrivent par l'Est...
Ces réflexions valent la peine que l'on s'y attarde, car l'une des raisons essentielles qui nous poussent à expérimenter sans fin les souffrances variées de l'existence cyclique — où nous passons constamment d'une situation insatisfaisante à une autre — vient de notre incapacité à reconnaître l'origine de nos problèmes.
p. 91
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Il est vrai que, tout en cultivant l'amour, la compassion, la sagesse et toutes les autres qualités qui mènent à l'illumination, nous pouvons continuellement aider les autres. C'est d'abord en menant une vie simple, avec un cœur qui se consacre à vaincre l'égoïsme, que nous rendons automatiquement service à chacun. Dans un second temps, chaque stade du développement spirituel, du premier au dernier, possède sa propre puissance et ses propres facultés. C'est en fonction du niveau atteint que nous pourrons aider autrui en conséquence. Dans la logique des choses, nous devons donc soulager les autres dans la limite de nos capacités du moment. Penser que rien ne peut-être accompli tant que l'éveil n'est pas réalisé, c'est faire montre d'égoïsme et d'ignorance ; c'est le reflet d'une méconnaissance fondamentale de tout ce qui concerne l'entraînement spirituel.
Cette incompréhension se rapporte à une attitude que nous avons adoptée tout au long de nos vies.
[…]
« Quand j'aurai fini mes pratiques, quand je serai illuminé. » Mais ce ne sont que des leurres ! Ce rêve fantaisiste d'un futur utopique rend nos actions présentes tout aussi irréelles.
Comprendre qu'une pratique authentique s'accomplit d'instant en instant, jour après jour, est essentiel. Nous faisons ce que nous pouvons, avec la sagesse dont nous disposons, et offrons le tout pour le plus grand bien d'autrui. Menons notre existence simplement, au mieux de nos capacités ; ce qui est déjà, en soit, un profit énorme pour les autres. Nul besoin d'attendre d'être un bouddha pour commencer à agir.
p. 77
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Mais à quoi servent toutes ces déités ? Quel est la finalité de tout cela ? Il n'y a d'autre but que celui de développer et d'épanouir le cœur dévoué de bodhicitta. Vous ne trouverez aucune autre raison d'être à toutes ces déités. C'est un fait, toutes les méditations tantriques sans exception ont pour seule ambition le développe-ment d'une bodhicitta intense. Prenez, par exemple, la pratique d'Avalokiteshvara à mille bras : si votre conscience se manifeste en un être divin lumineux à mille bras, c'est uniquement pour que vous puissiez prêter main forte à mille êtres prisonniers de la souffrance. Pour quelle autre raison pourriez-vous désirer tant de bras ? Mais, si vous ne vous sentez pas à l'aise dans ce type d'auto-émanation, vous pouvez toujours tourner votre méditation vers votre propre culture et manifester votre être intérieur en Jésus, Saint François, Kwan Yin ou tout autre saint.
Nous devons comprendre qu'Avalokiteshvara et Jésus, par exemple, sont exactement semblables. Leur nature essentielle est une dévotion et un don de soi absolus au service d'autrui. Aussi, lorsque nous essayons d'être comme eux en nous servant des pratiques du tantra, de la prière ou de quelque autre méthode, c'est uniquement pour nous rendre aptes à servir les autres avec un même désintéressement. Se dévouer aux autres avec bienveillance, voilà la vraie bodhicitta : c'est également la raison pour laquelle elle est non seulement le préalable essentiel au tantra, mais aussi le fruit le plus important de cette pratique.
p. 82
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Ouvrir son Cœur
Voici une autre erreur que beaucoup commettent lorsqu'ils découvrent les enseignements sur bodhicitta : comme il est nécessaire de développer au maximum notre potentiel intérieur afin de rendre service aux autres dans les meilleures conditions de profondeur et de totalité, ils croient qu'ils ne peuvent leur être d'aucune aide tant qu'ils ne sont pas devenus un bouddha. « Je dois d'abord étudier très dur pendant plusieurs années, pensent-ils, puis je pourrai aborder la pratique d'entraînement de l'esprit. Beaucoup plus tard, je serai peut-être en mesure de développer le renoncement et bodhicitta puis, un jour, dans un lointain futur, lorsque je serai devenu un être éveillé, je pourrai alors rendre service aux autres. » Ce mode de pensée est complètement erroné car nous entravons le développement de notre vie spirituelle de conceptions rigides, ce qui constitue une restriction de plus, un fantasme de plus ! Croire fermement à un tel programme préétabli pour notre vie et s'y tenir ne tient pas compte de la mort qui peut survenir à tout moment, peut-être même avant que nous ayons commencé quoi que ce soit !
p. 76
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Le seul moyen de parvenir à la vision globale de l'illumination complète consiste à nous affranchir de cette attitude restrictive et bornée de l'amour de soi. Il est clairement établi, dans les enseignements transmis par tous les hommes et femmes hautement évolués du passé, que cette attitude de pensée limitée et égoïste ne peut qu'engendrer une asphyxie spirituelle. Si nous voulons vraiment réaliser notre potentiel le plus élevé, même si nous ne cherchons qu'à atteindre certaines satisfactions mondaines dans notre vie quotidienne, vaincre cet égoïsme et nous dévouer aussi totalement que possible au bien-être d'autrui constituent les conditions sine qua non. C'est là l'unique façon d'ouvrir totalement son cœur, le seul moyen de connaître un bonheur durable.
Se dévouer signifie simplement, qu'après avoir créé une certaine atmosphère d'énergie positive à l'intérieur de vous, vous décidez de partager ce bonheur avec les autres, autant que faire se peut. La psychologie bouddhique dit que si vous ne possédez pas un minimum de dévouement, vous n'aurez aucune chance de connaître la pleine satisfaction.
p. 72
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Le renoncement n'implique donc pas l'abandon des plaisirs, loin de là ! Toute la philosophie du bouddhisme en général et de son véhicule tantrique en particulier soutient que nous, humains aux potentialités virtuellement sans limites, devons aspirer au plaisir le plus élevé possible. Le vrai renoncement est basé sur la compréhension claire et nette que les plaisirs ordinaires sont de second ordre. Ils sont d'une importance très relative face à la béatitude extraordinaire que nous obtiendrons de l'éveil de nos énergies intérieures latentes et de l'accomplissement de notre potentiel le plus profond.
Or, non seulement ces plaisirs ordinaires sont de qualité inférieure, mais notre saisie à leur égard nous empêche aussi de connaître le bonheur supérieur d'une totale réalisation de soi. Notre envie de saisir et d'attirer à soi est un intoxicant qui ternit notre clarté naturelle. Nous nous empêtrons de plus en plus profondément dans le monde des apparences ordinaires tout en nous écartant de plus en plus de notre nature essentielle. Développer le renoncement consiste donc à réaliser combien notre dépendance habituelle au plaisir nous empêche de goûter à ce bonheur plus élevé et plus complet.
Un développement adéquat du renoncement apporte une pause dans notre dépendance invétérée et contraignante aux plaisirs sensoriels.
p. 65
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Émerger de l'Insatisfaction
Nous pouvons penser que la renonciation a quelque chose à voir avec des observances religieuses, que l'étude des enseignements spirituels et la pratique de la méditation feront de nous un vrai renonçant. Ce n'est pas nécessairement vrai. En effet, si quelqu'un critique votre engagement, disant ; « Tu te racontes des histoires orientales, du pur délire! », y réagir par la colère prouvera que vous n'avez pas développé une once de renoncement. C'est même le signe que vous faites main basse sur la religion comme vous le feriez sur tout objet sensoriel ordinaire. Autrement dit, par votre attitude de saisie, vous avez transformé une pratique spirituelle en une autre forme d'attachement ordinaire.
Développer un vrai renoncement implique de ne plus compter sur les plaisirs des sens pour notre accession au bonheur ultime. Attendre une satisfaction profonde de tous ces phénomènes limités et transitoires nous apparaît alors telle-ment futile. Avoir une compréhension claire de la question est important : il faut savoir que le renoncement ne signifie pas renoncer au plaisir ou nier notre propre bonheur, cela consiste à renoncer aux attentes imaginaires que nous superposons aux plaisirs ordinaires. Car ce sont ces espoirs mêmes qui transforment le plaisir en souffrance. L'on ne répétera jamais assez qu'il n'y à rien à reprocher au plaisir. Seules doivent être abandonnées les attitudes de saisie, d'exagération déformante et polluante à l'égard du plaisir.
p. 63
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Si nous omettons de voir à quel point notre attachement ordinaire au plaisir nous enchaîne étroitement à la roue des déceptions répétées, le samsara, nous commettrons avec le tantra les mêmes erreurs que nous avons répétées dans notre poursuite habituelle du bonheur. En effet, chaque fois que la pratique nous gratifiera d'une sensation de béatitude, nous la saisirons comme existant en soi, comme si elle pouvait incontestablement nous apporter la jouissance éternelle. Telle l'araignée guettant une mouche, nous sauterons avec avidité sur toute expérience attrayante qui se présentera. Essayer de tirer du plaisir de toute chose est une grave erreur ; nous ne connaîtrons jamais la satisfaction tant que nous resterons engagés dans de telles conduites irréalistes. Ne pas abandonner cette attitude de saisie fera que nous transformerons le tantra, sans le vouloir, en un nouveau cercle vicieux dénué de sens.
Il faut donc commencer par développer un tant soit peu de renoncement. Mais puisqu'il y a si souvent confusion entre le renoncement et cet effrayant esprit de rejet que j'ai critiqué précédemment, je commencerai par préciser ce que le renoncement n'est pas.
p. 62
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La santé du corps et de l'esprit est avant tout une question d'image de soi. Ceux qui, pour quelque raison que ce soit, se perçoivent négativement, deviendront puis resteront malheureux ; tandis que ceux qui réussissent à reconnaître et solliciter leurs ressources intérieures peuvent venir à bout des situations pénibles, même les plus difficiles. Le yoga de la déité est une des techniques les plus profondes qui rehausse l'image de soi ; c'est en ce sens que le tantra représente une méthode tellement rapide et puissante pour réaliser l'accomplissement de notre potentiel fantastique.
L'obstacle majeur qui bloque toute réussite à l'auto-transformation en déité vient de notre croyance persistante aux apparences ordinaires. Tant que nous maintenons l'idée ordinaire que nous avons de nous, nous ne disposons d'aucun espace pour nous percevoir en être éveillé. Notre vision de nous-mêmes ayant le corps transparent et lumineux de la déité manquera totalement d'authenticité si nous continuons à nous identifier solidement à notre forme physique grossière. Et nous n'arriverons jamais à entrer en relation avec la nature essentiellement pure de notre être si nous persistons à penser que la nature fondamentale de notre esprit ne diffère pas des émotions conflictuelles et des conceptions grossières qu'il véhicule.
p. 54/55
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Rappelons-nous bien ceci : il ne s'agit pas, en nous manifestant en Manjoushri, de prendre un esprit différent de ce qu'il est déjà. Nous possédons à l'intérieur de nous, en ce moment même, les qualités profondes de cette manifestation divine. Et si nous pratiquons ces émanations de nous-mêmes en déité, c'est pour mieux reconnaître ces qualités et les cultiver pleinement, au lieu de demeurer lamentablement bloqués par les projections restrictives…
p. 52
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Renverser la Tyrannie des Apparences Ordinaires
Les déités de méditation tantrique ne doivent pas être confondues avec ce que mythologies et religions entendent quand elles parlent de dieux et de déesses. La déité que nous choisissons ici pour cette nouvelle identification représente les qualités essentielles de l'expérience de l'éveil parfait qui est latente en nous. Pour utiliser le langage de la psychologie, disons que cette déité est un archétype de notre nature intime, émergeant du ,niveau le plus profond de notre esprit. Dans le tantra, nous concentrons notre attention sur une image archétype et nous nous identifions à cette forme subtile afin de réveiller les aspects les plus intimes, les plus profonds de notre être pour les attirer dans notre réalité actuelle. C'est la vérité pure et simple : si notre identification est fondamentalement pure, forte et adroite, nous développerons effectivement ces qualités…
p. 51
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L'Espace du Tantra
PRUDENCE
Cette habitude de tomber dans un état de confusion et d'engourdissement sous l'emprise du plaisir est, en nous, si profondément enracinée qu'il est tout à fait déraisonnable d'imaginer que nous pourrons instantanément transformer l'intensité du désir en une clarté mentale épanouie et pure. Même si le tantra constitue la voie la plus rapide pour accomplir pleinement l'expérience illuminée, nous devons néanmoins progresser par étapes, en tenant compte de nos capacités. Ne pas le faire nous chargera d'un fardeau que nous n'avons pas encore la force d'assumer. Nous risquerions de nous retrouver comme ces pays pauvres qui, dans leurs efforts de modernisation, en ont fait trop et trop vite. Ce qui a trop souvent pour conséquence malheureuse de précipiter leur vie simple et relativement équilibrée dans la confusion. Alors que le but d'une industrialisation rapide visait un apport de profit, son résultat sera finalement une agitation et une insatisfaction encore plus grandes qu'avant. De même en ce qui nous concerne : si notre pratique de transformation tantrique ne s'accorde pas avec notre niveau émotionnel et nos capacités mentales, vouloir nous charger de transformer une énergie de désir supérieure à celle que nous pouvons manœuvrer nous conduira à un état de confusion pire que celui qui nous accable pour l'instant.
p. 46
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Avec le tantra, l'expérience de béatitude engendrée à partir du désir élargit l'esprit au point que nous franchissons toutes nos limitations ; alors qu'à l'ordinaire, le plaisir qui naît du contact avec des objets de désir rétrécit notre attention et nous conduit à une obsession restrictive pour un bonheur que nous espérons accru et meilleur. Intoxiqués par les sensations de plaisir, nous perdons la conscience de la totalité et nous nous enfonçons dans un état de stupidité bornée. Notre esprit se crispe autour de son objet, et tandis que nous nous y agrippons pour accroître notre satisfaction, nous nous éloignons de plus en plus de la réalité. Nous pouvons presque dire que, fascinés par l'appel d'un désir puissant, nous sombrons dans une sorte d'inconscience. Lorsque nous parviendrons à nous éveiller de cet engourdissement — comparable à l'état de rêve — nous découvrirons que tous les plaisirs que nous avons pu connaître auront disparu et qu'il ne nous restera que l'insatisfaction de départ.
p. 45
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