Au tout début du 20e siècle, les roumanophones eux-mêmes n'étaient pas certains du projet qu'allait suivre leur propre construction nationale. Cela pour des raisons d'alliances politiques ou diplomatico-militaires européennes. L'espace roumanophone appartenait à des systèmes différents. La petite Roumanie, des principautés roumaines unies entre 1859 à 1918, avait deux possibilités :
- la possibilité de revendiquer la Transylvanie, qui se trouvait dans l'Empire autrichien puis austro-hongrois à partir de 1867, en alliance avec les Russes, les Français, les Anglais. La Transylvanie était la région la plus développée et avancée politiquement, par rapport au reste de l'ensemble roumanophone. C'était une première possibilité. Mais, ce qui freinait cette tendance tournée vers les Transylvains, c'était que la Roumanie appartenait au même système d'alliance que l'Autriche. Elle avait une situation proche de l'Italie. Cela pouvait donc dire qu'elle devait retourner son système d'alliance contre les Centraux.
- l'autre possibilité était de se tourner vers la Bessarabie, l'actuelle République Moldave, et finalement d'essayer de l'annexer au détriment de l'Empire russe. Cela, elle pouvait le faire en compagnie des Centraux, et donc en restant fidèle à l'alliance de 1883 passée avec Bismarck et l’Empereur François-Joseph.
Immédiatement après 1989 il y a eu [en Roumanie] une période nationaliste intense. Mais, à partir de 1993 et 1994 il a fallu s'occidentaliser et modérer les discours. Il y a eu une phase de refroidissement, d'européanisation de la société roumaine et de ses logiques politiques. Il y a eu aussi eu une phase de modération par rapport aux minorités hongroises, rom (tsigane), très décriées. Sous l'effet des politiques européennes, les discours ont été modérés.
"Sous le régime de Ceausescu, le frère pouvait traiter le frère de traître parce qu'il choisissait la liberté quel qu'en fût le prix ; aujourd'hui, il lui faciliterait sa sortie, parce qu'elle ne vaut plus grand chose"