Véronique Aïache

Il est clair qu’on ne souffre pas de ce qu’on ignore. Une femme trompée continue d’être heureuse dans son couple si son époux lui tait la vérité. Un employé part travailler chaque matin avec entrain s’il ne sait pas que sa société est au bord de la faillite. Un ami reste dévoué si on lui cache les moqueries faites dans son dos… et la liste d’exemples peut être longue tant les situations de la vie quotidienne donnent matière à illustrer cette forme d’ignorance indolore. Seulement voilà : s’il y a bien une chose que l’homme ne peut pas ignorer, c’est l’existence de la mort. Cette fin insupportable pour ceux qui restent. Ce grand saut dans le néant éternel qui, en comparaison, rend presque dérisoire la courte durée de la vie. Il faut dire que ce départ vers l’inconnu – et sans retour possible – a de quoi terroriser les consciences. Que se passe-t-il quand le cœur cesse de battre ? Le corps devient poussière mais qu’advient-il de l’esprit ? (…)
Bien sûr le chat ne se pose pas tant de question puisque pour lui le futur n’existe pas. La mort n’existe pas. Le chat vit ici et maintenant ; il ne se projette pas. Il n’a donc pas de raisons d’être inquiet.