Vincent Coussedière

Encore un livre emprunté à la médiathèque, sur lequel je n'avais aucune opinion préconçue. Son titre assez provocateur a attiré mon attention. Vincent Coussedière, qui est professeur de philosophie, veut distinguer clairement démagogie et populisme – deux notions qui, dans mon esprit, sont a priori très voisines. L'auteur essaie de définir ce qu'est, selon lui, le populisme. Au début du livre, il note: « le populisme est le moment où l'essence du politique est encore abritée par le peuple » (p. 23). Dans sa conclusion, il écrit: « le populisme est l'entrée en résistance d'un peuple contre ses élites, parce qu'il a compris que celles-ci le mènent à l'abime » (p. 159). Mais ceci n'est pas clair pour moi ! Le concept proposé me parait douteux, car il s'appuie sur une fiction, l'existence d'UN peuple identifiable et bien caractérisé. Je n'y crois pas...

Une bonne partie du livre contient une analyse de toute la politique française depuis De Gaulle. Vincent Coussedière croit y observer deux tropismes de plus en plus prégnants, qu'il semble juger sévèrement: la volonté de construire l'Europe (aux dépends des intérêts nationaux ?) et le gauchisme. Même si J.-P. Sartre a pu avoir une (trop) grande influence sur l'intelligentsia française du XXème siècle, il me semble ridicule de faire référence au pseudo-"gauchisme" des présidents de la Vème République successifs.

On l'aura compris: je ne suis pas du tout d'accord avec l'auteur. Ce petit livre sert de "poil à gratter" – de temps en temps, ça fait du bien, mais à condition de ne pas en abuser.

Le populisme n'est ni réactionnaire, ni fasciste, mais conservateur. Non pas conservateur selon une conception immobiliste, mais au sens "éthique".



Le populisme cherche d'abord à défendre la politique en tant que tel, et l'idée que le peuple a le devoir de réagir à partir du moment où il se sent dépossédé de son pouvoir. En parallèle, il fait la promotion des valeurs essentielles qui ont conduit à la maturation de la société. Avec des références aussi variées que Rousseau, Péguy ou le grand sociologue (aujourd'hui largement oublié) Alfred Fouillée, Vincent Coussedière met en lumière les racines intellectuelles d'un concept trop souvent réduit à sa portée médiatique.



Au-delà de l'opposition droite-gauche, le populisme constitue l'adage des gens qui n'ont pas (ou plus) de parti, souvent parce que les partis en question ne reconnaissent plus le "Peuple" comme le premier souci de la Politique.