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Citations de Vinicius de Moraes (11)


Vinicius de Moraes
CONJUGAISON DE L’ABSENTE
Vinícius de Moraes

Dix années et huit kilos de plus furent nécessaires
Une appréciable canitie et un début de bedaine
(Sans parler de la Seconde Grande Guerre, de la découverte de la pénicilline et de la désagrégation de l’atome)
Deux enfants et sept maisons furent nécessaires
(À des endroits comme São Paulo, Londres, Cascais, Ipanema et Hollywood)
Trois livres de poésies et une opération de l’appendicite furent nécessaires
Quelques magouilles et un exequatur
Ainsi que l’acquisition d’une conscience politique
Et d’innombrables bouteilles ; un désastre aérien fut nécessaire
Furent nécessaires des séparations, tellement de séparations
Une séparation…

Ta grâce se déplace dans la maison
Tu avances blindée en abstractions, comme un T. Tu portes
La tête rentrée dans les épaules telle une obscure
Rose sans tige. Tu es si profondément
Que plus rien ne se détache, même en pensée.
La chaise est chaise et le tableau est tableau
Parce qu’ils te font partie. Dehors, le jardin
Modeste comme toi, fane en anthuriums
Ton absence. Les feuilles t’automnent, la pelouse
Te veut. Muée végétale, amie…
Amie ! Je dirai tout bas ton nom
Pas au poste ou au miroir, mais à la porte
Qui t’encadre, fatiguée, et au
Couloir qui s’estompe
Pour te cheminer, courbée, inutilement
Rapide. Vide, la maison
Rayons, pourtant, de ce regard souverain
Obliques cristallisent ton absence.
Je t’aperçois à chaque prisme, réfléchissant
Diagonalement la multiple espérance
Et je t’aime, je t’adore, t’idolâtre
Avec une perplexité d’enfant.


Traduction: Eduardo Reis


CONJUGAÇÃO DA AUSENTE
Vinícius de Moraes

Foram precisos mais dez anos e oito quilos
Muitas cãs e um princípio de abdômen
(Sem falar na Segunda Grande Guerra, na descoberta da penicilina e na desagregação do átomo)
Foram precisos dois filhos e sete casas
(Em lugares como São Paulo, Londres, Cascais, lpanema e Hollywood)
Foram precisos três livros de poesia e uma operação de apendicite
Algumas prevaricações e um exequatur
Fora preciso a aquisição de uma consciência política
E de incontáveis garrafas; fora preciso um desastre de avião
Foram precisas separações, tantas separações
Uma separação...

Tua graça caminha pela casa
Moves-te blindada em abstrações, como um T. Trazes
A cabeça enterrada nos ombros qual escura
Rosa sem haste. És tão profundamente
Que irrelevas as coisas, mesmo do pensamento.
A cadeira é cadeira e o quadro é quadro
Porque te participam. Fora, o jardim
Modesto como tu, murcha em antúrios
A tua ausência. As folhas te outonam, a grama te
Quer. És vegetal, amiga...
Amiga! direi baixo o teu nome
Não ao rádio ou ao espelho, mas à porta
Que te emoldura, fatigada, e ao
Corredor que pára
Para te andar, adunca, inutilmente
Rápida. Vazia a casa
Raios, no entanto, desse olhar sobejo
Oblíquos cristalizam tua ausência.
Vejo-te em cada prisma, refletindo
Diagonalmente a múltipla esperança
E te amo, te venero, te idolatro
Numa perplexidade de criança.
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Vinicius de Moraes
LA ROSE D’HIROSHIMA
Rio de Janeiro , 1954

Pensez aux enfants
Muets télépathes
Pensez aux fillettes
Aveugles inexactes
Pensez aux femmes
Transies déambulant
Pensez aux blessures
Comme des roses ardant
Mais ô n’oubliez pas
La rose de la rose
La rose d’Hiroshima
La rose héréditaire
La rose radioactive
Stupide et délétère
La rose à la cirrhose
L’antirose atomique
Sans couleur sans parfum
Sans rose sans rien.

Traduction: Eduardo Reis

A ROSA DE HIROXIMA
Rio de Janeiro , 1954

Pensem nas crianças
Mudas telepáticas
Pensem nas meninas
Cegas inexatas
Pensem nas mulheres
Rotas alteradas
Pensem nas feridas
Como rosas cálidas
Mas oh não se esqueçam
Da rosa da rosa
Da rosa de Hiroxima
A rosa hereditária
A rosa radioativa
Estúpida e inválida
A rosa com cirrose
A antirrosa atômica
Sem cor sem perfume
Sem rosa sem nada.
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Vinicius de Moraes
SONNET DE SEPARATION

Soudain le rire se figea en pleurs
Silencieux et blancs comme la brume
Et des bouches scellées jaillit l’écume
Et des mains aplaties surgit la frayeur.

Soudain le calme se mua en vent
Qui des yeux ôtait la dernière flamme
Et la passion se fit pressentiment
Et de l’immobilité naquit le drame.

Soudain, soudain, rien que soudain
Fut devenu triste ce qui était aimant
Et resté seul ce qui avait son content.

L’ami qui était proche se fit distant
La vie elle-même un départ errant
Soudain, soudain, rien que soudain.

(Océan Atlantique, à bord du Highland Patriot, en route vers l’Angleterre, septembre 1938.)


SONETO DE SEPARAÇÃO

De repente do riso fez-se o pranto
Silencioso e branco como a bruma
E das bocas unidas fez-se a espuma
E das mãos espalmadas fez-se o espanto.

De repente da calma fez-se o vento
Que dos olhos desfez a última chama
E da paixão fez-se o pressentimento
E do momento imóvel fez-se o drama.

De repente, não mais que de repente
Fez-se de triste o que se fez amante
E de sozinho o que se fez contente.

Fez-se do amigo próximo o distante
Fez-se da vida uma aventura errante
De repente, não mais que de repente.


Oceano Atlântico, a bordo do Highland Patriot, a caminho da Inglaterra, setembro de 1938.


Traduction: Eduardo Reis
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Recette de femme


Extrait 3

Très grave toutefois est le problème des salières : une
 femme sans salières
Est comme une rivière sans ponts. Il est indispensable
Qu'il y ait une hypothèse de petit ventre, et qu'ensuite
La femme s'élève en calice et que ses seins
Soient une expression gréco-romaine, plus que
 gothique ou baroque
Et qu'ils puissent illuminer l'obscurité avec une force
d'au-moins cinq bougies.
Il faut absolument que le crâne et la colonne vertébrale
soient légèrement visibles.et qu'il existe une grande
étendue dorsale !
Que les membres se terminent comme des hampes,
 mais qu'il y ait un certain volume de cuisses.

p.19
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Vinicius de Moraes
SONNET DE SÉPARATION
     
Soudain du rire naquirent les pleurs
Silencieux et blancs comme la brume
Et des bouches unies naquit l'écume
Et des mains ouvertes naquit la peur.
     
Soudain du calme vint le vent
Qui des yeux défit l'ultime flamme
Et la passion se fit pressentiment
Et l'instant immobile se fit drame.
     
Soudain, non plus que soudain,
De la tristesse vint ce qui se fit amour
Et de la solitude le contentement.
     
L'ami proche devint l'ami lointain,
La vie devint une aventure errante,
Soudain, non plus que soudain.
     
-
     
SONETO DE SEPARAÇAO
     
De repente do riso fêz-se o pranto
Silencioso e branco corno a bruma
E das bocas unidas fêz-se a espuma
E das mãos espalmadas fêz-se o espanto.
     
De repente da calma fêz-se o vento
Que dos olhos desfêz a última chama
E da paixão fêz-se o pressentimento
E do momento imóvel fêz-se o drama.
     
De repente, não mais que de repente
Fêz-se de triste o que se fêz amante
E de sozinho o que se fêz contente.
     
Fêz-se do amigo próximo o distante
Fêz-se da vida uma aventura errante
De repente, não mais que de repente.
     
     
Massart Robert. Essai de Traduction. Poèmes brésiliens.
In: Équivalences, 3e année-n°3, 1972.
https://doi.org/10.3406/equiv.1972.929
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Il y avait une petite maison absolument charmante
mais elle n'avait ni toit ni charpente.
Personne ne pouvait y entrer
parce que la maison n'avait ni sol ni plancher.
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Recette de femme


Extrait 2

Dans le regard des hommes. Il faut, il faut absolument
Que tout soit beau et inespéré. Il faut que des paupières closes
Rappellent un vers d'Éluard, et que l'on caresse sur des bras
Quelque chose au delà de la chair : et qu'au toucher
Ils soient comme l'ambre d'un crépuscule. Ah, laissez-
 moi vous dire
Qu'il faut que la femme qui est là, comme la corolle
 devant l'oiseau
Soit belle, ou qu'elle ait au moins un visage qui
 rappelle un temple ; et
Qu'elle soit légère comme un reste de nuage : mais
 que ce soit un nuage…

p.17-19
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A Casa

Era uma casa
Muito engraçada
Não tinha teto
Não tinha nada
Ninguém podia entrar nela, não
Porque na casa não tinha chão
Ninguém podia dormir na rede
Porque na casa não tinha parede
Ninguém podia fazer pipi
Porque penico não tinha ali
[...]
Mas era feita com muito esmero
Na rua dos Bobos
Número zero
[...]
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Recette de femme


Extrait 5

Ah, que la femme donne toujours l'impression que si
 ses yeux se ferment
En les ouvrant, elle ne serait plus présente
Avec son sourire et ses intrigues. Qu'elle surgisse, qu'elle
 ne vienne pas, qu'elle parte, quelle n'aille pas.
Et qu'elle possède un certain pouvoir de rester muette
 subitement, et de nous faire boire
Le fiel du doute. Oh, surtout
Qu'elle ne perde jamais, peu importe dans quel monde,
Peu importe dans quelles circonstances, son infinie
 volubilité
D'oiseau ; et que caressée au fond d'elle-même,
Elle se transforme en fauve sans perdre sa grâce
 d'oiseau ; et qu'elle répande toujours
L'impossible parfum ; et qu'elle distille toujours
Le miel enivrant ; et qu'elle chante toujours le chant
 inaudible
De sa combustion et qu'elle ne cesse jamais d'être
 l'éternelle danseuse
De l'éphémère ; et dans son incalculable imperfection
Qu'elle constitue la chose la plus belle et la plus
 parfaite de toute l'innombrable création

p.21-22
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Recette de femme


Extrait 4

Les fleurs sans mystère. Les pieds et les mains doivent
 contenir des éléments gothiques
Discrets. La peau doit être fraîche aux mains, aux bras,
 dans le dos et au visage
Mais les concavités et les creux ne doivent jamais
 avoir une température inférieure
À 37° centigrades, capables, éventuellement, de
 provoquer des brûlures
Du premier degré. Les yeux, qu'ils soient de préfé-
 rence grands
Et d'une rotation au moins aussi lente que celle de la
 terre ;
Qu'ils se placent toujours au delà d'un mur invisible
 de passion
Qu'il est nécessaire de dépasser. Que la femme, en
 principe, soit grande
Ou, si elle est petite, qu'elle ait l'altitude mentale des
 hautes cimes.…

p.21
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Recette de femme


Extrait 1

Que les très laides me pardonnent
Mais la beauté est fondamentale. Il faut
Dans tout cela qu'il y ait quelque chose d'une fleur,
Quelque chose d'une danse, quelque chose de haute couture
Dans tout cela (ou alors
Que la femme se socialise élégamment en bleu
 comme dans la République populaire de Chine).
Il n'y a pas de moyen terme. Il faut
Que tout soit beau. Il faut que, tout à coup
On ait l'impression de voir une aigrette à peine posée,
 et qu'un visage
Acquière de temps en temps cette couleur que l'on ne
 rencontre qu'à la troisième minute de l'aurore.
Il faut que tout cela soit sans être, mais que cela se
 reflète et s'épanouisse…

p.17
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