J'avais le corps en feu, je ne cessais de pleurer en leur demandant pourquoi ils avaient tué mon [agneau].
Un adulte voulut m'expliquer, croyant ainsi me calmer, que les plus forts - eux - mangeaient les plus faibles - nous -, car telle était la loi de la survie. Les hommes chassaient les animaux pour se nourrir, les mettaient en captivité et au bout d'un certain temps les mangeaient sans scrupules.
Ceux qui avaient emmené papa, ceux qui avaient tué Mme Paletti, étaient les plus forts, le monde était plein de chasseurs qui vivaient à l'affût de ceux qui ne pensaient pas comme eux.
Mais la maison s'assombrirait entièrement quand on enlèverait papa. Depuis ce jour, la scène de son arrestation se répétait sans arrêt dans ma tête, comme un film muet chaque scène se déroulait au millimètre près, si fort était le traumatisme, et c'est ainsi que je retournai au degré zéro de la peur.
La maison ensorcelée qui amusait tant mes cousins devint la maison maudite pour nous. Il est vrai qu'elle avait conservé un charme, celui d'être en suspension dans le temps, une a-temporalité qu'il nous fallait vivre sans nous poser trop de questions. Il n'y eut pire fantôme à compter de ce jour que cette douleur incessante, la scène qui se répétait à tout moment et m'agressait de façon obsessionnelle. Mon père me regardant pendant un millième de seconde pendant que je me cachais derrière un rideau en retenant ma respiration, le cri, le poids qui retombait sur nous.
Cette douce mélodie du vent au petit matin, du léger froissement des feuilles dans les arbres. Les chaudes larmes sur les pieds nus, les ongles fichés dans le bras pour s'assurer que ce n'était pas un rêve, ça se passait vraiment, cela avait été réel, car la chair montrait des marques de sang et mon cœur était vide, ma vie était une maison vide que rien ni personne ne pouvait remplir.
Depuis plusieurs années Hubert Reeves s'intéresse lui aussi, parallèlement à son travail de recherche et d'écriture, à la transmission du savoir. Le bonheur et l'enthousiasme que lui inspire le déchiffrement du monde vont de pair avec le plaisir de partager ses connaissances.
Le conseil qu'Hubert Reeves donne aux parents, dans les écoles où il est invité, c'est de communiquer aux enfants la curiosité de la nature. Aimer l'univers engage la vie sur terre, car nous sommes seuls responsables de la préservation de la beauté et de la vie sur notre planète.
Les mots sont des fils qui communiquent entre eux, ils créent une trame, une phrase, un vers, une histoire, un pont qui nous mène vers quelque chose qui nous abrite, comme un gilet ou une écharpe.
Les disparus se multipliaient, les massacres, les enlèvements, les vols se multipliaient jusqu'au paroxysme, la douleur des pertes que subissait la société était si vive qu'elle finit par remonter à la surface. On peut étouffer un cri pendant un certain temps, mais il finit par affleurer, d'une façon ou d'une autre. Le silence n'était autre que le cri qui brisait le pays, qui arrivait jusqu'à la cordillère des Andes et se brisait sur les neiges éternelles.
Ana sait que les mercenaires sont toujours plus cruels avec les femmes qu’avec les hommes .Pourquoi ? Il en été toujours ainsi, cette pensée la terrorise et l’attriste, elle se sent petite, elle croit mieux comprendre la femme d’Ulysse et percer secrètement son astuce, cette façon originale de survivre, confrontée à la décimation des amants dans son palais et à la disparition du mari.
Hubert Reeves s'est engagé dans la défense de l'écologie, une cause qui donne un sens à sa vie de chercheur : défendre la nature, les espèces en voie d'extinction, travailler dans les différentes associations qui préservent la terre.
Avant de devenir adulte et d'embrasser une profession, le choix des études reste pour lui difficile. Comment se décider? Comprendre les lois de la matière en étudiant la physique, voilà qui est séduisant, mais la biologie, la science de la vie, l'intéresse aussi! C'est l'univers fascinant que constitue les mathématiques qui finalement l'emporte: Hubert opte pour la physique.
Page 29:" La ville ne sait rien, dans son ventre obscur les cris se replient, s'éteignent, s'étouffent, se taisent."