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Citation de ladesiderienne


Cette petite brise avait voyagé des milliers de miles, plus même, depuis les grandes étendues du désert que les petits Bochimans jaunes appellent le « Grand Sec » : le désert du Kalahari. En atteignant la faille du Zambèze, le vent se fragmentait, refluait dans les collines et se heurtait aux escarpements de la vallée.
Trop malin pour se silhouetter contre le ciel, l’éléphant se tenait à l’abri d’une crête. Les frondaisons nouvelles des msasas masquaient son énorme masse, et il se fondait dans le gris des rocailles.
Il s’étira, aspira goulûment par ses larges narines ourlées de poils et roula sa trompe pour souffler délicatement dans sa bouche béante. Nichées au creux de sa lèvre supérieure, les narines s’épanouirent comme des bourgeons de rose, et il goûta l’air.
Il reconnut le parfum épicé des poussières du désert, le pollen douceâtre d’une multitude de plantes sauvages, et la puanteur chaude, bovine, de la harde de buffles dans la vallée en contrebas, mêlée à la saveur acide du trou d’eau où ils pataugeaient. Tout cela il l’identifiait, avec bien d’autres choses encore, et il localisait très précisément la source de chaque odeur.
Mais ce qu’il guettait dans ce mélange d’effluves, c’était ce goût âcre et agressif qui perçait à travers tous les autres. L’odeur d’un tabac noir, associée au fumet très particulier du mangeur de viande, sueur rance et laine mal lavée, paraffine, savon phéniqué et cuir tanné – l’odeur de l’homme. Elle était là, aussi forte, aussi proche qu’au premier jour de la poursuite.
Depuis des générations, cette odeur traquait ceux de sa race. Il avait appris à la haïr, à la craindre, et toute sa vie il l’avait fuie.
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