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Critiques de Wolfgang Borchert (5)
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Das Gesamtwerk

Une édition spéciale des œuvres complètes de Borchert, pas immense par définition, l'auteur étant décédé à vingt-six ans. On y apprend néanmoins, par rapport à d'autres livres, l'importance de Hambourg, sa ville natale, qu'il chérissait assez étonnamment. Pour le reste, les quelques nouvelles que l'on connaît et Draussen vor die Tür...
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Dehors devant la porte

Une pièce de théâtre magnifique ( à la lecture comme sur scène). Un texte qui m'a semblé très en avance sur son temps, très critique, triste et parfois drôle.
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Dehors devant la porte

Durant mes études, j’ai étudié certaines œuvres de Borchert, en allemand. J’en garde un souvenir vivace, j’aimais sa plume. Alors quand j’ai cherché des textes pour modifier mes cours, j’ai repensé à la Trümmerliteratur, ces œuvres d’après guerre. De fil en aiguille, j’ai cherché, et je suis tombée sur cette pièce de théâtre que je ne connaissais pas, la curiosité a été la plus forte.



Dehors devant la porte est le récit d’un homme qui rentre chez lui, et qui ne trouve plus rien. Après des années de captivité, le vide lui répond: l’Absence, celle de sa famille, celle de son épouse, celle d’un monde dévasté qui a avancé sans lui.



Ce texte est hors norme, dès la liste des personnages et le sous-titre « Une pièce qu’aucun théâtre ne voudra jouer et que personne ne voudra voir ». On sent y affleurer l’ironie, le sarcasme, la douleur également, une souffrance transformée en art, en poétique. Et, de fait, la pièce doit être extrêmement difficile à jouer. Elle prend des allures fantasques, hallucinées. Beckmann, comme le public, ne sait pas vraiment ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.



Comme dans un demi rêve, nous voyons apparaître le protagoniste, Beckmann, l’homme désespéré qui tente de renouer avec la vie, après mille nuits passées dans le froid sibérien, après la captivité, après la blessure. Repoussé par la mort, il tente sa chance. Pourtant, où qu’il aille, les portes se ferment inexorablement. La vie a repris son cours, sans l’attendre, les gens veulent tourner la page. Oublié la guerre, les soldats, les sacrifices, on veut passer à autre chose. Ce soldat qui revient de captivité, qui détonne dans la société, ces mots qu’il prononce, cette vérité – la douleur, l’Absence, le manque, l’envie de se reposer, la culpabilité aussi – sonnent comme des mots grossiers pour les oreilles de monsieur tout le monde. Et, tragiquement, dans la pièce, aucun autre personnage ne voit s’effriter la bouée de sauvetage d’un homme qui était déjà presque perdu avant d’arriver. Personne ou presque car dans sa douleur, Beckmann trouve un compagnon d’infortune. Un autre soldat. Une autre souffrance. Nous, public, voyons clairement l’espoir relancé et bientôt abattu en plein vol, un drame sans pathos, servi par une langue nerveuse, brutale aussi, vibrante d’émotions.



Cette pièce est complexe. Tout d’abord, elle constitue bien un cri de désespoir. Un cri d’une souffrance intériorisée, une souffrance qui ronge sans cesse et dont on ne se délivre pas. Beckmann espère le repos, l’apaisement. Il se heurte au rire, à la désinvolture, à la moquerie, à l’indifférence violente et pourtant tellement banale, à l’égoïsme des périodes difficiles où chacun préfère se centrer sur soi. Mais le personnage nommé l’Autre offre un contrepoint intéressant à tout ça. Il incarne la foi, l’espoir, l’envie d’aller de l’avant. Il est là, toujours prêt à rattraper Beckmann, à l’accompagner, à l’encourager. De plus, des traits d’humour apparaissent également, un humour grinçant que Beckmann n’abandonne pas : jeux de mots, jeux sur le sens propre et le sens figuré, de quoi nourrir le public et enrichir le texte, encore.



Cette pièce a une saveur particulière. La plume sonne et retentit à notre oreille avec une musicalité dissonante, douloureuse, violente. Les mots muets, lus dans le silence de notre intérieur, crient à notre oreille. L’esthétique sous forme de tableaux sert le décentrement du personnage, son errance, son cheminement. La pièce interpelle : elle a des accents d’une modernité terrible et le verbe emplit l’espace. J’y ai retrouvé un zeste de Ionesco, un désespoir à la Beckett. Peut-être serais-je la seule à en faire la remarque, peut-être ai-je tort, mais c’est ainsi que j’ai vécu ma lecture. Le fil en apparence décousu, nous montre une vie qui s’effiloche, qui se dévide sous nos yeux, une vacuité qui s’installe et enfle. Certains personnages deviennent alors symboliques : l’Elbe, la Mort qui revêt différentes formes, le Directeur de cabaret qui incarne tous les jouisseurs de son temps, le Colonel et tous ceux qui ont pu et su tourner la page, au chaud dans leur famille, tournant le dos aux souvenirs pénibles d’une guerre qui laisse des séquelles, profitant d’un foyer qu’ils ont réussi à conserver, là où d’autres sont brisés, blessés, foulés par une Histoire trop lourde.



Ainsi, Dehors, devant la porte est une belle pièce, moderne, sombre, teintée d’humour, difficile d’accès malgré tout. Elle prend aux tripes et vous serre le cœur. Elle constitue le cri d’un homme qui bientôt fait écho à mille et une autres voix, muettes, solitaires, désespérées dans une Allemagne au lendemain de la guerre.




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Dehors devant la porte

Le chef d’œuvre absolu d'un écrivain mort bien trop jeune, qui ne pouvait se taire dans une Allemagne nazie. Incarcéré, il est revenu après la guerre, pour retrouver la malédiction : il n'y avait plus de place pour lui, à supposer qu'il y en ait jamais eu une. Beckmann, le personnage principal est son alter ego, celui qui lui permet de hurler toute sa rage, non sans humour parfois. L'auteur-personnage s'écorche, souffre, s'exclut, écrit "dans le murmure du sang et la prière des os".
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Dehors devant la porte

Excellent. Un soldat revient du front pour découvrir qu'il est comme mort pour les autres, et qu'il aurait mieux fait de ne jamais rentrer. L'absurdité, désespérante, et dégoûtante, de ce monde hitlérien ou post-hitlérien ; les conséquences très concrètes de ces folies pour l'individu ; tout cela est montré de manière très sobre et poignante.
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