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Citations de Wolfgang Pauli (35)


insi, la discussion autour des idées d’ « être » et de « non-être », qui commence avec la philosophie antique, se poursuit aujourd’hui sous une forme moderne. Dans l’Antiquité, « ce qui n’est pas » ne désigne pas seulement ce qui n’existe pas ; cette caractérisation renvoie toujours à une difficulté de la pensée. N’est pas ce à quoi on ne peut penser, ce qui se soustrait à l’entendement pensant, ce qui ne se laisse pas saisir et déterminer à l’aide de concepts. C’est dans ce sens, je crois, qu’il faut comprendre la question antique de l’être et du non-être. En ce sens, ce qui est variable et en devenir, entre autres donc la matière, apparaissait aux yeux d’une certaine psychologie comme quelque chose qui « n’est pas », une simple privatio des Idées. Face à cela, Aristote a posé, esquivant le conflit, le concept central de « ce qui est potentiellement » et l’a appliqué à l’hylé. L’hylé n’est certes pas « actu », elle est une privatio de la forme […], mais elle est « potentia » et n’est pas qu’une simple privatio. Cela marqua le début de différenciations importantes dans la pensée scientifique. Les autres propos d’Aristote au sujet de la matière (il s’en tint totalement à la conception de la matière comme quelque chose de passif et réceptif) ne sont pratiquement d’aucune utilité pour la physique et de nombreuses confusions chez Aristote me semblent venir du fait qu’il était écrasé par Platon, qui lui était largement supérieur en tant que penseur. Il ne parvint pas à mener à bien son projet de définir le possible et ses tentatives restèrent au stade d’ébauches.

Pauli
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Dans la mesure où ces images du « Soi » (ou du fils de Dieu) sont soumises aux lois, au destin ou à la nécessité (ananké) de ces transformations, elles paraissent être en attente d’une délivrance et cela donne naissance entre elles et l’homme (ou sa conscience du Moi) à une relation psychologique (également affective). Nous ne savons pas si toutes ces transformations finissent par se refermer sur elles-mêmes ou si elles représentent une évolution vers des buts inconnus.

Pauli
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Tandis que tous sont d’accord sur le fait que Plotin, qui ne mentionne jamais l’existence des chrétiens, ne connaissait pas la Bible et n’était en aucune manière influencé par les chrétiens, on peut à l’inverse facilement montrer l’influence de Plotin sur la théologie chrétienne, en particulier sur saint Augustin (et aussi sur Basile que vous citez). On a l’impression que les premiers théologiens chrétiens ont cueilli les formulations intellectuelles du néo-platonisme comme des fruits déjà bien mûrs. Ils n’avaient qu’à les travailler un peu pour les concilier avec la Bible et son concept de Dieu.

Pauli
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[J’]ai également repris la « Perennial Philosophy » de A. Huxley. Elle me paraît présenter les mêmes faiblesses que la « Theologia Deutsch » que Huxley appréciait beaucoup et que j’ai relue récemment : on ne comprend pas pourquoi le « Grund » a fait ce « saut dans le temps », qui est appelé création, et dans quelle mesure il a besoin d’être reconnu par une conscience humaine. En d’autres termes, les présupposés de Huxley me paraissent trop rectilignes, bouddhistes et platoniciens et ne tiennent nullement compte de la coincidentia oppositorum de Cues ni même du paradoxe des couples de contraires complémentaires.

Pauli à Aniéla Jaffé
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Car la loi naturelle est finalement toujours aussi une construction psychique, même si elle est visiblement obtenue par dérivation des données empiriques, et elle a nolens volens tout autant son origine dans le domaine psychique.
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L’archétype ne représente en effet rien d’autre que la vraisemblance du processus psychique. Il est en quelque sorte le résultat anticipé d’une statistique psychique sous une forme imagée.

Jung
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Essayons donc d’exprimer dans la langue neutre ce qu’est la « radioactivité » : un processus de transformation d’un centre actif conduisant finalement à un état stable est accompagné de phénomènes qui sont eux-mêmes liés à d’autres transformations, se multiplient et s’étendent et sont connus par le biais d’une réalité invisible.

Pauli
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De la même façon que les méthodes mantiques renvoient au caractère archétypal du concept de nombre, la dimension archétypale de la physique quantique réside dans la loi (mathématique) de vraisemblance, c’est-à-dire dans l’accord de fait entre les attentes fondées sur ce concept et les fréquences mesurées empiriquement.

Pauli
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Dans la physique quantique, l’observateur opère sous le commandement de sa conscience une sélection (ce qui implique toujours un sacrifice) entre des ordres expérimentaux s’excluant les uns les autres. La nature répond à cet ordre décidé par l’homme de telle façon que le résultat d’un cas particulier ne peut être prévu et l’observateur ne peut nullement l’influencer, mais la répétition d’une même expérience laisse apparaître une régularité statistique susceptible d’être reproduite, qui représente elle-même un ordre total au sein de la nature.

Pauli
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On peut décrire cet événement synchronistique comme une propriété de la psyché ou de la masse. Dans le premier cas, la psyché envoûterait la masse alors que dans le deuxième cas, à l’inverse, c’est la masse qui ensorcellerait la psyché. C’est pourquoi il est plus vraisemblable que toutes deux ont en fait la même propriété, qu’elles sont toutes deux contingentes à un niveau plus profond et empiètent l’une sur l’autre sans se soucier de leurs déterminations causales respectives. Une autre possibilité serait que ni la masse ni la psyché ne possèdent une propriété de la sorte, et qu’il existe un troisième facteur auquel elle puisse être attribuée ; un facteur qui peut être observé à et de l’intérieur du domaine de la psyché, à savoir l’archétype (psychoïde) qui, en raison de son flou et de sa « transgressivité » habituels assimile tout à coup (en un moment « numineux ») deux processus causaux incommensurables l’un à l’autre, produit un champ de tensions ( ?) commun ou les rend tous deux « radioactifs( ?) ».

Jung
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La « causalité » est un psychologème (et à l’origine une virtus magique) qui formule le lien unissant les événements et permet de le saisir à travers le couple causa-effectus. La synchronicité est une autre idée (incommensurable) qui fait la même chose simplement d’une autre façon. Toutes deux se rejoignent dans le concept supérieur de « relation » ou de « lien ».

Jung
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L’essentiel dans la radioactivité est la transmutation d’un élément chimique liée à l’émission de rayons (éventuellement de nature différente) porteurs d’énergie. Ces rayons sont actifs, c’est-à-dire qu’ils produisent de nouveaux effets chimiques et physiques lorsqu’ils rencontrent de la matière.

Pauli
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Le concept physique de champ de forces repose à l’origine sur l’idée concrète d’une tension de l’ « éther » traversant l’espace. Cet état était utilisé pour expliquer la possibilité d’ « actions à distance » entre plusieurs corps (par exemple électriques et magnétiques). Le concept de champ s’est détaché (depuis Faraday) de ce contexte dans la mesure où l’on a attribué à cet état de tension une existence réelle même lorsqu’on ne pouvait pas la rendre visible à l’aide de marqueurs. On a ensuite abandonné l’image concrète et mécaniste de l’état de tension et du médium de l’éther pour une conception plus abstraite décrivant tout simplement mathématiquement l’état physique en question par des fonctions continues adéquates reliant les coordonnées spatiales et temporelles, sans passer par des représentations concrètes.

Pauli
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En réalité, la nature est ainsi faite que – de façon analogue à la « complémentarité » de Bohr en physique – on ne trouve nulle part de contradiction entre la causalité et la synchronicité.

Pauli
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Je suis au contraire très sceptique à l’égard de l’ « interprétation » de ce genre de rêves. D’après mon expérience, il vaut bien mieux d’une part se contenter d’ « éclairer » autant que possible le contexte en réfléchissant également aux problèmes généraux faisant partie de ce contexte, et d’autre part observer les rêves sur des périodes de plusieurs années. On parvient de cette façon à une certaine familiarité avec le « point de vue » de l’inconscient et à modifier lentement et de façon durable le point de vue de la conscience.

Pauli à Emma Jung
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J’ai toujours été fasciné par le paradoxe de l’anima, d’un côté surtout contaminée par l’inconscient en tant que fonction inférieure, et semblant avoir de l’autre – en raison de sa proximité avec les archétypes – des connaissances supérieures.

Pauli
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Les mathématiques « normales » sont pour moi l’algèbre et surtout le calcul différentiel et intégral ; il n’y a bien sûr rien de tout cela dans le I-Ging. On y rencontre cependant à plusieurs reprises de l’arithmétique élémentaire (par exemple la divisibilité par 4) et les 64 signes ont également aiguillé l’imagination mathématique de Leibniz. On peut donc qualifier en ce sens le I-Ging de « manuel de mathématiques populaires. »

Pauli à Jung
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Le phénomène physique de la radioactivité réside dans le passage des noyaux atomiques de la substance active d’un état initial instable à un état final stable (au bout d’une ou plusieurs étapes), la radioactivité cessant lorsque ce stade ultime est atteint. De façon analogue, le phénomène synchronistique accompagne sur une base archétypale le passage d’un état de conscience instable à une situation stabile nouvelle où l’inconscient est en équilibre et le phénomène synchronistique a à nouveau disparu.

Pauli à Jung
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L’expérience m’a en effet montré que ce que vous désignez par l’expression « processus de conjonction » offre d’une manière générale des conditions propices à l’apparition d’un phénomène « synchronistique » (ce que l’ « étranger » appelle « radioactivité »). Ce type de phénomène se manifeste surtout lorsque les couples de contraires s’équilibrent autant que faire se peut. Ce moment est caractérisé dans le I Ging par le signe « Tchen » (bouleversement, tonnerre). Je suis presque certain qu’un tel moment était présent dans le cas du scarabée puisque vous racontez que l’incident avait été précédé d’un traitement long et difficile.

Pauli à Jung
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Mais il me semble que le concept « acausal » devrait être davantage précisé dans votre théorie, de même qu’il serait souhaitable d’expliquer plus en détail l’utilisation particulière du concept de temps. Pour le physicien, les mots « causal » et « causalité » ont une signification beaucoup moins figée que le terme de « déterminisme ». Le mot « acausal » en particulier a un sens différent chez plusieurs auteurs. D’après votre propre théorie des phénomènes « synchronistiques » […], leur apparition s’explique par la duplicatio ou multiplicatio d’un ordonnateur invisible dont l’apparence est justement double ou multiple. En ce sens, on pourrait également qualifier l’ordonnateur de cause du phénomène synchronistique. Cette cause ne devrait cependant pas être comprise comme située dans le temps et l’espace. Si à l’inverse on ne peut appeler causes que des objets fixés dans le temps et l’espace, les phénomènes synchronistiques sont effectivement « acausaux ». De même qu’en microphysique, la situation est caractérisée par l’impossibilité d’utiliser le principe de causalité et de situer en même temps les phénomènes dans le temps et l’espace.
Bien plus que cette question de définition du mot « acausal », c’est le rôle du concept de temps dans le terme « synchronistique » qui me pose problème. Ce mot est tout d’abord utilisé de façon très claire pour désigner des phénomènes qui devraient être qualifiés de simultanés selon les définitions habituelles de la physique. […] vous placez également dans cette catégorie des phénomènes tels que les prévisions qui ne se produisent pas au même moment. L’utilisation du mot « synchrone » me semble alors être quelque peu illogique, à moins que vous ne vous référiez à un temps fondamentalement différent du temps habituel. Je vois là une difficulté non seulement du point de vue de la logique formelle, mais aussi pour ce qui est du contenu. Car on ne comprend pas au premier abord pourquoi des événements « exprimant la présence d’une seule et même image ou d’une seule et même signification » devraient être simultanés : le concept de temps me pose plus de problèmes que celui de signification.

Pauli à Jung
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