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Critiques de Yakup Kadri Karaosmanoglu (17)
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Yaban

Grâce à la littérature, l'histoire nous devient humaine, nous permet de découvrir ce qui se cache derrière les chronologies, les événements : les espérances et les drames des hommes et des femmes de toutes les époques. La lecture de ce roman nous emmène aux côtés d'Ahmed Cellal, jeune officier républicain, informe de guerre, dans la Turquie de l'après 1918.

Œuvre témoignant d'une époque clef de l'histoire de ce pays, rédigée dans les années 30 et devenue un classique ; œuvre témoignant des réflexions d'un des acteurs de cette histoire, homme de lettres, militant, homme politique puis diplomate : par ses qualités littéraires, Yaban est un roman universel. Par son sujet, il nous plonge dans un monde inconnu.



La plupart des lecteurs français n'ont effectivement probablement que de vagues notions de l'histoire turque - c'était mon cas, et de cette période de troubles et d'occupation entre la chute de l'empire ottoman et l'avènement de la République kémaliste. Préfaces, chronologie et carte permettent de s'y repérer.

La forme du récit est celle du journal, rédigé par le héros depuis cette contrée désolée d'Anatolie où il pensait trouver un refuge et où il se heurte au désert.



Roman retraçant une traversée du désert dans une période de tumultes, Yaban est une réflexion cruelle sur l'héroïsme et la brutalité de la guerre. Exilé dans une terre hostile en raison de son handicap (il a perdu un bras au combat) le jeune Ahmed Cellal, issu d'un milieu bourgeois cultivé, nourri d'idéaux et de poésie, éprouve la distance qui le sépare des paysans anatoliens qui subissent les événements de très loin en ne considérant que ce qu'ils perçoivent comme leur intérêt.

Cette communauté veule et malaisante avance naïvement vers sa perte sous le regard tourmenté du héros, entraîné avec eux dans le chaos banal de guerre.



Œuvre marquante et troublante sur la guerre vue de loin et vécue par les populations civiles, Yaban questionne également la question de progrès et la capacité à construire une ambition nationale en fédérant des communautés complètement déconnectées entre elles. Bien au delà de la Turquie naissante, ce roman est un précieux témoignage.



Merci à Babelio et aux éditions Turquoises de m'avoir permis de découvrir ce livre. La belle dedicace de l'éditeur m'a touchée: générosité et désir de transmettre sont perceptibles !
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Yaban

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Roman phare de la littérature turque moderne, Yaban est demeuré relativement confidentiel en France, tout comme l'ensemble de l'œuvre de son auteur, Yacup Kadri Karaosmanoglu. Paru en 1932, il évoque des faits encore contemporains dans la nouvelle république laïque et progressiste de Turquie, à savoir ce que les Turcs appellent encore aujourd'hui la Guerre d'indépendance et que les historiens occidentaux ont souvent circonscrit à l'exil forcé des Grecs de Turquie et des Turcs de Grèce. Roman, parce que l'auteur diffère du narrateur, Yaban est inspiré cependant de l'expérience de Karaosmanoglu, et son contexte historique (effondrement de l'empire ottoman, défait dans lors de la Première guerre mondiale, puis guerre d'indépendance menée par Mustapha Kemal). Le récit se présente comme un journal, retrouvé dans les décombres d'un village rasé par les Grecs. Écrit à la première personne du singulier, le roman suit Ahmet Celâl, ancien officier de l'armée ottomane, amputé d'un bras après la bataille des Dardanelles. A la fin de la guerre, Ahmet a suivi son ordonnance, Mehmet Ali, jusque dans son village situé à l'ouest d'Ankara, en plein cœur de l'Anatolie. Là, les rumeurs de la guerre lui parviennent de loin en loin tandis que, confronté à l'hostilité générale du village et à l'incompréhension des paysans à son encontre, il espère un amour quasi impossible avec une jeune paysanne. Tout à la fois roman de guerre et réflexion politique quant à la constitution d'une nation, Yaban donne à voir la genèse d'un État moderne dans un réalisme cru.



De ce narrateur, personnage principal, qu'est Ahmet Celâl, on apprend d'abord qu'il est un ancien officier de l'armée ottomane, vaincue durant la Première guerre mondiale. On apprend également qu'il a été amputé d'un bras, qui lui vaut d'ailleurs sa première déception dans le village anatolien. En effet, pensant que cette blessure - ce stigmate - lui vaudra la reconnaissance des paysans, Ahmet se rend compte que cette difformité physique le place en parfaite égalité avec la majorité des habitants du village, lesquels présentent presque tous une infirmité quelconque. Yaban est d'abord un roman de guerre en miroir, parce que la guerre, justement, est absente de ce village. Ahmet croit y être accueilli en héros de guerre, en martyre national : il n'est finalement qu'un paysan comme un autre. La guerre, ensuite, parvient à l'intellect d'Ahmet par le biais des journaux que ce dernier reçoit d'Istanbul. Ces nouvelles n'intéressent que peu les habitants, y compris les personnages les plus respectables, tels que le maire ou l'imam. Même les anciens soldats, comme le sergent Bekir ou Mehmet Ali, ne montrent beaucoup de respect pour la discipline ou pour l'institution militaire. Le village anatolien semble ainsi coupé du monde contemporain, dans lequel les nations se battent entre elles, au mépris de la vie de millions de leurs citoyens. Cependant, la guerre semble bien rattraper ce bout de territoire isolé dans l'immense plaine ; Mehmet Ali repart ainsi au front avec quelques-uns des hommes du village tandis qu'à la fin du roman, ce sont les soldats grecs qui, en prévision et à la suite de la bataille de la Sakarya, occupent le village et le ruinent. La guerre, alors, surgit dans ce qu'elle a de plus abject, dans toute sa violence aveugle qui maltraite les hommes et viole les femmes, laisse enfin derrière elle un tas de ruines fumantes. Sous la plume de Karaosmanoglu, ce village anatolien anonyme se fait symbole de tous les villages turcs brûlés et martyrisés par l'armée grecque. Dans le même élan, des personnages du roman deviennent les visages de milliers de victimes de la guerre, d'Emine, qui devient la figure de ces jeunes femmes outragées par les armées grecques à Hasan, le jeune berger, représentant la pureté de l'enfance abolie par la guerre. C'est par ces scènes particulièrement rudes que se clôt le roman, cependant que cette ultime épreuve vécue par les villageois et Ahmet - lesquels ont été en opposition pendant tout le roman - les rapproche et les unit. Du cimetière, sis en aplomb du village, dans le sang mêlé de leurs blessures, Ahmet et Emine scellent leur amour enfin naissant, tel le symbole d'une Turquie nouvelle, alliance entre la ville et la campagne, entre l'Asie et l'Europe, entre la bourgeoisie et la paysannerie.



Cette histoire d'amour - amour contrarié, il faut le dire, pendant la majeure partie du roman - entre Ahmet et Emine est l'un de ces épisodes qui font de Yaban, plus qu'un simple roman de guerre (même si les scènes de guerre sont absolument marquantes par leur brutalité et leur injustice : les viols et meurtres de civils sont précédés de vols et de rapines commis par l'armée grecque), une réflexion sur la naissance d'une nation moderne. A la lecture du titre, toutefois, il est permis de s'interroger. Yaban, c'est l'étranger, en turc ; ce terme désigne pourtant Ahmet, qui a vécu à Istanbul, et se sent donc légitimement chez lui en Anatolie, dans ce qu'il considère comme le cœur de la Turquie. Dès ses premiers pas dans le village de son ordonnance, Mehmet Ali, Ahmet comprend qu'il a fait fausse route. Les villageois le regardent d'étrange façon, et ils sont insensibles à ses arguments lorsqu'il cherche à glorifier l'action de Mustapha Kemal, qui s'insurge non seulement contre les Alliés qui occupent certaines zones de la Turquie, mais aussi contre les partisans du sultan qui veulent éviter l'instauration de la République. L'avancée des kémalistes ne provoque d'espoir et de joie que chez Ahmet, nullement chez les villageois. Au contraire, les incompréhensions se multiplient, les tensions augmentent. Dans cette Anatolie dans laquelle on semble vivre comme aux temps de la toute-puissance ottomane, les paysans attendent avec impatience la visite du cheikh Yussuf pour recevoir sa bénédiction ; ils s'insurgent également contre la conduite de Cennet, l'épouse de Suleyman, qui choque par ses mœurs et son désir de liberté : elle est chassée du village. Dans cette partie de la Turquie, le personnage le plus puissant du village, Salih agha, peut décider qu'un champ lui appartient sans que quiconque ne puisse se mettre en travers de ses projets. Dans ce coin aux paysages rudes, comparés à ceux de la Lune, livré aux vents terribles de l'automne, aux froids terrifiants de l'hiver et aux chaleurs accablantes de l'été, aux céréales jaunies par le soleil, aux eaux nauséabondes, l'hygiène et le confort sont des concepts inconnus - on lave son linge dans la même eau qui sert à rincer les aliments et les mains des femmes sont au moins aussi calleuses que celles des hommes - et la vie semble primitive aux yeux d'Ahmet, qui y trouve cependant quelque grâce.



Ce pays et les hommes qui le peuplent désillusionnent Ahmet, qui avait fantasmé l'Anatolie comme la Turquie idéelle. En ce sens, son arrivée dans le village coïncide avec celle des idées nouvelles, qui promeuvent une Turquie républicaine et progressiste. Cennet, l'épouse de Suleyman, annonce la libération prochaine de la femme dans la société turque. Quant au conflit avec Salih agha au sujet du champ de la mère de Mehmet Ali, il représente l'irruption d'une justice normée dans une société de la tradition dont l'un des moteurs est l'inégalité. Ahmet, en tant que républicain laïc, n'accorde pas plus d'importance aux puissances de l'argent - Salih agha - qu'à celle de la conduite des âmes : ainsi regarde-t-il les manifestations religieuses des villageois comme des bondieuseries dont le progrès se défera bien vite. Pays des désillusions politiques, l'Anatolie est celui de la désillusion amoureuse et de la désillusion sociale pour Ahmet. Emine, une jeune paysanne d'un village environnant, le fuit et préfère se marier avec Ismaïl, le jeune frère de Mehmet Ali, qui est atteint de nanisme ; à cela, Ahmet comprend qu'il y a deux raisons : il est amputé d'un bras - là encore, le stigmate supposé de la gloire devient une marque de honte, Emine le qualifiant de "manchot" - et il est un étranger. Le fossé paraît alors infranchissable entre, d'une part, l'intellectuel issu de la bourgeoisie stambouliote, et d'autre part la paysannerie anatolienne. Aux siens, représentants de la haute société turque et aux meneurs de la révolution républicaine laïque kémaliste, Ahmet dit que la Turquie ne se fera que lorsque l'Anatolie - et ses paysans - sera réellement considérée et intégrée à l'espace national turc. La désillusion d'Ahmet, et de tous les notables stambouliotes ayant visité l'Anatolie, n'est que le fruit du manque de considération de la capitale et de ses élites pour les marges de l'empire et de ses habitants. Ahmet découvre de que lui et les siens ont bâti. Ainsi la Guerre d'indépendance n'est pas tant une guerre contre l'occupant grec qu'une vraie genèse d'une nation en devenir, nation qui découvre ses propres forces et faiblesses, ses composantes multiples, sa diversité. La guerre, alors, est le ferment de l'unité. Yaban, Ahmet ne le restera pas longtemps.
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Ankara

Selma et Nazit sont amenés à quitter Istanbul pour Ankara.En 1921, la Turquie est occupée et le pays résiste depuis l'Anatolie centrale et une petite ville , Ankara. C'est de là que Mustafa Kemal coordonne la résistance . C'est là que se retrouvent les forces vives du pays, prêtes à lutter pour la guerre de libération. Et notamment Hakki Bey, valeureux commandant....

Ce roman est sans doute un peu plus que le témoin de l'évolution d'Ankara .C'est un questionnement sur le rôle de l'Occident et ses mœurs également.La deuxième partie , celle se déroulant juste après la victoire, met en exergue les travers de l'occidentalisation de la Turquie , son coté "bling bling" (on a parfois l'impression d'être revenu au temps de Sissi). L'auteur y montre des anciens héros parvenus, ayant perdu le goût du combat et l'amour de la nation alors que beaucoup reste à faire.

Puis viennent les années 30, date à laquelle les femmes ont le droit de vote et d'éligibilité en Turquie.Ankara se développe , tourne le dos au passé et se modernise, culturellement, sanitairement aussi.La société turque évoquée , sa métamorphose laissent presque rêveurs.

On notera aussi que l'auteur semble choisir les partenaires de son héroïne parallèlement à l'évolution de la société:

Un fonctionnaire strict, sans emphase puis un héros devenu parvenu et enfin un poète, stable , fidèle sur qui construire est possible .



Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce livre , pour lequel je remercie Babelio et les éditions Turquoise. Finalement, sous le couvert d'un roman , l'histoire d'Ankara , mais aussi de la Turquie est évoquée, certes sans développement mais avec suffisamment de précision pour être intéressant. Le roman en lui même n'étant pas dénué d'intérêt, cet ouvrage constitue sans doute une bonne entrée en matière pour s'initier au Kemalisme .
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Leïla, fille de Gomorrhe

Une nouvelle découverte de lecture grâce à masse critique de Babelio et à l’édition Turquoise, une aventure dans la mémoire historique de notre auteur Yakup Kadri Karaosmanöglu, originaire de Turquie, de culture francophone avec son roman Leïla fille de Gomorrhe, notre intrigue, au cœur d’Istanbul, dans le quartier de Péra s’aventure juste après la Grande guerre, au préambule de la libération nationale du pays face à la gérance des européens, pays occupant principalement, l’Angleterre, l’errance de la Turquie face à la dérive des occidentaux ; une critique acerbe se cache dans cette romance orientale, ce couple s’oppose dans leur choix profond culturelle.

Yakup Kadri Karaosmanöglu est un écrivain truc du début XXème siècles, œuvrant toute sa vie à défendre sa Turquie, journaliste puis politicien, cherchant à servir son pays et dénoncer la misère sociale à travers ses romans, ses articles et sa passion.

Sodome et Gomorrhe, un des chapitre d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust devait être le titre de base de ce roman, pour éviter la confusion et les amalgames, le changeant pour Leïla fille de Gomorrhe, avec cette noblesse délicate d’ambigüité.

Istanbul, perle de l’orient, pont entre l’Europe et l’Asie, le détroit du Bosphore lisière de ces deux sociétés aux cultures inextricables se’ diffusent l’une à l’autre lors de cette tutelle gérée par les pays vainqueurs, l’Angleterre entre autre, peuple aux mœurs perverses et libertines dépravant l’ancien empire ottoman.

Yakup Kadri Karaosmanöglu dénonce la déchéance de l’occident, filagramme du livre dans le personnage tourmenté, passionné turc, jeune cousin et fiancé de la belle Leïla. Ces tourments l’entrainent dans des monologues où soupirent la négativité de la société du nord, celle dévorant son peuple, le perversité coule lentement dans les ménages locaux, s’entremêlant par appétit de la notoriété au détriment de trahir les coutumes et les us ancestrales de leur peuples.

Mais ce roman distille aussi la mondanité de cette ville, les mœurs lors des parties, réceptions, chère à Marcel Proust décrit dans Le salon de Mme de... et aussi dans son œuvre majeur incontournable, ce cœur précieux que Yakup Kadri Karaosmanöglu se réfère dans ses images Proustiennes. Autres romanciers cristallisent cette histoire, des reflets de la culture de notre auteur, Roméo et Juliette de Shakespeare, ainsi d’Hamlet puis Pénélope Héroïne de L’Odyssée, Le portrait de Doriane Gray d’Oscar Wilde, Faust de Goethe, Pierre Loti écrivain français et tant d’autres constellent l’érudition occidentale de Yakup Kadri Karaosmanöglu.

Dans ce milieu assez bourgeois d’Istanbul Leïla jeune fille turc gâté par ses parents respirent la liberté de vivre sa jeunesse dorée avec les officiers Britanniques, Français, artistes russes, hommes d’affaires américains. Les sentiments se crispent aux humeurs des convives et de leur jalousies rythment avec emphase la mélodie harmonieuse de cette histoire mondaine aux décors sombres d’une Turquie face à son destin historique celui de son indépendance occidentale. Anatolie est un décor lointain, cet écho profond du mouvement national…

Certains faits historiques et noms incrustent ce roman comme un témoignage poignant de la situation ottomane, une vraie satire sociale et culturelle.

Leïla, cette jeune héroïne Turc cristallise autour d’elle la mondanité nouvelle d’Istanbul, cette cours joue les plaisirs les plus délicieux, les joies nocturnes des soirées, des diners avec les occupants occidentaux. Chaque protagoniste de ce roman exprime l’humeur de cette période avec ce flegmatique capitaine Gerald Jackson Read, bourreau des cœurs au visage d’ange, le Major Will, homme à femmes assez malotru organisateur de fêtes mondaines, l’officier Marlow au mœurs pédérasties et tous les personnages secondaires tel la jeune autochtone Nermin amoureuse de la pétillante journaliste américaine Fanny Moore, Mme Jamson, mondaine Turc reniant ses origines en disant « Etre turque, un scandale inouïe, une tare irrémédiable » . Et Necdet cousin et fiancé de Leïla ennemi des anglais et souverain de l’âme de son pays, ses monologues ajustent la pensée de notre auteur de la décadence de l’occident et de la misère de son peuple.

Yakup Kadri Karaosmanöglu s’amuse des clichés occidentaux ornant ce roman comme la vision de la femme orientale devant être pour les Français « Des poupées rutilante d’or et pierre précieuse », il égratigne le prestige anglais en les nommant « Perfide Albion », nom antique de la grande Bretagne et cette anecdote ironique sur leur prestige incontournable dans les mots du Capitaine Jackson Read touchant même les sauvages d’un contrée inconnue, la mégalomanie stoïque des britanniques.

La lecture est une douce musique comme celle de cette époque passée où les mots tintent une note nouvelle, l’amour oscille les battements de cœur de ces jeunes prisonniers de leur choix culturel, de leur orientation sexuel, du plaisir de charmer l’assistance. La décadence tourbillonne les âmes comme les bulles de champagne ivre de leur gaité enivrante.

Un roman complet, au soupçon historique, une romance orientale belle et passionnée, la fièvre enflammée des tourments du cousin de Leïla embrasse avec légèreté les sentiments de nos deux cœurs opposés l’un pour sa Turquie et l’autre pour le rêve occidentale.

Leïla fille de Gomorrhe demeure un vrai plaisir de lecture, la justesse des mots, la précision des faits et l’intrigue romanesque entre chassé-croisé amoureux et jalousie.

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Yaban

« Yaban » révèle sa qualité et sa renommée au regard du contexte : la disparition de l’Empire Ottoman après la Première Guerre Mondiale. Son auteur, Yacub Kadri Karaosmanoglu est un écrivain turc reconnu du XXème siècle. Il explore, dans « Yaban », la transition vers la République Turque, proclamée en 1923. L’officier turc, Ahmet Celâl, blessé et amputé d’un bras, est démobilisé. Originaire d’Istanbul, il décide, en 1921, de s’établir au cœur de l’Anatolie dans le village de son aide de camp. Le pays est en guerre, la guerre civile, puis la guerre d ‘Indépendance turque oppose les armées occidentales à l’armée nationaliste dirigée par Mustafa Kemal. Les grecs ont envahi l’Anatolie, le conflit s’approche du village où Ahmet Celâl s’est réfugié. Le titre du roman, « Yaban » (« étranger ») révèle son acception au fil du roman. Il demeure un étranger aux yeux des villageois, par ses origines urbaines, culturelles, économiques. La vie paysanne reste ancestrale, le travail est rude, soumis à un climat anatolien rigoureux. Ahmet Celâl soutient le projet républicain et laïc de Mustafa Kemal et ses convictions se heurtent à l’incompréhension et l’hostilité des villageois. Ils se sentent unis par la religion, le sentiment national turc leur reste inconnu. Son attirance pour Emine symbolise cette fracture entre deux mondes éloignés : Emine refuse la demande en mariage de cet étranger de surcroît handicapé. L’occupation du village par les grecs, la déroute de leur armée, provoquent violence, viols, lâcheté… Mais le courage de la fuite, et les blessures rapprochent Emine et Ahmet dans la mort, métaphore de la naissance d’un état nation. Le roman, paru en 1932, suscite la réflexion. Il est publié à l’occasion des centenaires de la Guerre d’indépendance turque et de la République de Turquie (2023) .Une note de l’éditeur et une préface introduisent utilement le propos du roman. Un rappel historique, une fiche bibliographique et une carte concluent efficacement le livre. Les Editions Turquoise présentent un ouvrage soigné, agréable à la lecture.

Merci à Babelio (à l’Opération Masse Crique) et aux Editions Turquoise pour cette découverte.

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Leïla, fille de Gomorrhe

Suite à la défaite de l'empire Ottoman dans la Grande Guerre, İstanbul * est occupée par les armées Alliées. Les britanniques surtout sont omniprésents, se pavanant en pays conquis, foulant au pied culture et traditions, répandant leur vice avec nonchalance. La société turque elle, fait face tant bien que mal à cette humiliation, tiraillée entre haine et opportunisme. Devenue une société de paraître, la haute bourgeoisie se répand en mondanités qui rappellent, en plus épicées, celles toutes Victoriennes des Austen et consort.



C'est dans ce milieu en plaqué or que la vénéneuse Leïla affole les passions. Jeune, riche et jolie, elle brille de mille feux alternant cajoleries et bravades comme une enfant capricieuse. Sa personnalité est un curieux mélange entre la frivolité d'une Lydia Bennett et la froideur manipulatrice d'une Scarlett O'Hara. Mais à trop s'approcher des flammes on finit par se brûler les ailes...



Ce roman a été pour une moi une vraie bonne surprise. L'écriture est fluide et travaillée, on sent que malgré sa publication récente le roman a été écrit au début du XXᵉ siècle. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans la littérature classique, une intrigue réaliste exempte de rebondissements exagérés, un bel équilibre entre les événements historiques et l'histoire de l'héroïne, et surtout une narration imagée qui accentue en finesse la référence à Sodome et Gomorrhe. Vraiment, quelle riche idée des éditions Turquoise que de redonner vie, plus de 80 ans après sa parution en turc, à l'œuvre de Yakup Kadri Karaosmanoglu !



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* En turc il existe deux i : le i avec un point qui se prononce comme le i français, et le ı sans point qui se prononce entre i et é. İstanbul s'écrit donc convenablement avec un İ et non un I.
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Ankara

C’est à Ankara que bat dans les années vingt le cœur de la Révolution Turque menée par Mustafa Kemal. Jeune patriote idéaliste, Selma est alors prise dans la tourmente. La ville devient le théâtre de ses ambitions, de ses amours exaltées. Et si au lieu d’être une femme émancipée, elle n’était qu’une femme égarée dans le tourbillon de l’Histoire ?



Plus connue pour ses chèvres donnant la laine mohair et ses chats au corps couvert d’un duvet apparenté à celui du cygne, ce n’est que plus tard qu’Ankara deviendra la capitale de la Turquie. Il faudra attendre la fin de l’Empire ottoman, des guerres et l’arrivée de Mustafa Kemal. Ce dernier, accompagné d’un gouvernement révolutionnaire fondent une « nouvelle Turquie » et proclame la République.



De nombreux intellectuels sont appelés à donner un nouvel élan à cette ville et au pays tout entier. C’est notamment le cas de Yakup Kadri, auteur déjà acquis aux idées du mouvement national et qui découvre la ville dans les années 20. Ses œuvres sont fortement influencées par les réalités de son pays et de son histoire. Depuis la fin de l’Empire ottoman jusqu’à la République des années cinquante.



Ces changements vont entraîner de nombreux bouleversements tant sur le plan géographique que religieux mais également faire naître certains clivages…



Basée sur l’exemple de grandes nations modernes, la nouvelle capitale se heurte toutefois aux pièges et dérives de l’occidentalisation. Ankara creuse le fossé entre la Turquie de villes et celle des campagnes et dévoile la contradiction de cet Orient rêvé.

Nous découvrons tout cela à travers les yeux de l’héroïne du roman Selma, fraîchement débarquée à Ankara. Cette dernière salut la libération des femmes que la Turquie moderne a dévoilées mais s’inquiète que certaines soient réduites au rang de dames de maison et de décorations dans les fêtes de la République.



En quête d’absolu et de bonheur, Selma reste animée d’un esprit patriotique. Elle vit libre et veut travailler pour son pays et profiter des nouvelles opportunités offertes par la Révolution.



Ankara sonne comme une lettre d’amour destinée au pays de l’auteur. Ce dernier qui a profondément rêvé la capitale turque aurait aimé lui voir prendre l’essor qu’il espérait tant pour elle que pour le pays entier et mettre en branle « l’Orient en marche ». Ecrit il y a plus de 80 ans, son roman nous offre une bonne approche historique de la Turquie mais également du quotidien et espérances de ses habitants.
Lien : http://ivredelivres.com/anka..
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Leïla, fille de Gomorrhe

La lecture de ce roman reçu dans le cadre du jeu Masse critique de Babelio s’est faite avec plaisir. L’écriture est élégante, agréable. Elle est raffinée. Je l’ai beaucoup appréciée. Quant aux thèmes évoqués, ils sont, pour moi, d’un grand intérêt. C’est la passion amoureuse et ses tourments; c’est la dislocation de l’Empire ottoman et ses conséquences c’est à dire l’occupation des lieux par les vainqueurs – anglais, français et grecs; c’est leur cohabitation avec les populations locales; c’est l’humiliation subie; c’est la supériorité affirmée; c’est la rencontre des imaginaires, des représentations, des stéréotypes donc des déceptions et des désillusions; c’est enfin la contestation des forces étrangères. Ecrit à l’heure de la construction de la Nation turque, la dénonciation de ces dernières ne peut surprendre. Le roman les évoque tels des perfides qui souillent le pays à son contact, transportant avec eux des comportements et des valeurs controversés, le titre en témoigne. Il y a, enfin, dans ce roman, les traces d’une influence française: j’ai pensé, pendant la lecture, à Maupassant, je ne saurais dire pourquoi. J’ai donc forcément apprécié. Je le conseillerai.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Leïla, fille de Gomorrhe

C'est là une belle trouvaille des Editions Turquoise !

Leïla fille de Gomorrhe nous transporte dans une Istanbul conquise, contrainte à la cohabitation.

A l'époque où un goût pour l'orientalisme submerge l'Europe, les officiers anglais et français en place dans le quartier de Péra se laissent porter de festins en bacchanales au gré de leurs amours. Les apparences et le faste sont des priorités dans ce milieu aisé, et nous nous faisons témoins des émois, vicissitudes et déconvenues des personnages. Les natifs du pays sont tiraillés entre fascination et répugnance, opportunisme et déchéance.

Leïla, jeune beauté fortunée, se complait avec innocence dans les mondanités de Péra, en tout point sûre de ses charmes. Amourachée d'un officier anglais et fiancée à un natif, elle se lance dans un ballet courtois, passant de l'un à l'autre selon son bon gré. Leïla est à l'image de son pays, et semble agir en mimétisme avec les événements historiques.

D'un style fluide et poétique, Yakup Kadri Karaosmanoglu nous dévoile les dessous de l'occupation, nous donnant l'occasion de découvrir la psychologie de ses personnages au fil des pages.
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Leïla, fille de Gomorrhe

Yakup Kadri Karaosmanoglu est un grand romancier turc du début du XXeme siècle, pourtant resté inconnu en France.

Un grand merci aux éditions Turquoise de nous permettre - enfin ! - de découvrir cet auteur méconnu.

Un texte riche, haut en couleurs et en émotions. J'attaque tout de suite après avec beaucoup d'impatience la lecture d'Ankara, autre roman cet auteur turc.
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Leïla, fille de Gomorrhe

Portrait d’une jeune fille à la beauté ravageuse, Leïla, pervertie par les travers de l’occupant venu d’Occident. Yakup Kadri Karaosmanoğlu s’attache dans ce roman à décrire sa déchéance qui reflète celle de l’Istanbul mondaine, alors soumise aux Alliés, durant la période trouble des années 1920. On est absorbé par les péripéties de l’histoire d’amour qui consume Leïla et son cousin Mekdek, dont on ressent vivement l’ardeur des sentiments.
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Ankara

J'étais heureuse de recevoir pour la dernière masse critique BABELIO un roman qui allait me permettre de découvrir l'histoire d'Ankara, une ville Turque chargée d'histoire mais dont ne je n'ai que très peu entendu parler.



J'ai effectivement appris beaucoup de chose sur la révolution Turque, menée par Mustafa Kemal, au travers des yeux de Selma, jeune Stambouliote amenée à quitter Istanbul pour Ankara.



On sera témoin tout au long de ce roman de l'évolution d'Ankara depuis la fin de l'Empire Ottoman jusqu'à la république des années cinquante. On traversera le temps au côté de Selma qui se satisfait de la libération des femmes et de l'Evolution de la ville mais s'inquiète que tout ne soit plus que fêtes et que les hommes ayant combattus fidèlement pour la liberté perde le goût du patriotisme.



Je ne peux pas dire avoir passé un mauvais moment avec ce roman, mais il me tardait de le finir. Je suis passée par plusieurs stades : plaisir intense d'apprendre et de suivre Selma dans ces rencontres amoureuses et ennuie car trop de descriptions pour moi.



Je recommanderais ce livre aux passionnés de l'histoire Occidentale.



Je remercie Babelio et la maison d'édition Turquoise pour m'avoir donné l'opportunité de critiquer ce roman et d'en apprendre beaucoup sur un sujet totalement inconnu pour moi.



Bonne lecture


Lien : https://monevasionlitteraire..
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Yaban

Ahmet Celâl est un soldat turc ayant servi lors de la guerre d'indépendance. Il est cependant démobilisé à cause de la perte de son bras et va s'exiler dans un village anatolien reculé. Là-bas il se confrontera avec tout ce qui se trouve aux antipodes de ses valeurs : l'indifférence face à la situation politique, la barbarie, la bêtise.

Il tentera tant bien que mal de s'adapter à ces nouvelles coutumes mais restera "étranger". Jusqu'à ce que la guerre le rattrape.



Yaban est indéniablement un classique de la littérature turque comme internationale, à lire pour tous les amoureux de romans. Il sait traiter avec simplicité de thèmes majeurs du XXè siècle tout en abordant des questions propres à la situation turque. Ainsi, même en tant que néophyte de l'histoire de la guerre gréco-turque, il ne m'a pas été difficile de comprendre le contexte. Parce que le cœur de l'histoire ce n'est pas la guerre en Turquie, mais l'incommunicabilité qui règne entre Ahmet Celâl et ses voisins anatoliens. Cette impossibilité à s'adapter les uns aux autres qui les mènera inéluctablement vers leur perte, car aucun d'entre eux n'avait raison ou tort.
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Leïla, fille de Gomorrhe

J’ai lu « Leila fille de Gomorrhe » de Yakup Kadri Karaosmaoğlu, traduit par René Marchand et paru aux éditions Turquoise dans la collection Écriturques en 2009.

L’histoire se déroule à Istanbul dans les années 1920 sous l’occupation par les pays alliés (Angleterre, France et Italie) après la défaite de l’empire Ottoman dans la Grande Guerre.

Leila, jeune, innocente, belle et riche stambouliote tombe sous le charme ensorcelant de cette nouvelle vie mondaine du beau quartier de Péra.

Pourtant fiancée à Necdet, Leila ne se prive pas de papillonner et flirter avec le capitaine Gerald Jackson Read. Leila fait partie de ces stambouliotes aisés qui sont fascinés par l’Occident et aspirent à s’occidentaliser, contrairement à ceux qui comme Necdet nourrissent une haine viscérale envers les ennemis occupants et sont de fervents nationalistes qui soutiennent la guerre de libération menée par Mustafa Kemal en Anatolie.

Les officiers sous le charme de l’Orient ne savent plus où donner de la tête, ils virevoltent de soirée en soirée, batifolent, badinent, s’adonnent avec excès au plaisir de l’alcool et de la chair, profitent de tout ce qu’Istanbul peut leur offrir. Ils mènent la danse dans l’obscurité de la nuit qui sous son grand voile noir cache tous les vices.

Quel sera le destin de la belle Leila ? Sortira-t-elle indemne de ce jeu ou y laissera –t-elle des plumes? Qu’adviendra-t-il de la belle Istanbul ? Se laissera-t-elle consumer à petit feu par l’ennemi ?

Un roman sur fond historique qui donne beaucoup d’authenticité au récit et où la référence à Sodome et Gomorrhe prend tout son sens.


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Ankara

Je découvre avec délectation - grâce aux éditions Turquoise - les œuvres du romancier turc Yakup Kadri Karaosmanoglu. Ankara est une jolie trouvaille et on plonge avec joie dans la Turquie en effervescence des années 1920, l'Ankara survoltée de Mustafa Kemal.

Très curieuse de découvrir le reste des œuvres de cet auteur méconnu...
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Ankara

Étrange voyage en Anatolie auquel nous convie les Editions Turquoise en rééditant ce roman de Yakup Kadri Karaosmanoglu. Pour ma part, c'est avec une certaine mélancolie que je referme ce livre, un peu comme celle d'un marcheur quand prend fin sa route, avec au cœur le sentiment que le monde s'est élargi en même temps qu'il est devenu plus petit.



Ce roman est efficace et bien construit. Il nous raconte l'histoire de Selma dans la Turquie des années 20. La plume est agréable qui se plaît à prendre le temps. Les personnages sont fouillés, leurs sentiments et leurs évolutions fort bien rendus. Mais plus qu'une belle oeuvre, ce roman est un livre de conviction, une ode au "miracle turc" : la révolution kémaliste.



Ainsi, Ankara, petite préfecture de province élevée au rang de capitale, est le véritable personnage principale de cette histoire. Les héros ne sont là que pour éclairer de leurs vicissitudes la transformation de cette citée et au-delà de la Turquie. Cette Turquie dont Mustapha Kémal fera une puissance politique et économique moderne et dont l'auteur met en scène l'incroyable élan nationaliste.



Arpentant au fil des pages les chemins de cette république en construction, on partage la révolte du peuple turc face à l'occupant occidental au sortir de la Grande Guerre, puis cet attrait hypnotique pour l'occident au sortir de la guerre de libération avant qu'advienne cette Turquie rêvée, prospère, heureuse et fière d'elle même.



Et c'est là toute la force de l'auteur de faire de Selma la porte-parole au travers de sa propre histoire, de cette époque si complexe. Elle porte en elle les craintes, les frustrations, les espoirs et les fiertés de son peuple.



A la croisée des chemins, la Turquie de Karaosmanoglu oscille entre deux mondes sans vouloir rien renier de son âme ni de son histoire. Extrême Occident pour les uns, Porte de l'Orient pour les autres, terre de contraste, l'auteur aime et sait faire aimer son pays.



Cette fresque est éclairante aujourd'hui pour qui veut comprendre ces relations d'attirance et de répulsion de la Turquie avec un Occident adulé en même temps que détesté.



Un grand merci aux Editions Turquoise qui m'ont permis cette rencontre.







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Ankara

On suit à travers la vie mouvementée de Selma les riches événements qui ont marqué l’Histoire de la Turquie du début du XXe siècle : de l’occupation européenne au lendemain de la Première Guerre Mondiale jusqu’à la révolution kémaliste. L’émergence éclair de la bourgade d’Ankara en tant que capitale rend compte du bouleversement politique et culturel que connut alors le pays. Yakup Kadri Karaosmanoğlu transcrit avec finesse l’âme turque et sa ferveur patriotique incarnées notamment par l’héroïne.
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