C'était une nuit de grand ’lune. L’astre des morts montait, immense dans le ciel d'un bleu sombre, posant sur la terre une lumière sépulcrale qui allongeait les ombres démesurément.
C’est « l’horloge de la mort » plaisantait l’antiquaire qui lui avait expliqué que son tic-tac ressemblait à celui de la vrillette, cet insecte qui fore les vieux meubles, leur conférant une authenticité que les faussaires novices tentent d’imiter à la perceuse après avoir vieilli le bois.
« Le couloir restait sombre, sourdement hostile, à peine éclairé par la lueur du jour qui filtrait à travers les vitraux colorés de l’oculus de l’escalier jetant sur le dallage des ombres singulières comme celles qu’on voit sur le sol des églises. Le silence était pesant, juste troublé par le battement du cœur de l’horloge et le mouvement de son balancier hypnotique qui semblait animé d’une vie propre chuchotant d'une voix presqu'humaine : « Souviens-toi … »
Elle n'osait même pas toucher cette horloge tellement lui faisait peur l'étrange sculpture gravée sur le bas de caisse : un squelette armé d'une faux avec ce suprême avertissement :
« An amzer a dro, An Ankou a sko … » (Le temps passe, l'Ankou frappe ..) »
"chez nous quand on tue le Cochon, tout le monde rit ! ... sauf le Cochon naturellement !" (Edgar Faure)
Le couloir restait sombre, sourdement hostile, à peine éclairé par la lueur du jour qui filtrait à travers les vitraux colorés de l’oculus de l’escalier jetant sur le dallage des ombres singulières comme celles qu’on voit sur le sol des églises. Le silence était pesant, juste troublé par le battement du cœur de l’horloge et le mouvement de son balancier hypnotique qui semblait animé d’une vie propre chuchotant d’une voix presqu’humaine : « Souviens-toi … »
Elle n’osait même pas toucher cette horloge tellement lui faisait peur l’étrange sculpture gravée sur le bas de caisse : un squelette armé d’une faux avec ce suprême avertissement :
« An amzer a dro, An Ankou a sko … » (Le temps passe, l’Ankou frappe ..
« — Bonjour monsieur le Commissaire, vous êtes déjà au courant ?
C’est la femme de ménage qui nous a alerté, je crois qu’elle est encore là … Il coupe court tout à coup en voyant que des journalistes à l’affût s’approchent de nous :
— Le principal Grumuder est là-haut, il vous attend.
Il s’efface pour me laisser entrer et referme immédiatement derrière moi. Je fais quelques pas dans le couloir et je croise une femme qui se préparait à sortir ; je reconnais Léonie.
— Mais que faites-vous ici ?
— Mon métier, vous ne saviez pas que je travaillais aussi chez monsieur Bienaimé »
Lorsque la femme de ménage était venue l'informer, elle l'avait suivie en tâchant de maîtriser son trouble en voyant le corps de Louis sous la table de la cuisine. Elle savait bien qu'il n'y avait plus rien à faire, alors elle avait grimpé l'escalier presqu'en courant, ouvrant la porte de la chambre, étonnée en voyant que sa sœur ne répondait pas à ses cris.
C'est là, au contact du corps de Céleste étendue sur son lit qu'elle avait eu un véritable choc. Ce n'était pas encore de la douleur, non, mais une muette sidération, d'abord un refus, le déni de cette évidence : Céleste était morte. Elle avait éprouvé une sensation très particulière quand elle avait posé sa joue sur la peau, comme si elle avait embrassé une pierre, une chose inanimée froide et dure.
Pendant quelques minutes elle était restée là, immobile, presque prostrée. Puis Léonie s'était approchée d'elle, l'avait prise par l'épaule, tâchant de la réconforter ; les deux femmes étaient restées un long moment ensemble avant que les secours n'arrivent enfin.
Tout s'était alors accéléré brusquement, comme si le temps ayant repris son cours voulait rattraper son retard. Pompiers, médecin, inspecteurs de police, pompes funèbres, procureur, la matinée s'était passée dans une agitation continuelle ne laissant à Madenn aucun répit pour raisonner.
Lorsque la femme de ménage était venue l’informer, elle l’avait suivie en tâchant de maîtriser son trouble en voyant le corps de Louis sous la table de la cuisine. Elle savait bien qu’il n’y avait plus rien à faire, alors elle avait grimpé l’escalier presqu’en courant, ouvrant la porte de la chambre, étonnée en voyant que sa sœur ne répondait pas à ses cris.
C’est là, au contact du corps de Céleste étendue sur son lit qu’elle avait eu un véritable choc. Ce n’était pas encore de la douleur, non, mais une muette sidération, d’abord un refus, le déni de cette évidence : Céleste était morte. Elle avait éprouvé une sensation très particulière quand elle avait posé sa joue sur la peau, comme si elle avait embrassé une pierre, une chose inanimée froide et dure.
Pendant quelques minutes elle était restée là, immobile, presque prostrée. Puis Léonie s’était approchée d’elle, l’avait prise par l’épaule, tâchant de la réconforter ; les deux femmes étaient restées un long moment ensemble avant que les secours n’arrivent enfin.
Tout s’était alors accéléré brusquement, comme si le temps ayant repris son cours voulait rattraper son retard. Pompiers, médecin, inspecteurs de police, pompes funèbres, procureur, la matinée s’était passée dans une agitation continuelle ne laissant à Madenn aucun répit pour raisonner.
En réalité, curieux de nature, il la questionnait sournoisement, sans même qu’elle s’en aperçût sur la vie des gens chez qui elle travaillait et notamment sur ce singulier commissaire qui déclamait du Baudelaire à son chat.
D’autres fois, sous prétexte de l’instruire sur l’art et les antiquités, il l’interrogeait habilement sur les objets, meubles ou tableaux qu’elle aurait pu apercevoir dans d'autres maisons et naturellement sur l'état de santé des propriétaires, leur famille et leurs héritiers potentiels. Ainsi, grâce à elle et à d’autres yeux malins qu’il y introduisait Louis Bienaimé était renseigné, bien avant la concurrence, sur les futures affaires qui pourraient s’y conclure. Pour sa part, Léonie passait ainsi un délicieux quart d’heure de conversation, qu’elle comptait tout de même comme temps de travail, en vidant tranquillement sa tasse.
Le dernier Cochon (rien à voir avec le film portant le même titre !) vous plonge à l'époque trouble du premier mandat de Chirac et de la dissolution ratée de l'Assemblé quand de nombreuses "affaires" étaient dévoilées au grand public - L'auteur a magnifiquement restitué cette atmosphère lourde dans une écriture fluide et très poétique - Très beau roman, particulièrement bien ficelé -avec une importante recherche historique - qui vous emmène loin dans la psychologie humaine avec un dénouement surprenant - j'ai beaucoup aimé les portraits des personnages minutieusement étudiés, décryptés et disséqués à l'extrême au figuré comme au propre notamment au travers d'une hallucinante autopsie qui vous emmène au bout du bout pour vous faire découvrir une vérité cachée ...
Auteur que je vous recommande particulièrement !