AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Zadig Hamroune (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
La nuit barbare



Il est des histoires de souvenirs. Il est des souvenirs qu’on invente ou que l’on redessine. Pour le plaisir ou pour cacher La nuit barbare. Il est des souvenirs flous, bruyants, désenchantés, parce que l’Histoire ne laisse pas place. Il est des histoires d’immigrations et de nostalgies. Les années 70 et 80 sont riches de souvenirs plus ou moins heureux, mais nos mémoires s’emmêlent, s’entremêlent, se fêlent…Mais qu’est-ce qu’on fait du regard d’un gamin?



Il est des histoires de pluriels. Les trajectoires sont multiples, les langues s’invectivent, les cultures se choquent, les mots s’apprivoisent…On ne peut pas être seulement un, on naît et on traverse des tempêtes qui nous transforme, on n’est que ce qu’on veut bien qu’on soit, avec ce que ça comporte de contradictions et de failles. Et c’est par la faille que jaillit la lumière, paraît-il…Les histoires des uns rencontrent celles des autres, mais qu’est-ce qu’on fait du regard de soi?



Il est des histoires de nuits. Des nuits qui s’écrivent, qui se perdent, qui se dissocient…Des nuits à souffrir, à errer, à lire. Des nuits pour apprendre, pour comprendre, pour taire. Des nuits à s’écrire, à se réinventer, à s’approcher de sa propre vérité. La nuit barbare est dansante autant que douloureuse, enhardie autant que poétique, ambitieuse autant que sauvage…Mais qu’est-ce qu’on fait du loup qui sort la nuit?



J’ai lu et adoré ce roman polyphonique. Toutes ces voix qui racontent l’évolution d’un jeune homme à travers ses espoirs, la culture, son intime, sa famille, et l’Histoire. De son enfance à l’âge adulte, on le voit concilier toutes ces parties de lui, pour devenir celui qui réalisera son rêve: devenir écrivain. Entre ombre et lumière, Lyazid s’extasie de baroque…

Ce qu’on fait de la dynamique émotionnelle qui nous étreint dans La nuit barbare? Et bien, on la rend visible et augmentée, à vos sens autant qu’à vos mémoires, quitte à vous bouleverser jusqu’aux tripes…
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          193
Le pain de l'exil

Très Belle découverte.

Le Pain de l'Exil de Zadig Hamroune, est porté par la grâce des personnages, de trois générations ainsi mises en lumière et racontées avec l’âpreté de la terre. Ce sont deux familles où se frôlent des êtres rudes, entiers, attachés à leur terre natale, restituant la Kabylie des années 50 avant les événements de Sétif en 1954.

Un texte que Albert Camus aurait pu adopter comme l'un des siens.



C'est le livre de Nahima, "le Livre de sa tribut, imprimé à même la peau", "écrit dans cette langue imprégnée de la terre et du sang, une langue archaïque et sacrée, cette langue qui charrie la lumière." p16.

C'est un livre d'une mélancolie farouche, primale, un cri d'espoir de retisser les liens avec le passé de sa mère Nahima et de son père Adan, comme un nœud de chagrin pour cette langue et ce pays perdus, une nostalgie qui vous étreint parfois, une lumière, une place, la mer, Béjaïa.



Comme dans un conte pour enfant, ce sont les récits des mères et des grands mères que le petit Zadig entend, leur musique et leur tonalité vont charpenter ses textes, les cheviller, faisant émerger cinq grandes figures, Ali Ouali le père de Nahima et Stssé sa grand mère, Mohand le frère ainé et Tannirt la soeur d' Adan, Adan le papa et son incroyable destin.



En Normandie après l'exil, les souvenirs qui remontent à la surface, quand Nahima fait à Zadig son câlin du matin, bien calé dans son lit après le départ d'Adan, ce sont les histoires de la grand mère, la mère de la maman de Nahima morte jeune.

Ce sont des récits charnels restitués avec une pudeur de vielle fille ou une pudeur caustique celle qui cache les affections les plus vives.



Le roman se divise en deux parties, Le 1er temps, la terre et le sang, commence par l'exécution d' Ali Ouali le père de Nahima, le 2ème temps, la nuit répudiée, engage le mariage de Nahima, Stssé sa grand mère sentant venir sa fin veut la protéger de l'avenir.

Les événements entrecroisent la vie des deux familles celle de d'Adan et celle de Nahima.



La religion est présente mais on l'utilise pour soi on l'aménage à sa façon, les commandements de dieu s'ils vont dans le sens de la grand mère, deviennent des lignes divines et absolues.

Si la religion dérange on trouvera toujours un arrangement avec le ciel quitte à fuir et se faire oublier.



La violence imprègnent certaines pages, ce sont comme des pas qui se sont éteints dans la douleur, Mohand le frère ainé d'Adan, meurt en prison sans avoir avoué ni livré celui qui avait caché des armes dans l'étable de sa famille.



L'écriture, tel un métal grossier, est chauffée à blanc dans la forge de son père Alan, des mots forgés dans la sueur, il a fallu les limer et les patiner pour les insérer dans la montagne de Kabylie, trouver leur place, leur juste dimension restituant le monde de labeur de son père.

Les mots s' écoulent aussi limpides, fluides comme le sang versé de ses ancêtres dans les collines pierreuses, ou suintent de la blessure de l'exil encore mal cicatrisée.



Ce livre est plus qu'un livre de souvenirs, c'est un pain à partager, à donner à lire, un pain nourricier. Cet exil raconté par Zadig Hamroune est le fruit d'une greffe, la culture Kabyle donnant à ce récit dans la langue de Camus une tonalité littéraire poétique, et un authentique plaisir de lecture.





Commenter  J’apprécie          140
La nuit barbare



Lyazid, il veut écrire.

C'est venu comme ça. Ca court sous sa peau et ses ongles, ça démange dans les doigts. Écrire comme on dit être écrivain.

La mère est une conteuse, on l'écoute des heures, et maman, je serai écrivain quand je serai grand, promis, comme toi je tisserai des histoires, des qui tiennent pas droit, des bancales, des malhabiles, des histoires barbares, des histoires en bazar.



Lyazid, il a commencé à raconter tout de suite.

Pagaille de souvenirs. Les années 70 et le paquet souple de gitanes. Il dit cette nostalgie, et moi aussi je me souviens de l'odeur, la cigarette de mon père dans la voiture, je me fais complice, je souris tendrement. Pas la même décennie, et c'est tant pis, c'est l'enfance, c'est toujours la même histoire.



Les années 80 après.

Ce gamin trop doué, bon élève, avec sa sensibilité exacerbée. Ce gamin précoce, à qui l'on reproche, parfois, de ne pas devenir un homme. On le devient, c'est pas de chance, c'est pas un choix. C'est comme ça. Même si tu aimes les hommes, tu es un homme. Même si on blesse ton corps. Même.



Parfois je me dis qu'on peut naître de l'immigration comme on nait d'un père et d'une mère. En naître, et puis finalement, de la même façon qu'avec ses parents, en avoir honte ou pitié. Se nier.

Et tout à coup, comme ce gamin, Lyazid, accepter d'en être riche. De mille voix. Mille vies. L'accent trop prononcé de papa et maman, les sœurs qu'on marie de force, la violence, le quartier...



Une fresque virtuose, dont les contrastes de langage donne une musicalité unique et envoûtante.

On a du mal à s'arracher à ces pages.

A ce rythme baroque.

Ou barbare.

Commenter  J’apprécie          50
La nuit barbare

On dit de lui qu’il est Normand d’adoption, kabyle d’instinct, Zadig Hamroun, après avoir été enseignant et traducteur, est devenu écrivain. Il aime les mots, leur musique, leur sonorité. Il les fait résonner, se faire écho, se renvoyer des images, des actes, des chansons, des phrases avec différentes mélopées qui vont d’une page à l’autre comme dans un match de ping pong.

On commence en 1977, pour finir dans les années 80 avant une courte conclusion en 2019 et un passage en 2022. C’est un gamin issu de l’immigration qui s’exprime et que l’on voit grandir, il s’appelle Lyazid. Il chante il danse, il explose en diverses personnalités. Il peut être fort et se « blinder », avoir peur et se taire, jouer au dur et se battre mais toujours il vit, il existe, prenant à bras le corps ce que son quotidien lui offre, ou lui reprend, c’est selon.

Il veut écrire, et il lit sans arrêt, surprenant sa famille qui ne comprend rien à ce besoin. Il s’en fout, lui, ça lui est indispensable de tenir un livre, de découvrir, de rêver, de penser à « plus tard je serai écrivain » (au futur pas au conditionnel).

Dans sa tête, ça se bouscule, ça part dans tous les sens, il a tant le désir de dire, de transmettre, de partager. Sa mémoire est quelques fois en jachère, il a oublié ou il n’a pas voulu se souvenir…. C’est dur d’être issu de l’immigration, de ne pas savoir où on en est côté sexe, pas de cadeaux, il faut faire sa place, être accepté. Lyazid s’accroche même quand on lui fait du mal, même quand c’est terrible et douloureux. Il parle de sa mère « Il fallait qu’elle fût inquiète pour m’aimer. » qui montre son livret scolaire, lui fredonne des berceuses et des contes. Elle est présente, il l’aime mais elle, sait-elle lui dire la même chose ? Elle préfère se montrer présente.

Il y a des hauts, des bas, des oublis dans ce pan de vie que nous traversons aux côtés de ce gosse. Il est fougueux, attachant, il pétille, scintille, refusant de s’éteindre même quand c’est difficile.

C’est avec une écriture poétique, parfois presque déstructurée où les mots vibrent comme autant de messages que l’auteur nous transmet son récit. Il a sans doute mis beaucoup de lui dans ces pages dont on se délecte. Des thèmes graves sont évoqués mais comme c’est un jeune qui s’exprime, le pathos, le tragique sont « détournés » (sans être cachés pour autant) avec des termes plus simples.

« Je suis vieux avant l’âge. Je l’ai toujours été. Mais l’enfant sourit derrière mon épaule. »

J’ai aimé ce roman, l’espérance sans cesse renouvelée de Lyazid, il démarre doucement puis monte en puissance, porté par les voix de tous ceux qui l’ont aidé à se construire, à être lui.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
Commenter  J’apprécie          40
Le pain de l'exil

La lecture est décidément une véritable belle aventure - oui, je sais, c'est un pléonasme - et chaque livre nous entraîne vers une destination différente. Après la drôlerie, le côté déjanté, les personnages loufoques de J.M. ERRE dans Le Mystère Scherlock, le premier roman de Zadig HAMROUNE, Le pain de l’exil, m’a plongée dans un tout autre monde.

A la manière d’un conte oriental, poétique, imagé, voire lyrique, l’auteur nous parle de ses origines, l’enfance de ses parents. Ces histoires, c’est sa mère qui les lui racontait quand, à 9 ans, il la rejoignait dans son lit après le départ de son père à l’usine. Elle n’a rien oublié du pays, son pays, qu’elle a quitté par nécessité. Et à son tour Zadig HAMROUNE assure cette transmission à l’image d’un passeur de vie. En transformant l’oralité de sa mère en écrit, il participe à la conservation des coutumes et de la mémoire des siens.

Ce livre est magnifique qui décrit à coup de petites phrases simples, de mots choisis et merveilleusement tricotés, ce pays lointain qu’il ne connaît pas : la Kabylie. La Kabylie d’où sont originaires ses parents qui pourtant ne se rencontreront vraiment qu’après avoir, chacun de son côté, traversé la Méditerranée. La réalité se mélange aux rêves, le plaisir (beauté des paysages) se mêle au malheur (les massacres de Sétif sont abordés), les épreuves s’enchevêtrent avec les réussites.

C’est lent, lancinant parfois, mais aussi beau qu'un chant berbère. Une très belle réussite.

Commenter  J’apprécie          20


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Zadig Hamroune (21)Voir plus

Quiz Voir plus

Politique et littérature

Les Romantiques français, dans leur jeunesse, étaient plutôt réactionnaires et monarchistes. Quel est celui qui a connu une évolution qui l’a conduit à être élu sénateur siégeant plutôt à gauche ?

Stendhal
Chateaubriand
Hugo
Mérimée

11 questions
272 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}