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EAN : 9782490155682
Éditions Emmanuelle Collas (07/04/2023)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Nostalgie jubilatoire des années 1970 et 1980, enfance, adolescence d'un enfant issu de l'immigration, trajectoire d'un voyou studieux, enfant de la République, rat de bibliothèque, dansant, chantant, maltraité, abusé. D'oeuvre en lecture, du Caravage à Flaubert, de Dalida à Mozart, le narrateur se figure en écrivain. L'auteur se livre à l'exercice de l'autoportrait. Exilé dans le microcosme normand où les ombres hostiles des hauts-fourneaux côtoient les silhouettes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Il est des histoires de souvenirs. Il est des souvenirs qu'on invente ou que l'on redessine. Pour le plaisir ou pour cacher La nuit barbare. Il est des souvenirs flous, bruyants, désenchantés, parce que l'Histoire ne laisse pas place. Il est des histoires d'immigrations et de nostalgies. Les années 70 et 80 sont riches de souvenirs plus ou moins heureux, mais nos mémoires s'emmêlent, s'entremêlent, se fêlent…Mais qu'est-ce qu'on fait du regard d'un gamin?

Il est des histoires de pluriels. Les trajectoires sont multiples, les langues s'invectivent, les cultures se choquent, les mots s'apprivoisent…On ne peut pas être seulement un, on naît et on traverse des tempêtes qui nous transforme, on n'est que ce qu'on veut bien qu'on soit, avec ce que ça comporte de contradictions et de failles. Et c'est par la faille que jaillit la lumière, paraît-il…Les histoires des uns rencontrent celles des autres, mais qu'est-ce qu'on fait du regard de soi?

Il est des histoires de nuits. Des nuits qui s'écrivent, qui se perdent, qui se dissocient…Des nuits à souffrir, à errer, à lire. Des nuits pour apprendre, pour comprendre, pour taire. Des nuits à s'écrire, à se réinventer, à s'approcher de sa propre vérité. La nuit barbare est dansante autant que douloureuse, enhardie autant que poétique, ambitieuse autant que sauvage…Mais qu'est-ce qu'on fait du loup qui sort la nuit?

J'ai lu et adoré ce roman polyphonique. Toutes ces voix qui racontent l'évolution d'un jeune homme à travers ses espoirs, la culture, son intime, sa famille, et l'Histoire. de son enfance à l'âge adulte, on le voit concilier toutes ces parties de lui, pour devenir celui qui réalisera son rêve: devenir écrivain. Entre ombre et lumière, Lyazid s'extasie de baroque…
Ce qu'on fait de la dynamique émotionnelle qui nous étreint dans La nuit barbare? Et bien, on la rend visible et augmentée, à vos sens autant qu'à vos mémoires, quitte à vous bouleverser jusqu'aux tripes…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Lyazid, il veut écrire.
C'est venu comme ça. Ca court sous sa peau et ses ongles, ça démange dans les doigts. Écrire comme on dit être écrivain.
La mère est une conteuse, on l'écoute des heures, et maman, je serai écrivain quand je serai grand, promis, comme toi je tisserai des histoires, des qui tiennent pas droit, des bancales, des malhabiles, des histoires barbares, des histoires en bazar.

Lyazid, il a commencé à raconter tout de suite.
Pagaille de souvenirs. Les années 70 et le paquet souple de gitanes. Il dit cette nostalgie, et moi aussi je me souviens de l'odeur, la cigarette de mon père dans la voiture, je me fais complice, je souris tendrement. Pas la même décennie, et c'est tant pis, c'est l'enfance, c'est toujours la même histoire.

Les années 80 après.
Ce gamin trop doué, bon élève, avec sa sensibilité exacerbée. Ce gamin précoce, à qui l'on reproche, parfois, de ne pas devenir un homme. On le devient, c'est pas de chance, c'est pas un choix. C'est comme ça. Même si tu aimes les hommes, tu es un homme. Même si on blesse ton corps. Même.

Parfois je me dis qu'on peut naître de l'immigration comme on nait d'un père et d'une mère. En naître, et puis finalement, de la même façon qu'avec ses parents, en avoir honte ou pitié. Se nier.
Et tout à coup, comme ce gamin, Lyazid, accepter d'en être riche. de mille voix. Mille vies. L'accent trop prononcé de papa et maman, les soeurs qu'on marie de force, la violence, le quartier...

Une fresque virtuose, dont les contrastes de langage donne une musicalité unique et envoûtante.
On a du mal à s'arracher à ces pages.
A ce rythme baroque.
Ou barbare.
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On dit de lui qu'il est Normand d'adoption, kabyle d'instinct, Zadig Hamroun, après avoir été enseignant et traducteur, est devenu écrivain. Il aime les mots, leur musique, leur sonorité. Il les fait résonner, se faire écho, se renvoyer des images, des actes, des chansons, des phrases avec différentes mélopées qui vont d'une page à l'autre comme dans un match de ping pong.
On commence en 1977, pour finir dans les années 80 avant une courte conclusion en 2019 et un passage en 2022. C'est un gamin issu de l'immigration qui s'exprime et que l'on voit grandir, il s'appelle Lyazid. Il chante il danse, il explose en diverses personnalités. Il peut être fort et se « blinder », avoir peur et se taire, jouer au dur et se battre mais toujours il vit, il existe, prenant à bras le corps ce que son quotidien lui offre, ou lui reprend, c'est selon.
Il veut écrire, et il lit sans arrêt, surprenant sa famille qui ne comprend rien à ce besoin. Il s'en fout, lui, ça lui est indispensable de tenir un livre, de découvrir, de rêver, de penser à « plus tard je serai écrivain » (au futur pas au conditionnel).
Dans sa tête, ça se bouscule, ça part dans tous les sens, il a tant le désir de dire, de transmettre, de partager. Sa mémoire est quelques fois en jachère, il a oublié ou il n'a pas voulu se souvenir…. C'est dur d'être issu de l'immigration, de ne pas savoir où on en est côté sexe, pas de cadeaux, il faut faire sa place, être accepté. Lyazid s'accroche même quand on lui fait du mal, même quand c'est terrible et douloureux. Il parle de sa mère « Il fallait qu'elle fût inquiète pour m'aimer. » qui montre son livret scolaire, lui fredonne des berceuses et des contes. Elle est présente, il l'aime mais elle, sait-elle lui dire la même chose ? Elle préfère se montrer présente.
Il y a des hauts, des bas, des oublis dans ce pan de vie que nous traversons aux côtés de ce gosse. Il est fougueux, attachant, il pétille, scintille, refusant de s'éteindre même quand c'est difficile.
C'est avec une écriture poétique, parfois presque déstructurée où les mots vibrent comme autant de messages que l'auteur nous transmet son récit. Il a sans doute mis beaucoup de lui dans ces pages dont on se délecte. Des thèmes graves sont évoqués mais comme c'est un jeune qui s'exprime, le pathos, le tragique sont « détournés » (sans être cachés pour autant) avec des termes plus simples.
« Je suis vieux avant l'âge. Je l'ai toujours été. Mais l'enfant sourit derrière mon épaule. »
J'ai aimé ce roman, l'espérance sans cesse renouvelée de Lyazid, il démarre doucement puis monte en puissance, porté par les voix de tous ceux qui l'ont aidé à se construire, à être lui.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le temps a parfois l'inconsistance du silence, un peu comme la vase du canal, près de chez nous. Il est moelleux, on peut s'y lover, voire disparaître à la vue des autres ou s'y enliser, comme dans les sables mouvants de la honte.
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Je m'aime un peu mieux quand je m'écris.
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