Ru Zhijuan est une auteure chinoise qui s'est rendue célèbre suite à la publication en 1958 de cette nouvelle. La superbe critique de mh17 laissait transparaître la sensibilité de ce récit et je ne peux que le confirmer. Ce roman m'a profondément touchée, il est habité par trois magnifiques personnages et l'écriture est d'une beauté simple et bouleversante.
*
La brièveté de la nouvelle a cela d'agréable que le lecteur s'immerge directement dans l'intrigue. En quelques mots, l'auteure plie le temps et nous remontons jusqu'à l'année 1946, pendant la guerre civile en Chine.
« Il avait plu, ce matin-là, et bien que le temps se fût éclairci, le route était encore très glissante ; elle était bordée des deux côtés de champs prêts à être moissonnés qui, délavés par les trombes d'eau, avaient pris une couleur d'un bleu vert pâle, étincelant. L'air avait une fraîche senteur d'humidité. »
Nous sommes proches d'un champ de bataille.
Une femme, la narratrice, est conduite au poste médical par un jeune soldat de l'armée de Libération, tout juste sorti de l'adolescence. le jeune estafette est distant, peu loquace, intimidé par cette femme.
Au loin, le silence, uniquement rompu par le bruit de quelques tirs sporadiques, rappelle la réalité de la guerre. La ligne de feu est invisible, mais si proche. On ressent une tension sourde et contenue, le calme avant la tempête.
L'offensive générale va débuter d'ici quelques heures et l'infirmerie se prépare à recevoir les nombreux blessés. Malheureusement, il manque de tout le nécessaire pour assurer les premiers soins et en particulier de couvertures. La femme se propose alors d'aller au village voisin s'en faire prêter avec l'aide du jeune garçon.
Au milieu des courtepointes, s'en trouvera une, en satin rouge, richement brodée de lys blancs. Elle appartient à un couple récemment marié, unique dot de la jeune femme qui, malgré sa grande valeur sentimentale, la leur a offert.
Ce texte s'achève par un dernier paragraphe de toute beauté que je vous laisse découvrir.
*
D'une écriture subtile et délicate, Ru Zhijuan tisse une magnifique histoire emprunte de douleur, de compassion, d'héroïsme et de sacrifice. Cette retenue, cette poésie qui enveloppe cette courte nouvelle rend le récit particulièrement poignant, d'autant que l'on se sent au côté des acteurs de ce drame intimiste.
Alors que ces trois individus ne se connaissaient pas quelques heures auparavant, la guerre va les réunir autour de cette couverture rouge et blanche.
Dans le langage des fleurs, le Lys blanc revêt de nombreuses significations. Il symbolise la pureté, la naïveté, l'innocence, la pudeur et la noblesse des sentiments. Cette nouvelle est un peu tout cela à la fois.
Je vous conseille très fortement cette lecture qui ne prend que quelques minutes.
Lien :
http://www.chinese-shortstor..